pub
Fabio Quartararo

Dans le paddock de Valence, l’air est lourd, chargé de tension. Pour Fabio Quartararo, ce vendredi n’a rien eu d’une mise en jambe tranquille. Alors que Yamaha vit peut-être les dernières heures de son quatre-cylindres en ligne avant le grand virage V4 attendu en 2026, le Français a traversé une journée où chaque tour ressemblait à une lutte intérieure.

La M1 avait pourtant montré les crocs en début de journée : Jack Miller, sur la Yamaha Pramac, avait surpris le paddock en s’emparant des EL1, puis en sécurisant une place solide dans le top 6. Quartararo aussi avait gagné son ticket direct pour la Q2 après les essais libres… mais la suite a tourné au cauchemar technique.

Il ne fait pas semblant lorsqu’on lui demande son ressenti : « Pas super sympa. » Sa réponse est sèche, presque lasse. Fabio déroule alors une description quasi clinique de son malaise.

« J’avais beaucoup de mal à retrouver mes sensations, à trouver un avant, qui est notre point fort. Mais pendant la journée, je ne ressentais rien. »

Dans sa bouche, le mot rien résonne comme un vide inquiétant – celui qu’aucun pilote ne veut ressentir avec l’avant de sa moto.

L’équipe tente plusieurs ajustements, des “petits” changements, dit-il. Mais rien n’y fait :

« On a changé quelques petites choses, mais je n’ai rien trouvé. J’espère donc que demain nous pourrons faire un pas en avant, car même sur un seul tour, je ne suis pas confiant et nous sommes encore loin du compte. »

Une Yamaha M1 “pas claire” et un Fabio Quartararo qui cherche ses repères

Le contraste avec le Portugal est frappant. Là-bas, Quartararo avait dû réduire la puissance d’une Yamaha devenue trop brutale en sortie de virage. À Valence, c’est un autre fantôme qui le hante.

« Pas vraiment, car maintenant on se concentre surtout sur le freinage, et là, on connaît bien notre moto : au freinage, on utilise beaucoup l’avant. »

Mais ce vendredi, même ce refuge habituel s’est dérobé sous lui :

« Au premier virage, je roule presque sous la pluie. Je freine, j’essaie de faire de mon mieux, mais malheureusement, ce n’est pas le même problème qu’au Portugal. »

Alors il résume, un soupçon d’amertume dans la voix : « Il semble que notre base lors des deux dernières courses n’ait pas été claire, mais nous essayons de trouver une solution. »

Comme si la journée n’était pas assez chaotique, un incident s’ajoute au tableau : la M1 se met à fumer en pleine ligne droite. Quartararo lève la main, coupe la trajectoire, se range au virage 1.

Personne ne comprend vraiment ce qui se passe. Lui non plus, d’ailleurs. Mais un détail frappe : il est trempé.

Le Français confirme : « Oui, du carburant. J’ai dû changer de cuir. Je ne voulais pas brûler dans la ligne droite, alors j’ai décidé de changer de cuir. »

Il sourit en racontant cette dernière phrase, comme pour alléger un moment qui, sur le moment, l’a sans doute secoué davantage qu’il ne l’admet.

Le championnat touche à sa fin, et Yamaha veut tourner la page de son architecture moteur historique. Mais pour Fabio Quartararo, ce vendredi à Valence a été une plongée dans l’incertitude, où même ses certitudes – le freinage, l’avant, les sensations – se sont volatilisées.

Reste une nuit, peut-être deux séances, pour retrouver ce qui lui manque le plus : la connexion intime entre pilote et machine. Celle qui fait la différence à Valence. Celle qui a fait de lui un champion.

MotoGP, Valence : chronos J1

MotoGP Practice

Tous les articles sur les Pilotes : Fabio Quartararo

Tous les articles sur les Teams : Monster Energy Yamaha MotoGP