L’arrivée fracassante de Toprak Razgatlioglu en MotoGP électrise le paddock. Le triple champion du monde de Superbike débarque avec une réputation de géant… Mais peut-il terrasser les titans du MotoGP dès sa première année ? Jorge Lorenzo, légende officielle de la discipline, balance un verdict coup-de-poing : « non, il ne se battra pas pour la victoire tout de suite. L’attendre, c’est un piège. »
Tous les regards étaient braqués sur Valence. Dès les premiers essais, Fabio Quartararo, Jack Miller et Alex Rins sont restés scotchés devant les chronos et le style du Turc. Le manager du team Pramac Yamaha qui l’accueille, Gino Borsoi, ne cache pas sa certitude : « cela ne fait aucun doute, il sera compétitif. »
Pourtant, Lorenzo, le tacticien aux 5 titres mondiaux, tire une sonnette d’alarme glaciale. Pour lui, le talent pur ne suffira pas. « La Yamaha M1 est une bête radicalement différente. Elle est très rigide, très axée sur la vitesse en courbe. Cela demande une adaptation brutale. »
Le Samurai espagnol assène un argument qui fait mal. « Regardez Alvaro Bautista. En Superbike, il a tout démoli, gagnant à un rythme effréné. En MotoGP, il était dans le top 5, top 7… mais pas parmi les plus forts. Le niveau n’est pas le même. »
Jorge Lorenzo : « Toprak est peut-être l’un des meilleurs pilotes de Superbike de l’histoire, mais le MotoGP, c’est un autre niveau »
Il enfonce le clou en citant d’autres gloires passées de la Superbike : « Ben Spies, Colin Edwards… D’excellents pilotes. Mais le MotoGP, c’est un autre niveau. » Un avertissement sans fard adressé à tous ceux qui voient déjà Toprak sur le podium.
Mais Lorenzo n’est pas dans le déni pur. Il reconnaît l’exception. « Toprak pourrait être l’un des meilleurs pilotes de Superbike de l’histoire. Sa technique est incroyable, surtout son utilisation du frein avant. »
Le problème ? « Je ne pense pas que les pneus Michelin ou la Yamaha lui permettront de montrer son niveau immédiatement. » Selon le Majorquin, la fusion entre le style unique du Turc et les exigences de la M1 prendra du temps. Beaucoup de temps.
Alors, à quoi s’attendre ? Lorenzo lance une prédiction qui refroidit les ardeurs. On lui demande si Toprak se battra pour les premières places dès 2025. Sa réponse est cinglante : « Je ne pense pas. »
Et d’ajouter, jetant une perspective lointaine : « Peut-être que 2027, avec Pirelli qui remplacera Michelin et une année d’expérience, sera son année. Il pourrait alors se battre pour le top 5, voire un podium, dans certaines courses. »
Toprak Razgatlioglu se retrouve donc au pied d’une montagne. D’un côté, l’immense espoir et l’enthousiasme générés par son talent phénoménal. De l’autre, la froide analyse d’une légende qui prédit un long et douloureux apprentissage.
Va-t-il déjouer les pronostics et créer la surprise, ou confirmer la règle cruelle qui veut que la transition Superbike/MotoGP soit un chemin de croix ? Le premier duel, homme contre machine, est déjà engagé.
