Pendant deux décennies, Valentino Rossi a été le patron incontesté du paddock MotoGP. Mais à la fin de sa carrière, le Docteur s’est retrouvé à affronter… ses propres élèves. Une situation unique, explosive, parfois même inconfortable.
Francesco Bagnaia, Franco Morbidelli, Luca Marini, Marco Bezzecchi : tous sont passés par la VR46 Riders Académie, la pépinière fondée par Rossi après la tragédie de Marco Simoncelli. À la base, l’objectif était noble : faire éclore la nouvelle génération italienne. Mais le rêve s’est heurté à une réalité bien plus piquante sur la piste.
« C’est moi qui me suis mis dans cette situation. J’ai formé mes futurs rivaux », avouait Rossi en 2020. Avec Franco Morbidelli, Rossi partage une vraie amitié hors des circuits. Mais en course ? C’est une autre histoire.
« En piste, avec Franco, c’est plus intense. Plus tendu. Ça dépend de la personnalité de chacun. J’ai une relation différente avec Pecco Bagnaia. Avec Pecco, on s’entend mieux », confiait Rossi à GPOne.
Le moment clé pour Rossi ? L’Autriche 2020. Une chute spectaculaire de Morbidelli a vu sa moto frôler la tête de Rossi à pleine vitesse. Une scène choquante, qui a marqué un tournant psychologique. Ce jour-là, Rossi a vacillé, et la retraite a commencé à s’imposer comme une évidence.
Valentino Rossi : « j’étais très triste ce jour-là. C’était fini »
Un an plus tard, au Grand Prix de Grande-Bretagne, Rossi vit un véritable crève-cœur. Lui qui avait tant brillé à Silverstone se retrouve loin du peloton. C’est la goutte de trop. Légende ou pas, le sport ne pardonne plus.
Pecco Bagnaia, l’élève modèle, a décroché les titres MotoGP 2022 et 2023. Il est aujourd’hui le seul pilote de la VR46 Académie à avoir transformé l’héritage du maître en véritable domination.
Mais 2025 est rude. Troisième au championnat, en difficulté chez Ducati, Bagnaia montre des signes de doute. L’ombre du mentor plane encore. Et la pression ne vient plus de Rossi, mais de l’histoire elle-même : confirmer qu’il n’est pas juste un produit de l’académie, mais un vrai patron.
Rossi a voulu créer une dynastie. Il l’a fait. Mais il a aussi accéléré sa propre fin sportive, confronté à des jeunes affamés qu’il a lui-même formés. Le mentor sourit. Mais dans ses yeux, il reste une lueur de feu. Même à la retraite, Rossi déteste perdre.