Le test officiel de MotoGP à Aragon a laissé un goût amer à Enea Bastianini. Si le pilote Tech3 a poursuivi son travail d’adaptation à la KTM RC16 avec sérieux, la journée s’est conclue sur un constat implacable : la moto refuse de coopérer en configuration chasse au chrono. Un paradoxe frustrant pour un pilote dont le surnom — La Bestia — évoque précisément l’attaque pure.
« Nous avons essayé de nombreuses options aérodynamiques. Le matin, j’ai beaucoup travaillé là-dessus et j’en suis content, car cela nous a aidés sur le wheeling, l’accélération et un peu en entrée de virage », confie Bastianini. Le package aérodynamique semble donc progresser, notamment pour dompter la nervosité chronique de la RC16 en sortie de virage. Mais les choses se gâtent dès que l’on chausse le pneu tendre.
« Rien n’a fonctionné avec le pneu tendre », lâche-t-il sans détour. « Avec le pneu usé, je peux attaquer, mais pas avec le neuf. » Une déclaration aussi étonnante que révélatrice : là où la majorité du plateau trouve du grip et du chrono avec une gomme fraîche, Bastianini, lui, perd ses repères. L’adhérence supplémentaire bouleverse l’équilibre de la moto, qui devient, selon ses mots, inutilisable.
L’après-midi a été consacré à des essais de réglages, mais aucun n’a permis de lever cette malédiction du pneu neuf. Le contraste est d’autant plus cruel que son coéquipier Maverick Viñales a brillé, signant le meilleur temps de la journée. « Maverick était très rapide et je pense que nous pouvons être compétitifs comme lui », affirme Bastianini, lucide mais frustré.
Enea Bastianini est piégé par le pneu tendre
Ce blocage en qualifs n’est pas nouveau. Depuis son arrivée chez KTM en 2025, Bastianini peine à extraire un tour rapide, malgré un rythme de course souvent correct. Or dans le MotoGP moderne, la capacité à se qualifier en première ligne est presque une condition de survie.
Le mal semble profond. L’équipe Tech3 a désormais la lourde tâche de démêler ce nœud technique et psychologique : pourquoi la RC16 refuse-t-elle de répondre aux sollicitations de son pilote lorsque la gomme offre le plus d’adhérence ? Et surtout, comment rendre cette moto exploitable quand ça compte le plus — en qualifications ?
À Aragon, Bastianini n’a pas trouvé les réponses. Mais il a confirmé un problème persistant, qui pourrait coûter cher si la tendance se poursuit jusqu’aux prochaines manches. Le talent est là, le rythme aussi. Il ne manque que ce tour, ce tour, que la KTM refuse toujours de lui donner.
MotoGP, Test Aragon : chronos