Fini les chuchotements dans les paddocks, les clichés volés, les rumeurs à demi-confirmées ou notre scoop exclusif dévoilant le son du V4: Yamaha a enfin brisé le silence. Sur le circuit de Barcelone-Catalogne, dans un grondement aussi symbolique que mécanique, la marque d’Iwata a révélé officiellement son nouveau moteur V4 — une révolution pour une usine qui, pendant des décennies, s’est accrochée à son architecture quatre cylindres en ligne comme à une religion.
Et cette fois, pas besoin d’espions. La vidéo publiée sur les réseaux sociaux de Yamaha Racing montre une M1 version 2.0 qui dévore la ligne droite de Montmelò avec un rugissement sec, guttural, résolument V. Un son qui tranche radicalement avec les aigus du bloc en ligne, un son qui annonce une nouvelle ère. Et pour ceux qui en doutaient encore, Yamaha a également publié une photo du prototype, révélant un double échappement placé sur le flanc droit — un clin d’œil aux configurations déjà familières chez Ducati ou KTM. « Elle est comme les autres », ironise Massimo Bartolini, directeur technique. Sauf que pour Yamaha, c’est une petite révolution.
— Monster Energy Yamaha MotoGP (@YamahaMotoGP) June 11, 2025
Une révolution technologique et culturelle pour Yamaha
Ce V4 n’est pas tombé du ciel. Il est le fruit d’une gestation longue, dissimulée derrière les murs de Jerez, de Misano, puis de Valence, lors d’essais aussi discrets qu’essentiels. Mais désormais, Yamaha sort de l’ombre. Et ce n’est pas un hasard si le premier vrai test public se déroule à Montmelò, avec deux pilotes soigneusement choisis : Andrea Dovizioso, le vétéran au savoir encyclopédique sur les moteurs en V, et Augusto Fernandez, jeune mais déjà redoutablement méthodique. Ce duo a pour mission de transformer une promesse technologique en une arme de course.
Maio Meregalli, directeur sportif de l’équipe, a levé un autre pan du voile : la collaboration active de l’équipe Pramac. Oui, le satellite Yamaha, fraîchement passé de Ducati, est déjà impliqué dans ce projet d’envergure. « Nous avons effectué un test fonctionnel ; nous n’en sommes pas encore à l’évaluation des performances », précise Meregalli, qui ménage les attentes.
Pour le moment, Fabio Quartararo et Alex Rins restent spectateurs. Aucun des deux pilotes d’usine ne testera le V4 tant que les ingénieurs ne seront pas convaincus qu’il soit prêt. Pas question de griller une étape, encore moins de compromettre leur confiance dans un projet aussi stratégique.
Car l’enjeu est immense. Yamaha paie depuis des années un retard criant en puissance et en vitesse de pointe, se contentant de rustines pendant que Ducati, Aprilia et KTM optimisent leurs V4. Aujourd’hui, la firme japonaise rompt avec son passé pour réintégrer le peloton de tête. Ce V4, c’est bien plus qu’un moteur : c’est une déclaration de guerre à l’immobilisme, un manifeste pour le renouveau.
Reste une question brûlante : le V4 peut-il ramener Yamaha au sommet du MotoGP ? Trop tôt pour le dire. Mais le premier pas est fait. Le silence a été rompu. Le moteur a chanté. Et désormais, tout le monde écoute. Le son de Montmelò pourrait bien être celui du retour d’Iwata dans le jeu.