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Alors que la saison 2022 du MotoGP approche, Paddock-GP vous propose de revivre la dernière campagne, qui a débouché sur le sacre de Fabio Quartararo, le premier d’un pilote français dans la catégorie reine après 72 ans d’attente. Quatrième volet de cette rétrospective avec les manches 10 à 14, qui sont le théâtre des toutes premières victoires de Jorge Martín et Pecco Bagnaia, alors que dans l’intervalle Quartararo assure aux commandes du championnat.

Après plus d’un mois de pause amplement méritée, le MotoGP reprend ses droits début août avec deux manches successives sur le Red Bull Ring en Autriche. De quoi lancer idéalement la seconde partie de la saison, alors que les Français Fabio Quartararo et Johann Zarco ont été les deux hommes forts lors des neuf premières courses.

Néanmoins, les adversaires des deux tricolores vont sonner la révolte dès la reprise par l’intermédiaire de deux jeunes pilotes : Jorge Martín et Brad Binder, qui vont tous les deux remporter la mise dans les montagnes autrichiennes, pendant que Quartararo s’attache à faire le dos rond sur un circuit peu favorable à sa Yamaha. Zarco va quant à lui rencontrer plus souvent qu’à l’accoutumée des soucis de gommes qui vont lui occasionner des courses difficiles, et glisser ainsi progressivement dans la hiérarchie.

Quartararo va toutefois parvenir à gérer parfaitement son avance au championnat, signant un nouveau succès, son cinquième et dernier de la saison, sur le circuit de Silverstone, avant de passer la main à Pecco Bagnaia qui parvient pour sa part enfin à remporter ses deux premières victoires dans la catégorie reine, et s’affiche ainsi comme son plus solide rival lors de la fin de saison.

Revue de détails des manches 10 à 14 du championnat MotoGP 2021.


10e manche : GP de Styrie

Les fans du MotoGP ont bien failli attendre ! Après six semaines de trêve estivale, la compétition va enfin pouvoir reprendre ses droits avec deux nouvelles manches disputées en Autriche, sur les terres de KTM, sur un circuit dont la jauge affiche en outre pour la première fois de la saison sa pleine capacité.

Compte tenu de ses récentes performances, avec notamment un succès de Miguel Oliveira lors du GP de Catalogne, le constructeur de Mattighofen est très attendu sur ses terres, surtout qu’il avait déjà brillé sur le Red Bull Ring l’an dernier avec une victoire, déjà par l’intermédiaire du Portugais alors que celui-ci évoluait encore chez Tech3.

Mais KTM va connaître une déconvenue, tout du moins sur le « GP de Styrie », intitulé de la première course disputée sur « son » tracé. Oliveira se blesse en effet lors des essais libres, ce qui va le laisser sur la touche pour les deux manches courues en Autriche, et conditionner négativement le reste de sa saison.

Au final, c’est un rookie qui va s’illustrer, en la personne de Jorge Martín. Pour ce qui ne constitue que sa sixième course (le Madrilène avait été contraint de s’absenter en début de saison après s’être gravement blessé à Portimão), le pilote Pramac offre un véritable récital avec l’obtention dans un premier temps de la pole position, sa deuxième après celle décrochée à Doha, puis de la victoire au terme d’une épreuve parfaitement maîtrisée.

Les superlatifs ne manquent pas alors pour qualifier la performance du jeune espagnol, qui devient ainsi le premier à s’imposer sur une Ducati indépendante. La performance est par ailleurs d’autant plus remarquable qu’elle survient après un abandon pour souffrance physique lors de la dernière manche, à Assen fin juin. Quand on vous dit que cette pause a fait du bien…

Martín aura de fait résisté à Joan Mir jusqu’au bout. Le pilote Suzuki, qui connaît une saison terne jusque-là semble repartir du bon pied après la trêve, bien aidé par l’introduction du holeshot device sur sa machine. Derrière les deux hommes, Quartararo limite quant à lui parfaitement les dégâts en s’adjugeant la troisième place sur un tracé réputé difficile pour les Yamaha, tenant tête à Brad Binder, déchaîné sur les terres de son employeur.

La course a par ailleurs été marquée par un sévère accident au départ, qui a donné lieu à un drapeau rouge suite à un carambolage impliquant Dani Pedrosa, titulaire d’une wildcard chez KTM, et Lorenzo Savadori (Aprilia) qui se fracture la malléole dans l’affaire. Les machines des deux hommes s’embrasent ainsi au beau milieu de la piste et la Direction de course n’a d’autre choix que de neutraliser cette dernière.

