La tension monte dans le paddock MotoGP. Alors que Dorna s’était montrée intransigeante en bloquant le départ de Jorge Martin d’Aprilia cet été, l’organisateur du championnat brille cette fois par son silence face à une injustice criante : Marcos Ramirez vient d’être licencié par l’équipe American Racing, malgré un contrat en cours jusqu’en 2026.
Le pilote andalou de 27 ans ne participera plus au championnat Moto2 la saison prochaine. L’équipe américaine a annoncé la résiliation unilatérale de son contrat afin d’offrir sa place à Filip Salac, pilote tchèque sans guidon pour 2026.
Ramirez, pourtant engagé jusqu’en 2026, a été contraint d’accepter une indemnisation financière pour clore l’affaire. Son avenir devrait désormais s’écrire en Championnat du Monde Supersport, probablement dans une structure d’usine.
À première vue, l’affaire pourrait sembler banale. Mais dans les coulisses du paddock, cette décision fait grincer des dents — et pas seulement à cause du départ forcé du pilote espagnol.
Il y a quelques mois à peine, Dorna s’était opposée au transfert de Jorge Martin, alors désireux de quitter Aprilia pour rejoindre Honda. L’organisation avait imposé une ligne ferme : tant que son contrat avec la marque de Noale courait, il ne pourrait pas être engagé par un autre constructeur.
« Soit Martin restait chez Aprilia une année de plus, soit il ne serait tout simplement pas inscrit au championnat du monde 2026 », avait alors tranché Dorna. Une position ferme — mais aujourd’hui perçue comme profondément incohérente.
La colère des pilotes face au cas Ramirez : “les constructeurs sont protégées, pas nous”
Car dans le cas de Marcos Ramirez, Dorna n’a pris aucune mesure pour défendre les droits du pilote, pourtant dans une situation contractuelle similaire. Pire encore, plusieurs sources du paddock affirment que l’organisation ne s’y oppose même pas, et que le départ du pilote espagnol serait accueilli « avec un certain soulagement » dans les coulisses.
Cette différence de traitement a provoqué une véritable onde de choc parmi les pilotes Moto2 et MotoGP. Beaucoup dénoncent un système à deux vitesses où les constructeurs et les équipes sont systématiquement protégés, au détriment des pilotes.
« Quand un pilote veut partir, on brandit les contrats. Quand c’est une équipe qui vire un pilote, tout le monde se tait », a lâché un pilote Moto2 sous couvert d’anonymat.
Des précédents similaires existent : Bo Bendsneyder, Karel Abraham ou encore Miguel Oliveira ont tous connu des résiliations unilatérales sans réelle intervention de Dorna.
Cette affaire met en lumière le déséquilibre structurel entre les pilotes et les équipes dans le monde du MotoGP. En théorie, les contrats protègent les deux parties ; en pratique, les pilotes restent les plus vulnérables, notamment en Moto2 et Moto3, où la pression économique prime souvent sur la stabilité sportive.
Pendant que Dorna s’autoproclame garante de la « cohérence contractuelle » lorsqu’il s’agit de Jorge Martin, Marcos Ramirez paie le prix d’une politique à géométrie variable.
Et cette fois, le paddock ne compte pas se taire : plusieurs pilotes auraient déjà prévu de soulever la question auprès de l’Association Internationale des Teams (IRTA) lors de la finale à Valence.
Le contraste est saisissant : Jorge Martin a été empêché de fuir un contrat pour rejoindre Honda, tandis que Marcos Ramirez, lui, est purement et simplement jeté dehors.
La leçon, pour beaucoup, est amère : dans le MotoGP moderne, les marques ont des droits, les pilotes des options. Et Dorna, censée défendre l’équité, semble désormais jouer un jeu dangereux — celui de la politique plutôt que celui du sport.





























