Jack Miller a enfin roulé avec la fameuse Yamaha V4 en conditions officielles à Misano, et si l’Australien n’a pas caché ses réserves, il a aussi laissé entrevoir des motifs d’espoir. Le projet est encore brut, mais selon lui, « sur la bonne voie ».
Après une demi-journée d’essais, Miller n’était que 21e avec un chrono en 1’32’’635, soit près de deux secondes plus lent que son meilleur temps en qualifications sur la Yamaha quatre cylindres en ligne. Pourtant, pas question de tirer des conclusions hâtives. « La matinée a été chargée. C’est un nouveau projet et une nouvelle moto. J’ai essayé d’en comprendre les forces et les faiblesses, ainsi que d’autres aspects comme l’équilibre », a expliqué Miller.
Le constat est clair à Misano : « la moto fait le bon travail, mais il lui faut du temps pour tout comprendre et trouver les réglages. Il y a certainement des points à améliorer. »
Fabio Quartararo, son coéquipier Yamaha, s’était déjà montré sceptique après une journée et demie sur la V4. Miller a tenu à tempérer : « je comprends sa frustration et son besoin d’une moto compétitive. Mais ce genre de choses prend du temps ; nous devons développer la moto. C’est une nouvelle plateforme, un tout nouveau projet. Malheureusement, nous n’avons pas beaucoup de temps en MotoGP. »
Jack Miller : « il y a des similitudes, elle a deux roues, l’ADN Yamaha est toujours là»
Quand on lui demande s’il a été clair dans son retour aux ingénieurs, sa réponse est sans détour : « je pense que mes remarques à Yamaha étaient claires : rendre la moto plus compétitive. »
Interrogé sur les similitudes avec les autres V4 qu’il a déjà pilotées, l’Australien a lâché une pointe d’ironie : « Oui, elle a deux roues », avant d’ajouter plus sérieusement : « il y a des similitudes. J’aime son caractère, mais l’électronique a encore beaucoup à améliorer. Quand on travaille sur un quatre cylindres en ligne depuis plus de 20 ans, aucune cartographie ni aucun réglage de l’accélérateur ne sont parfaits ; en termes d’électronique, rien n’est comparable ».
« C’est un processus de développement et d’amélioration entièrement nouveau. À chaque fois que je quittais les stands, c’était mieux. J’ai trouvé mes marques petit à petit. On ne réinvente pas la roue du jour au lendemain. Mais nous sommes sur la bonne voie. »
Et malgré la nouveauté radicale, Miller insiste : « ce que je ressens de bien avec cette V4, c’est que même si nous avons tout modifié sur la moto, l’ADN Yamaha est toujours là. Il s’agit de tout positionner correctement et de développer un réglage de base pour exploiter les atouts du châssis. »
Même si le prototype testé à Misano « ne sera pas la moto que nous aurons à Valence », Miller considère ce premier roulage comme encourageant : « avec un prototype complet ce matin, être à un peu moins de deux secondes des motos les plus rapides – Fabio était encore plus proche –, ce n’est pas mal. »
L’un des aspects les plus prometteurs concerne le freinage, déjà souligné par Andrea Dovizioso. Miller confirme : « c’est appréciable d’avoir un peu d’assistance du pneu arrière, c’est sûr. Mais cette moto fait ce qu’elle est censée faire, avec les pneus et le package dont nous disposons aujourd’hui. Il faut pouvoir utiliser le pneu arrière, par exemple, pour freiner correctement. »
Et sur le plan de la progression, il ne doute pas : « absolument ! Ici et au niveau de la traction. Tout est une question de pneus et de là où tout a évolué. Le règlement a tracé la voie vers laquelle les motos doivent évoluer. »
La Yamaha V4 n’est clairement qu’à l’état de prototype, mais Miller semble confiant dans la direction prise. Le chemin vers la compétitivité sera long, mais les bases semblent solides. La révolution Yamaha est en marche, mais elle prendra du temps.