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Johann Zarco

La saison 2025 du MotoGP offre l’une des statistiques les plus déroutantes du paddock : au sein du même constructeur Honda, Johann Zarco est le roi des chutes, tandis que Luca Marini incarnait, jusqu’à Sepang, la perfection de la stabilité. Deux visages, une même moto : la RC213V, symbole d’un renouveau encore inachevé.

Les chiffres parlent d’eux-mêmes : 28 chutes pour Johann Zarco depuis le début de la saison.

Un total vertigineux, équivalent à celui de Pedro Acosta sur l’ensemble de 2024, alors que le calendrier comptait moins de courses. Dans le box LCR Honda de Lucio Cecchinello, le vétéran français vit une saison éreintante, ponctuée de hauts prometteurs… et de nombreuses descentes au sol.

Et il n’est pas seul : Joan Mir, sur la machine officielle, occupe la quatrième place de ce classement peu envié avec 21 chutes, devancé seulement par Zarco, Jack Miller (24) et Alex Marquez (22).

La tentation est grande d’accuser la moto — un prototype encore en chantier malgré les concessions techniques accordées à Honda. Mais Romano Albesiano, directeur technique du HRC depuis fin 2024, balaie cette explication.

« Les chutes normales dépendent du style de chaque pilote et de sa propension à prendre des risques », tranche l’ingénieur italien. « Quand un pilote veut aller plus vite, il attaque là où il est fort, pas là où il est faible. C’est souvent là que la limite cède. »

Selon lui, les erreurs ne viennent donc pas de la moto, mais de l’exploitation excessive des points forts individuels.

Johann Zarco

Romano Albesiano Honda : « Joan Mir est un cas extrême »

Albesiano ne se cache pas derrière la langue de bois :

« Joan Mir est un cas extrême. Il est d’une agressivité rare au freinage et à l’entrée de virage. Il y est incroyablement rapide, mais c’est aussi ce qui le pousse parfois au-delà des limites. »

Mir reste l’un des pilotes les plus combatifs du plateau, mais son style impétueux continue de se heurter à une Honda en pleine reconstruction.

Pour Zarco, le problème serait plus psychologique que mécanique : « Johann a commencé la saison de façon fantastique, avec un feeling incroyable. Mais il a perdu ce lien avec la moto au fil des courses », explique Albesiano. « Dans le même temps, ses rivaux ont progressé dans ce domaine, et cela a accentué l’écart. »

Le Français, réputé pour son approche analytique, semble aujourd’hui enfermé dans une spirale de doutes — celle où chaque correction technique engendre une incertitude supplémentaire.

Et puis, à l’autre bout du spectre Honda, il y a Luca Marini. Jusqu’à la Malaisie, l’Italien n’avait connu aucune chute en 2025. Un exploit rare dans un championnat aussi exigeant.

« Luca est un pilote complet, précis, méthodique », souligne Albesiano. « Il gère ses limites avec une intelligence remarquable. »

Mais même la constance a ses limites. Samedi, à Sepang, la série d’invincibilité du numéro 10 s’est achevée lors du Sprint. Une chute sans gravité, due à une mauvaise lecture de la situation avec Pol Espargaró. Ironie du sort : ce même week-end, Zarco n’a pas chuté une seule fois.

Entre *a fougue de Mir, la recherche de repères de Zarco, et la rigueur de Marini, le garage Honda illustre à lui seul le chantier que reste la RC213V. Une moto en mutation, entre progrès tangibles et marge d’erreur encore trop étroite.

Pour Albesiano, le message est clair : la performance ne viendra pas uniquement de la technique, mais de l’osmose entre le pilote et la machine.

Et à ce jeu-là, Honda sait que la saison MotoGP 2025 restera comme celle des contrastes les plus brutaux — entre l’équilibre et la chute.

Luca Marini

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