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On ne vous apprendra rien en vous disant que le team MotoGP Tech3 d’Hervé Poncharal et Guy Coulon est en train d’écrire une page capitale de son histoire avec l’arrivée, entre autre, de Günther Steiner et Richard Coleman, et en tant qu’observateurs privilégiés, ne pas la raconter serait ne pas accorder l’importance que mérite cet évènement majeur pour la plus grande équipe française de compétition moto.

Alors placer le curseur au juste milieu entre confidentialité et information ne sera à coup sûr pas facile, mais tout au long de l’hiver, et peut-être même après, nous vivrons et tenterons de vous faire vivre cette transition qui bouleverse le panorama du MotoGP hexagonal.

Nous nous en faisons un devoir en tant que média, mais surtout en tant que passionnés qui avons toujours reçu un accueil incroyable de la part de toute l’équipe Tech3, à quelque niveau que ce soit.

Alors, pour ne pas citer les dizaines de prénoms que nous devons remercier, disons simplement « Un Immense Merci Tech3 ! » et lançons-nous dans cette narration, sans savoir vraiment par quel bout commencer, puisque nous avons eu la chance de partager l’histoire de Tech3 durant la dernière décennie…

Après l’émouvante célébration du samedi soir, nous avons pu recueillir les propos d’Hervé Poncharal dimanche, avant qu’il ne se prépare pour sa dernière épreuve du week-end, la cérémonie officielle qui clôt la saison 2025.

Richard Coleman, le futur Directeur de la structure Tech3, dont nous avons déjà retracé le parcours, était présent à Valence, y compris à certaines de ces festivités, et nous avons eu la chance de pouvoir lui poser nos questions.
Discret, abordable et modeste dans son rôle d’observateur, l’homme n’en est pas moins formidablement cartésien et très habile…


🎤 Richard Coleman, que saviez-vous du MotoGP avant d’accepter d’accepter de devenir Directeur de Tech3 ?

Richard Coleman : « (Rires) Pour être brutalement honnête, très peu de choses. Mais l’aventure en MotoGP est venue de Günther (Steiner). Lui et moi regardions un accord avec Haas F1, en travaillant avec un grand fonds d’investissement américain. Nous étions très proches, mais finalement Gene (Haas) a décidé qu’il ne voulait pas vendre une partie de l’équipe. C’était en 2023, et à la fin de 2023, Günther et Gene se sont séparés.

Vers avril 2024, Günther et moi discutions, et il m’a parlé du MotoGP : “Peut-être que nous pourrions regarder le MotoGP ensemble.” Je lui ai répondu : “Mais, Günther, nous ne connaissons rien au MotoGP !” Mais, plaisanteries mises à part, nous aimons le sport, et nous étions pratiquement certains que Liberty Media allait arriver. Et même si Liberty n’était pas venu, nous avions le sentiment qu’au regard de l’évolution du sport mondial, il n’existe pas tant de championnats du monde que quelqu’un peut posséder. Que ce soit les propriétaires actuels ou de nouveaux propriétaires, même s’il n’y avait pas Liberty, il y aurait très probablement une phase d’investissement. Nous avons donc estimé que c’était le bon moment pour entrer en MotoGP.

Nous avons alors exploré avec les Ezpeleta quelles pourraient être les opportunités. Il y avait sans doute une centaine d’autres personnes qui faisaient la même chose, mais nous avons présenté notre vision : qui nous étions, ce que Günther et moi voulions faire, et comment nous envisagions les choses. Les Ezpeleta nous ont énormément soutenus. Nous avons aussi discuté avec une autre équipe, mais nous n’avons pas trouvé de terrain d’entente, même si nous y avons consacré beaucoup de temps.

Ensuite, nous avons probablement eu notre première conversation avec Hervé (Poncharal) à Austin cette année, donc en avril. Au départ, Hervé était très clair : “Non, je ne veux pas vendre, je ne suis pas à vendre.”
Puis, au fil des échanges, et alors que Günther et Hervé ont noué une bonne relation, cela a commencé à avoir de plus en plus de sens pour Hervé, pour de nombreuses raisons.