Pas du goût de Maverick Viñales, qui avait pris un bon départ et va, selon ses dires, connaître une course frustrante en raison d’un problème technique au restart et d’une pénalité pour avoir dépassé les limites de piste. Dans les faits, fou de rage l’Espagnol va surtout se rendre coupable d’emmener sa Yamaha sciemment au-delà du rupteur dans l’idée de mettre son moteur en surrégime et de l’endommager.

Un comportement qui va bien rapidement être pointé du doigt par la marque aux trois diapasons, qui va dans un premier temps mettre son pilote sur la touche pour le GP suivant avant de mettre un terme purement et simplement à son contrat (qui devait du reste prendre fin à l’issue de la saison après avoir déjà été écourté d’une année). Il existe peu d’exemples similaires dans l’Histoire de la compétition moto, si ce n’est peut-être celui de l’Américain John Kocinski, qui en 1993 avait mis à mal sa Suzuki alors que ses relations avec la firme nippone étaient au plus mal. L’Américain n’a par la suite plus jamais roulé pour la marque d’Hamamatsu, ça va sans dire…

11e manche : GP d’Autriche

Le MotoGP en Autriche : deuxième ! A l’instar de Losail en début de saison, le Red Bull Ring accueille ainsi une seconde manche à une semaine d’intervalle. Et autant dire qu’il va y avoir du spectacle comme lors de la première épreuve, avec un nouveau vainqueur surprise en la personne de Brad Binder.

Le pilote sud-africain, qui éprouve des difficultés depuis le début de la saison en qualifications et se voit contraint plus souvent qu’à son tour de réaliser de folles remontées – la plupart du temps avec succès – pour finir dans le top 10, signe ainsi son deuxième succès en MotoGP après celui non moins étonnant obtenu en 2020 à Brno, alors qu’il n’en était à l’époque qu’à sa troisième course dans la catégorie reine.

Jorge Martín était pourtant bien parti pour faire coup double, le pilote Pramac qui avait décroché le samedi sa troisième pole position en seulement sept séances de qualifications dans la discipline ! Mais la pluie va venir rebattre les cartes, notamment dans les tous derniers tours, et c’est à ce moment-là que Binder va sortir un coup de maître de son chapeau, en prenant le parti de rester en piste en pneus slicks lors des quatre dernières boucles alors que tous ses rivaux directs préfèrent plonger dans la voie des stands dans le cadre du flag-to-flag.

Un coup de poker qui va s’avérer payant pour le pilote KTM, qui après le succès en 2020 de Miguel Oliveira (alors chez Tech3) permet à KTM de s’imposer de nouveau sur ses terres ! Binder l’emporte ainsi devant Pecco Bagnaia et Martín, alors que Joan Mir échoue au pied du podium devant Luca Marini et Iker Lecuona, restés eux-aussi en lisses. Un résultat au parfum de revanche pour le dernier cité, une semaine à peine après avoir appris en pleine séance d’essais libres que KTM ne le retiendrait pas pour la saison suivante. A noter également le résultat probant de Valentino Rossi, huitième à l’arrivée et qui a un temps cru tenir son 200e podium en MotoGP.

Du côté français les résultats sont en revanche plus mitigés, Fabio Quartararo ne parvenant à faire mieux que septième, alors que Johann Zarco doit abandonner sur chute et perd ainsi deux places au championnat, se retrouvant ainsi en quatrième position derrière Bagnaia et Mir.

12e manche : GP de Grande-Bretagne

Après une dernière manche délicate en Autriche, l’important pour Quartararo était de ne pas laisser s’immiscer le doute alors que se profile le dernier tiers de la saison et que le Niçois dispose d’un confortable matelas d’avance sur ses deux plus proches rivaux, Bagnaia et Mir, tous deux à 47 points au général.

Le pilote Suzuki a bien essayé de jouer sur la corde psychologique, expliquant que Yamaha aurait sans doute tendance à appliquer une certaine forme de pression à son pilote à mesure que la fin de championnat se fait concrète, le Français devenant ainsi davantage susceptible de faire des erreurs.

Mais c’est mal connaître Quartararo et le profond travail sur lui-même qu’a entrepris le tricolore depuis son arrivée en MotoGP en 2019. Tout au contraire, c’est à une véritable démonstration qu’on va assister de sa part, du moins en course car les qualifications sont, une fois n’est pas coutume, dominées par Pol Espargaró !

