La rivalité entre Valentino Rossi et Marc Marquez est l’une des plus électriques de l’histoire du MotoGP, marquée par des duels acharnés, des accusations brûlantes et un schisme qui divise encore les fans. Ce qui a commencé comme une admiration mutuelle – Marquez, enfant, posait fièrement avec son idole Rossi – s’est transformé en une guerre ouverte, culminant lors du scandaleux Grand Prix de Malaisie 2015. Mais avec le temps, le récit pourrait-il se retourner contre Rossi, faisant de lui le méchant aux yeux de l’histoire ?
En 2015, l’officiel Yamaha, en lice pour un dixième titre mondial, accusait Marquez de saboter ses chances en favorisant Jorge Lorenzo, son coéquipier Yamaha. À Sepang, les tensions explosent : Rossi, exaspéré, est impliqué dans une collision où Marquez chute. Rossi affirme que Marquez l’a provoqué avec des manœuvres agressives : « il faisait tout pour me ralentir, c’était clair. Il voulait aider Lorenzo, pas gagner lui-même ! ». Les commissaires sanctionnent Rossi, le reléguant en fond de grille à Valence, scellant son sort pour le championnat. Marquez, de son côté, nie toute conspiration : « j’ai couru pour moi, comme toujours. Rossi a fait une erreur, pas moi. ».
Pourtant, ce n’est pas seulement l’incident qui façonne le récit. Rossi, maître des médias et adoré par des légions de fans, a attisé les flammes en accusant publiquement Marquez. Casey Stoner, autre légende du MotoGP, pointe du doigt Rossi comme l’instigateur : « Valentino a commencé la guerre des mots. Il a provoqué Marc, et Marc a riposté. Tout le monde blâme Marquez, mais Rossi a allumé la mèche. ».
Cette perspective, partagée par certains, suggère que Rossi, avec son aura et son influence, a peut-être joué un jeu dangereux en mobilisant ses fans contre Marquez. Des menaces de mort ont même visé le pilote espagnol, un épisode que Scott Redding qualifie de « coup bas » de la part de Rossi, qui aurait pu calmer ses supporters mais ne l’a pas fait.
Si Rossi continue de raviver cette querelle, il risque de ternir son propre héritage
Avec le temps, l’image du « Doctor », idole charismatique, risque de s’éroder. Les fans de Marquez, de plus en plus nombreux, soulignent son retour héroïque après des blessures graves et son style spectaculaire, contrastant avec l’amertume persistante de Rossi.
En 2024, l’homme de Tavullia a ravivé la querelle, qualifiant Marquez de « pilote le plus sale » qu’il ait affronté, des mots qui résonnent comme une rancune tenace. Sur les réseaux sociaux, certains fans s’agacent : « Rossi ne peut pas lâcher prise, neuf ans après ! Ça le fait passer pour aigri. ». À Misano 2024, les huées contre Marquez rappellent que la base de fans de Rossi reste mobilisée, mais cela renforce aussi l’idée d’une hostilité orchestrée.
Marquez, lui, adopte une posture plus mesurée : « se réconcilier ? Ça dépend des deux côtés. Je ne suis pas focalisé sur les chiffres ou le passé. ». Cette maturité contraste avec l’intransigeance de Vale, qui refuse de pardonner : « ce qu’il a fait en 2015 est impardonnable. ». Si l’Italien continue de raviver cette querelle, il risque de ternir son propre héritage. Les nouvelles générations, moins attachées à son aura, pourraient voir en lui un champion incapable de tourner la page, tandis que Marquez, toujours en piste, incarne la résilience.
Le MotoGP a besoin de héros, pas de rancunes éternelles. Comme le souligne Motorcycle Sports, « les fans doivent passer à autre chose. Ces pilotes risquent leur vie pour nous divertir. ». Si Rossi persiste à entretenir ce conflit, il pourrait, avec le temps, endosser le rôle du vilain, éclipsant partiellement ses neuf titres par une amertume qui divise.