Finalement, nous avons évidemment trouvé un accord pour acheter l’équipe. Nous l’avons annoncé à Barcelone, et il était important pour Hervé de terminer la saison. Nous avons donc convenu que les contrats seraient signés, mais qu’il continuerait à diriger l’équipe jusqu’à la fin de l’année, et que je reprendrais à partir de janvier.

Alors oui, d’abord je suis Anglais. Ensuite, je viens du sport automobile à quatre roues. Je ne savais donc pas vraiment quel accueil j’allais recevoir de la part de l’équipe. Mais au final, je suis un compétiteur, ils sont des compétiteurs, et ils ont été extrêmement accueillants. C’est pour cela que je suis venu à Barcelone, Misano, en Malaisie, au Portugal, et ici : parce que je veux observer, je veux apprendre, et j’aborde cette mission avec beaucoup d’humilité.

Je veux aider ces personnes à accomplir davantage. C’est une très bonne équipe, et je veux l’aider à devenir une grande équipe. C’est la tâche qui m’attend. Je dois embarquer tout le monde avec moi, et jusqu’à présent, ils ont été très ouverts, très accueillants et très généreux de leur temps. Ils aiment et respectent tous énormément Hervé, mais je pense qu’ils voient désormais qu’il y a une opportunité de franchir une nouvelle étape. Et c’est précisément le plan. »

🎤 D’accord. Donc avant, disons… d’étudier cette opportunité, vous ne regardiez pas vraiment les courses de MotoGP ?

« Alors si, je regardais des courses de MotoGP à la télévision, et je suis allé assister à quelques Grands Prix, mais ce n’est pas comme si je suivais le MotoGP tous les week-ends ou que je regardais chaque course à la télé.
En revanche, depuis presque deux ans maintenant, j’ai regardé absolument toutes les courses. J’ai écouté podcast après podcast, j’ai lu la presse écrite, je parle avec beaucoup de personnes. J’ai une très bonne relation avec les Ezpeleta, je leur parle chaque semaine. Et Günther et moi sommes très proches : nous parlons probablement du MotoGP six jours sur sept ! Donc, petit à petit, mon niveau de connaissance est peut-être passé de 1 % à… 5 %. Et j’aborde tout cela avec une humilité totale.

Mais il y a aussi une chose que j’ai remarquée à propos du MotoGP : c’est un peu une “économie des Galápagos”. C’est-à-dire que cela a longtemps été un monde à part. Beaucoup de personnes dans ce paddock sont là depuis très, très longtemps, et ce que le paddock a accompli est incroyable, pas seulement les Ezpeleta, mais aussi toutes les équipes et tous les acteurs impliqués.
Cela dit, on peut aussi avancer l’idée qu’un peu de sang neuf, quelques idées nouvelles et un regard différent ne sont peut-être pas une mauvaise chose non plus.

Il y a donc certains sujets dont je parle avec l’équipe, et je demande, “Pourquoi est-ce que nous faisons cela ?”, parce que je suis en phase d’apprentissage, en phase d’observation. Et ils me répondent, “On fait comme ça pour telle et telle raison.”
Et là je me dis : “Ah, pourquoi je n’y ai pas pensé ? C’est évident, maintenant je comprends.”
Et puis, de temps en temps, il y a un sujet où je demande : “Pourquoi est-ce qu’on fait les choses de cette manière ?” et on me répond, “Parce qu’on a toujours fait comme ça.”
Et là je dis : “D’accord, mais ce n’est pas une raison. Asseyons-nous et parlons-en.”

Donc, vous savez, j’aborde tout cela avec une humilité totale, mais je suis aussi quelqu’un de très logique. Je crois beaucoup aux principes fondamentaux lorsqu’il s’agit de décider si une manière de travailler est la bonne ou si elle peut être améliorée, et c’est ce que nous examinons ensemble.
Mais au final, nous n’allons pas arriver en appuyant sur de gros boutons ou en actionnant de grands leviers. Cela prendra du temps. Mais peut-être qu’un peu de regard neuf n’est pas une mauvaise chose non plus. J’espère donc que cela fonctionnera. »

A suivre demain…

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