Ramon Forcada le rappelle, après le Grand Prix d’Espagne à Jerez et avant celui de France de ce week-end, les sujets n’ont pas manqué : chute de Marc Marquez, perte de repères pour Bagnaia, éclat de Fabio Quartararo, solidité de Viñales, sans oublier les dynamiques chez KTM, Honda, et l’ombre lointaine de BMW. Et puis il y a encore un fait généré par Marc Marquez qui pourrait bien motiver une évolution du règlement …
Comme à son habitude après chaque Grand Prix, Ramon Forcada a livré son analyse pointue et celui d’Espagne dans le podcast « Dura la Vita » n’a pas échappé à la règle. Accompagné de ses collaborateurs habituels, l’expérimenté technicien a décortiqué les moments clés de la course, allant de la chute de Marc Marquez à la performance de Fabio Quartararo, en passant par la régularité de Maverick Viñales et les difficultés rencontrées par Pecco Bagnaia.
Forcada a entamé son analyse relayée par motosan en se penchant sur la situation de Pecco Bagnaia : « ce n’est pas du tout un problème mental, c’est un combattant. » Il a ensuite souligné la performance surprenante des équipes satellites : « celui qui attendait le test du lundi, c’est Pecco. Si vous regardez comment se comportent les motos satellites, celles de l’année dernière avec des améliorations… peut-être que ces améliorations fonctionnent. Pour moi, en ce moment, la moto de l’équipe satellite semble très équilibrée, elle se porte très bien… regardez Morbidelli, ou regardez Alex. » Cette observation met en lumière un possible avantage des machines légèrement moins récentes mais optimisées.
Concernant la chute de Marc Marquez, Forcada a offert une perspective technique : « ce type pilotes différemment. Ça se passe différemment. Lorsque votre télémétrie vous le dira, vous saurez pourquoi vous êtes tombé. Parfois c’est bête, mais c’est suffisant pour vous faire tomber. » Il a également abordé la dangerosité potentielle d’une moto accidentée : « tu vas à la première course de chaque GP, et un gars vient mesurer ta moto… et quand tu es tombé, tout ça ne vaut plus rien. La moto devient parfois dangereuse, c’est déjà un problème de sécurité. Maintenant, avec tout ce qui se passe, le concept est qu’il n’est pas sûr pour une moto qui est tombée de revenir sur la piste. »
Forcada a ensuite évoqué l’importance de l’adaptation aux conditions de piste changeantes : « cela dépend des circuits, le grip change toujours quand il fait froid ou chaud. Si seule la température change, c’est une histoire, mais si c’est la température et l’humidité, c’est une autre histoire. Chaque asphalte est différent, et il faut s’adapter. Certains pilotes s’adaptent mieux aux conditions critiques, en l’occurrence la perte d’adhérence sur l’asphalte. »
Ramon Forcada : « Fabio Quartararo a fait une bonne course, mais Viñales en a déjà fait deux »
Analysant la performance de Fabio Quartararo et de Yamaha, Forcada a souligné le rôle des ajustements minutieux : « c’est l’importance des détails. Pour finir, ils n’ont pas changé la moto, ils n’avaient rien de nouveau à Jerez. Toutes ces petites choses, si vous avez la chance d’avoir le circuit qui vous aide… si vous additionnez tous ces détails, cela peut arriver. Mais le problème, c’est que vous n’y arrivez que pour une journée. Jusqu’à présent, celui qui a donné les signaux les plus clairs est Maverick. Fabio a fait une bonne course, mais Viñales en a déjà fait deux. »
Forcada a ensuite détaillé les avancées en matière de moteurs, en mentionnant le V4 Yamaha : « il y a deux ans, Ducati n’utilisait pas non plus la dernière version du moteur. Maintenant, ils ont développé un hybride, et apparemment, ça ne leur pose pas de problème. Les pilotes exigent le moteur le plus rapide. Pour finir, lorsqu’on leur propose un moteur plus puissant, ils ne l’apprécient presque jamais au début, car cela le rend plus agressif. Ils finissent donc par s’y habituer. C’est un problème, et pour Yamaha, il ne s’agit pas de dire : « Je vais faire évoluer le moteur », mais de repartir de zéro. Une fois le travail bien fait, il faut ensuite concevoir un châssis. Si on le fait avant et que le moteur tourne plus vite, ça ne marchera pas. C’est un processus très long. »
Concernant KTM, Forcada a noté : « KTM a maintenant quatre motos qui sont théoriquement identiques, et chacune fait sa propre configuration. Maverick est un pilote qui, s’il essaie quelque chose et que ça marche pour lui, il le prend, ça le motive beaucoup. » Il a aussi évoqué la complexité d’un éventuel départ d’Acosta : « il y a une chose importante… si un contrat doit être rompu, il ne peut rejoindre qu’une seule usine. Aucune équipe satellite ne peut se permettre de payer la rupture de contrat de KTM. Ducati, as-tu vraiment besoin de dépenser autant d’argent ou de te battre avec une autre usine ? Avec tous ses pilotes… »
Enfin, Forcada a abordé les progrès lents mais constants de Honda : « on arrive en Europe, c’est un circuit différent… Honda essaie de nouvelles choses, mais ils ont des problèmes de puissance. Ils doivent commencer par être capables de se défendre. C’est super important, c’est presque une saison, un avenir qui pourrait être long. HRC n’a pas oublié comment fabriquer des motos. S’ils décident de travailler, quelque chose se produira sûrement. »
Ramon Forcada a également exprimé son scepticisme quant à une entrée imminente de BMW en MotoGP, estimant qu’ils seraient déjà en retard : « une option compliquée. S’ils voulaient entrer, ils auraient déjà dû commencer. Ils n’ont rien pour le moment. »