Le MotoGP aime les rebondissements, mais celui-ci a pris tout le paddock de court. Samedi à Motegi, Francesco “Pecco” Bagnaia a signé un doublé éclatant : pole position et première victoire Sprint de sa saison, mettant fin à une disette qui durait depuis Austin. Sa dernière victoire en Sprint remontait même à 315 jours (Barcelone 2024). Le pilote Ducati a retrouvé son style incisif, franchissant la ligne avec près de deux secondes d’avance sur Marc Marquez — exactement 1,842 s — tandis que Pedro Acosta, seul KTM capable de répondre, complétait le podium.
Cette victoire n’est pas tombée du ciel. Elle est le fruit du test clé de Misano, où Ducati a radicalement revu la GP25 de Bagnaia, réinstallant des éléments techniques du GP24 — fourche, bras oscillant — que Pecco réclamait depuis longtemps. Mais ce virage technique arrive tard, trop tard selon certains, car jusqu’ici Bagnaia avait été plus lent que l’an passé sur presque tous les circuits.
Sur DAZN, Pol Espargaró n’a pas mâché ses mots. Pour lui, Ducati a hésité trop longtemps à faire machine arrière : « l’une des raisons pour lesquelles cela a pris autant de temps est peut-être qu’ils n’ont pas pu faire les essais plus tôt… ou qu’ils ne le voulaient pas. »
L’Espagnol dénonce une culture technique où reconnaître un faux pas est vécu comme un aveu de faiblesse : « dans une usine japonaise, il est presque impensable d’admettre une erreur. Mais parfois, revenir en arrière est vital pour avancer. »
Ses propos prennent un relief particulier alors que Bagnaia, frustré depuis des mois, implorait Ducati de revenir sur certaines évolutions jugées contre-productives. En adoptant finalement une approche plus “classique”, la marque rouge lui a rendu une moto plus naturelle — et les résultats parlent d’eux-mêmes.
Pol Espargaró : « si Bagnaia confirme cette performance, Ducati devra se demander s’il faut maintenir cette stratégie »
Espargaró ajoute que cette victoire Sprint, si elle se confirme dimanche, pourrait déclencher un séisme interne : « s’il confirme cette performance, Ducati devra se demander s’il faut maintenir cette stratégie rétro pour 2025. »
Derrière la renaissance de Bagnaia, un autre récit domine : Marc Marquez. Deuxième samedi, l’octuple champion du monde est désormais leader du championnat avec 521 points, soit 191 de plus que son frère Alex. S’il termine devant ce dernier dimanche, il sera officiellement champion du monde MotoGP 2025 — son neuvième titre, mais le premier au guidon d’une Ducati.
Espargaró a tenu à saluer le chemin parcouru par Marc : « ce sommet de souffrances, d’efforts et de sacrifices n’est pas seulement pour lui, mais pour toute son équipe. »
Il souligne un Marquez plus sage et stratège que jamais : « il est prudent, intelligent, mature… cette saison, il a su exploiter son expérience comme jamais. »
Entre la renaissance tardive de Bagnaia et la marche triomphale de Marquez vers un neuvième sacre, Ducati vit une période paradoxale : succès individuel, mais doutes techniques profonds. Le retour aux fondamentaux pourrait bien redéfinir la GP25, tandis que Marquez s’apprête à écrire une nouvelle page d’histoire.
La tension monte : Ducati célèbre mais s’interroge, Marquez est à un pas du titre … et le paddock tout entier retient son souffle avant un dimanche qui pourrait marquer un tournant majeur dans l’histoire récente du MotoGP.
Course de sprint MotoGP GP du Japon
Classement général MotoGP