À quelques jours de son premier véritable test MotoGP lors des essais IRTA de Valence, Toprak Razgatlioglu a déjà pris contact avec la Yamaha V4 dans des conditions particulières à MotorLand Aragon. Paolo Pavesio, directeur de Yamaha Racing, a levé le voile sur les objectifs et les enseignements de ce roulage discret, déterminant pour la suite du projet MotoGP de la marque japonaise.
La séance d’essais réalisée en début de semaine à Aragon ne figurait pas au programme officiel. Organisée dans le plus grand calme, elle avait un seul objectif : permettre à Toprak Razgatlioglu de prendre en main la Yamaha V4 avant les essais IRTA de Valence.
Les conditions n’avaient rien de favorable : une piste froide n’excédant pas 18°C, seulement deux trains de pneus disponibles, et un choix de gommes qualifié de « mauvais » par Yamaha, en raison d’un malentendu avec Michelin.
Malgré ce contexte peu optimal, Razgatlioglu a signé un chrono de 1’49’’1 après quelques tours seulement. Pour comparaison, Aleix Espargaró — qui roulait également ce jour-là avec la Honda de développement et disposait de beaucoup plus de tours — a tourné en 1’48’’7.
Paolo Pavesio insiste cependant sur la nature limitée de la séance :
« Ce test n’était pas un vrai test. Nous l’avons organisé pour le rassurer et vérifier sa position de pilotage. Il ne devait pas arriver mardi à Valence sans avoir jamais roulé sur la moto. »
L’une des priorités de Yamaha était d’évaluer la réaction de Toprak face à l’avant Michelin, radicalement différent des Pirelli qu’il utilise en Superbike.
Selon Pavesio, le champion du monde SBK s’est adapté avec une rapidité remarquable :
« Il a parfaitement maîtrisé la situation dans des conditions exécrables, avec des pneus qu’il ne connaissait pas. Pour un pilote comme lui, le feeling avec l’avant est déterminant. »
Ce roulage minimaliste a toutefois confirmé un point essentiel : les problèmes identifiés lors des tests précédents ne sont pas spécifiques à un circuit, ce qui permet à Yamaha de mieux cibler les priorités techniques du projet V4.

Un déplacement express de l’état-major Yamaha à Aragon : « nous tenions à voir les premiers tours de Toprak Razgatlioglu »
La présence de Toprak sur la V4 était suffisamment importante pour mobiliser plusieurs cadres de Yamaha Racing.
Paolo Pavesio raconte avoir pris un vol pour Barcelone avec Max Bartolini (directeur technique) et Maio Meregalli (team manager), avant de rejoindre Aragon à 3 h 30 du matin pour assister à la séance.
« Nous tenions à voir ses premiers tours. Heureusement, il faisait froid et les essais ont commencé tard. »
Cette séance fut également l’occasion pour Toprak de rencontrer son futur chef mécanicien, Alberto Giribuola, ex-ingénieur chez Ducati puis KTM, qui pilotera son adaptation en MotoGP dès 2026.
Le retour technique de Razgatlioglu a impressionné Yamaha :
« Pendant le briefing final, beaucoup plus de personnes qu’en Superbike l’écoutaient. Toprak nous a demandé si nous étions tous là à cause de lui. Il a parlé pendant trente minutes, et tout le monde suivait attentivement » lit-on sur Speedweek.
Cette scène illustre l’importance du projet V4 pour Yamaha, et l’attention accordée à son futur pilote phare.
Paolo Pavesio rappelle la feuille de route du constructeur japonais :
2026 sera une année de transition et de développement, durant laquelle Razgatlioglu devra apprendre les spécificités du MotoGP.
En 2027, Yamaha fixera des objectifs précis, lorsque le projet V4 aura atteint un niveau de maturité suffisant.
Lors des essais IRTA de Valence mardi, Toprak prendra enfin la piste face aux pilotes MotoGP. Mais il ne fera pas d’apparitions médiatiques : le pilote turc enchaîne encore les obligations liées à son titre Superbike et à son départ de BMW. Sur la piste, en revanche, il sera pleinement présent.
Les premiers chronos officiels d’un Razgatlioglu désormais lié à Yamaha MotoGP seront scrutés à la minute près.





























