Lorsque Honda a annoncé la signature de Somkiat Chantra pour 2025, le premier pilote thaïlandais de l’histoire du MotoGP, l’enthousiasme s’est mêlé d’inquiétude. Malgré un palmarès honorable en Moto2 (victoires en Indonésie 2022 et au Japon 2023), ses performances inconstantes (12e en 2024 avec 104 points) laissaient planer le doute. Beaucoup craignaient que ce choix, motivé par la volonté de promouvoir un talent asiatique, ne se transforme en fiasco. Au Grand Prix d’Italie, ces craintes ont pris une tournure dramatique : Chantra, à la traîne, semble s’enfoncer course après course.
Quand Honda a officialisé l’arrivée de Somkiat Chantra en MotoGP, certains ont cru à une mauvaise blague. D’autres ont parlé de coup historique, saluant l’entrée du premier pilote thaïlandais dans l’élite. Aujourd’hui, même les optimistes serrent les dents : Chantra n’est pas seulement en difficulté, il semble hors-sujet.
Le Thaïlandais, ex-pilote Moto2 sans éclat, était déjà une énigme sur la grille. Mais ce que l’on redoutait devient limpide : sa place en MotoGP relève davantage du marketing que du mérite sportif.
Au Mugello, Chantra a transformé la course en purge. Dernier du week-end, il n’était même pas dans le même championnat que les autres. À une seconde par tour de l’avant-dernier classé dès vendredi, éliminé sans appel en Q1, il a confirmé samedi en terminant lanterne rouge du Sprint. Mais c’est dimanche qu’il a atteint le fond : mal placé sur la grille, double pénalité Long Lap, rythme lent et 70 secondes de retard sur le vainqueur. Un exploit… à l’envers.
Le plus gênant ? Taka Nakagami était sur la même piste. Lui aussi sur une Honda, lui aussi sans rythme de feu. Mais même dans ce contexte, Chantra a brillé… par sa lenteur. Une seconde au tour, c’est un gouffre. Une humiliation.
Somkiat Chantra : un écart embarrassant avec les autres pilotes, zéro point et une spirale négative
Statistiquement, Chantra fait désormais partie du club très fermé des pilotes sans aucun point en 2025. Mais contrairement à Jorge Martin ou Aleix Espargaró, Chantra a été présent. C’est bien là le problème. On a vu ses courses. Et on aimerait ne pas les revoir.
Le pire ? Son état semble empirer depuis son opération du bras. Non seulement il ne progresse pas, mais il régresse. Et Honda doit faire avec pendant que les autres essayent de sauver les meubles.
À ce rythme, ce n’est plus sur Chantra qu’il faut se concentrer, c’est sur l’idée même qu’un passeport suffise à justifier une place en MotoGP. Le quota exotique ne fait pas un pilote. Et Honda ferait mieux de faire tourner trois motos que de ruiner l’image de la quatrième.
L’ambition de Honda de faire briller un pilote thaïlandais, portée par Idemitsu et saluée par Lucio Cecchinello, vacille. Chantra, adulé en Thaïlande où il a attiré 220 000 spectateurs au GP local, ne répond pas aux attentes. À Assen, ce week-end, la pression sera énorme. Sans progrès rapides, Honda risque de devoir revoir son projet, car aligner une quatrième moto non compétitive est intenable face à la domination des Ducati. Chantra, avec son sourire légendaire et sa combativité, doit retrouver son « mojo » d’urgence, ou son rêve MotoGP pourrait s’arrêter net.