Le pilote espagnol, qui a quitté fin 2020 KTM pour tenter l’aventure avec Honda, a jusqu’ici grandement souffert sur la RC213V, quand bien même le prototype japonais est connu pour donner son plein potentiel avec un style de pilotage agressif – une typologie qui convient parfaitement à celui d’Espargaró.

Mais le manque de traction offerte par la Honda a rendu les choses plus compliquées pour l’Ibère, qui a en outre dû jusqu’ici souffrir de la comparaison avec son illustre coéquipier Marc Márquez, qui revient pourtant de blessure mais a tout de même réussi pour sa part à l’emporter en Allemagne.

Espargaró signe ainsi le meilleur temps des qualifications, s’emparant de sa troisième pole position dans la catégorie reine après ses deux premières décrochées en 2020 avec KTM. Le pensionnaire du HRC devance ainsi sur la première ligne Bagnaia et Quartararo, les deux hommes qui s’affirment encore un peu plus comme les forces dominantes de cette fin d’exercice.

Quartararo aurait d’ailleurs sans doute pu faire encore mieux s’il n’avait pas subi une lourde chute le vendredi, le privant d’un temps de roulage précieux. Mais le pilote Yamaha va assurer le dimanche en adoptant un rythme qu’aucun de ses adversaires ne va parvenir à suivre, pour empocher son cinquième triomphe de l’année, devant le vainqueur de la dernière édition organisée en Angleterre en 2019 (celle de 2020 ayant elle-aussi été annulée en raison de la crise sanitaire) Álex Rins, dont il s’agit du premier top 3 depuis le GP de Valence 2020.

Aleix Espargaró offre quant à lui le tout premier podium d’Aprilia en MotoGP après avoir ferraillé avec son frère en course, avant de résister jusqu’au drapeau à damier face à Jack Miller qui s’est pour sa part bien remis de sa chute lors de la dernière manche en Autriche. Pol Espargaró repart de son côté de l’ancienne base de la Royal Air Force avec la cinquième place, un bon résultat même si son déficit de rythme en course peut lui faire nourrir des regrets.

Au moins l’Espagnol a-t-il la satisfaction d’avoir supplanté son coéquipier Marc Márquez, qui aura connu un weekend difficile conclu par une chute, emmenant avec lui Jorge Martín. Le numéro 93 aura par ailleurs été handicapé tout le weekend par une poussière dans l’œil suite à une autre chute. Quand un grain de sable grippe toute la mécanique…

Zarco a pour sa part bien vu l’arrivée, mais il semble en difficulté depuis la reprise et n’a pu faire mieux que neuvième en qualifications et 11e sous le drapeau à damier. Le Français a roulé pendant la majeure partie du weekend avec les Suzuki de Rins et Mir, qui ont pris le parti de retirer le holeshot device récemment introduites en Autriche sur leurs montures. Autre déception, celle de Bagnaia, qui en proie à des pneumatiques au comportement erratique n’a pu faire mieux que 14e, provoquant l’ire de l’Italien envers Michelin.

On peut souligner enfin qu’avec la présence de Brad Binder au sixième rang, les six constructeurs engagés en MotoGP se voit représentés sans exception dans le top 6. Une preuve encore des écarts serrés et du niveau de compétition particulièrement élevé atteint par la catégorie reine !

13e manche : GP de Aragón

Tout vient à point à qui sait attendre. Pour Pecco Bagnaia, l’adage n’a jamais été aussi vrai en cette fin d’après-midi du dimanche 12 septembre 2021. Le Transalpin y avait pourtant mis du sien dès le début de la saison avec une pole position en ouverture au Qatar, mais les choses ne s’étaient jusqu’alors jamais idéalement combiner, la faute parfois à un manque de rythme, à une chute (au Mugello) ou bien encore à une pénalité (à Assen).

D’ailleurs, les observateurs ont sans doute donné peu cher de sa peau quand celui-ci a été aux prises avec Marc Márquez pendant une bonne partie de l’épreuve, sur l’un des circuits fétiches du pilote Honda et tournant en sens antihoraire (et donc étant moins contraignant pour l’épaule lésée du multiple Champion du monde).

Mais Bagnaia a tenu bon, et a réussi à garder son sang-froid même lorsque son adversaire s’est infiltré, à maintes reprises, à l’intérieur. Mais c’est que le pilote Ducati avait une tactique bien établie, qui a consisté à systématiquement décroiser pour se retrouver ainsi avec moins d’angle bien plus tôt que son adversaire pour pouvoir lâcher les chevaux de sa Ducati dans la longue ligne droite de retour. Imparable.

Les Ducati officielles s’étaient du reste taillé la part du lion lors des qualifications, Bagnaia signant la pole-position devant Miller, alors que Quartararo s’était assuré pour sa part une place sur la première ligne. Un feu de paille pour le Français, qui n’aura pas le rythme suffisant en course pour se mêler à la victoire, et devra se contenter à l’arrivée de la huitième place, sur un circuit qui, il est vrai, ne lui a jamais vraiment réussi.

Derrière Bagnaia et Márquez, Mir refait son apparition sur le podium sans briller, une constante pour lui cette saison. Le pilote Suzuki est tout juste parvenu à contenir les assauts d’Aleix Espargaró, passé tout près d’un deuxième podium de suite pour Aprilia.

Mais la véritable performance est sans doute celle réalisée par Enea Bastianini qui, parti depuis le neuvième emplacement sur la grille, obtient son meilleur résultat depuis ses débuts dans la catégorie reine avec la sixième place à l’arrivée.

Beaucoup plus bas dans la hiérarchie, Zarco connaît son plus mauvais résultat de la saison avec la 17e place. On le sait, le Cannois connaît une tendance à la baisse depuis la reprise, et cette fois-ci c’est le recours malavisé au pneu tendre à l’avant qui explique cette contre-performance. Le pilote Pramac termine devant Maverick Viñales, qui fait son retour à la compétition pour le compte d’Aprilia en lieu et place de Lorenzo Savadori. Valentino Rossi et Luca Marini touchent quant à eux le fond, terminant respectivement aux 19e et 20e rangs.

14e manche : GP de Saint-Marin

« Les buts, c’est comme le ketchup, quand ils arrivent ils viennent tous en même temps », a dit un jour Cristiano Ronaldo en marge de la Coupe du monde 2010 de football. On pourrait accommoder cette assertion aux victoires de Pecco Bagnaia, qui aura attendu longtemps avant de coiffer ses premiers lauriers pour finalement enchaîner deux victoires d’affilée.

Cette fois-ci, le pilote Ducati ne va pas avoir à mener de véritable bras de fer pour obtenir gain de cause. En effet, tout juste va-t-il devoir hausser un peu le ton en fin de parcours pour éviter qu’un Quartararo très entreprenant ne fonde sur lui.

Le pilote français a d’ailleurs beaucoup de mérite, car il a passé l’essentiel du weekend à lutter face aux Ducati, se retrouvant véritablement cerné avec sa troisième position sur la grille de départ, par les quatre Desmosedici engagées (les deux officielles devant lui, les deux satellites de Pramac derrière lui).

Le Niçois perd d’ailleurs beaucoup de temps en début de course pour se défaire des montures italiennes, sur un circuit où il n’est pas si facile de doubler et où les GP21 ont surtout tout le loisir de faire parler leur puissance pour défendre leurs intérêts. Mais qu’à cela ne tienne, Quartararo va tout de même assurer l’essentiel et décrocher la deuxième place, minimisant ainsi sa perte de points face à Bagnaia, qui revient à 48 points au championnat. Le pilote Yamaha acquiert ainsi son 19e podium en MotoGP, et devient du même coup le Français affichant le plus de top 3 dans la catégorie reine, devant Christian Sarron.

Derrière les deux leaders on retrouve Bastianini, qui confirme sa bonne prestation d’Aragón avec un premier podium dans la catégorie reine alors qu’il évolue sur une Ducati accusant deux ans d’âge ! L’Italien devance ainsi à l’arrivée Marc Márquez et Jack Miller, alors qu’il faut descendre au sixième rang pour trouver trace de Mir qui finit devant les frères Espargaró.

Cette première course disputée à Misano (il y en aura une seconde courue un mois plus tard) présente par ailleurs plusieurs premières, notamment celle d’Andrea Dovizioso qui fait son retour à la compétition au sein du Petronas Yamaha SRT aux côtés de Valentino Rossi après les piges successives de Garrett Gerloff et Jake Dixon. En outre, Franco Morbidelli rejoint l’équipe officielle Yamaha, après que le baquet laissé vacant par Viñales ait été occupé temporairement par Cal Crutchlow.

Au rang des déceptions, on peut noter le nouvel abandon de Rins, décidément auteur d’une saison très brouillonne, alors qu’Oliveira est en grande difficulté depuis sa blessure contractée en Autriche, avec seulement deux malheureux points récoltés lors des trois dernières courses disputées.

Classement du championnat à l’issue du GP de Saint-Marin (manche 14) :

Crédits classement : Motogp.com