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Jorge Lorenzo

Il y a des duos qui surprennent, d’autres qui intriguent. Et puis il y a ceux qui électrisent tout un paddock. Celui formé par Jorge Lorenzo et Maverick Viñales appartient à la troisième catégorie.

Le quintuple champion du monde et l’un des pilotes les plus doués de sa génération ont décidé d’unir leurs forces avec un objectif clair : faire de Viñales un champion MotoGP.

Et les deux hommes, longtemps rivaux, ne s’en cachent pas : cette collaboration est née d’une histoire de conflits, d’admiration et de maturité retrouvée.

Interrogé sur leur relation passée, Lorenzo ne joue pas la carte de la diplomatie.

« Maverick et moi avons beaucoup roulé ensemble, car il a rejoint le MotoGP en 2015 et j’ai pris ma retraite en 2019. Nous avons été rivaux pendant quatre ans. Il y a parfois eu des tensions, comme à Montmelò en 2019, où nous étions à deux doigts de… s’il n’y avait pas eu de caméra, nous nous serions entretués ! »

Mais c’est justement cette rivalité qui a forgé le respect.

« Maverick a toujours eu un tel talent que je le comparerais aux quatre ou cinq plus grands pilotes, tant en termes de talent que de vitesse pure. Il n’a rien à envier. Stoner est peut-être le seul à posséder un talent exceptionnel, mais avec Valentino, Pedrosa, Marc et moi, Maverick n’a rien à envier à personne. »

Et son message à Viñales est limpide : « si des pilotes moins talentueux et moins rapides naturellement ont réussi à se battre pour des titres mondiaux, pourquoi pas lui ? »

Le projet a été initié un an plus tôt… mais impossible à concrétiser : « on a commencé à en parler il y a un an, quand il était encore chez Aprilia, mais finalement, pour diverses raisons, ça ne s’est pas concrétisé. »

Aujourd’hui, les conditions sont alignées. « Maverick aura 31 ans, ce qui n’est plus un jeune âge, mais il n’est pas encore en déclin. C’est l’âge idéal. Il est très mûr, très réceptif et très motivé. Il écoute tout ce que je lui dis. »

Lorenzo détaille sa vision, une pyramide de la performance en quatre piliers. La vitesse, « le plus important. Sans talent, impossible », la moto, « on ne la maîtrise pas toujours », le physique, « en MotoGP, tout le monde est athlète » et enfin le mental, « le plus sous-estimé, mais le plus décisif. »

Et oui, cela inclut la méditation…  « La méditation est un peu plus difficile pour lui. Nous devons travailler sur la méditation. »

Vinales

Viñales : « je suis désormais l’élève de Lorenzo. Chaque détail compte »

Pour Maverick, le choix de Lorenzo coule de source. « Le talent et la vitesse m’ont toujours sauvé la mise, mais si je veux rivaliser avec les grands noms, je dois peaufiner chaque détail. »

Et ce détail, Lorenzo peut l’apporter. « Je n’avais jamais réalisé qu’un pilote aussi technique, capable de m’aider sur les détails et avec cette mentalité, c’était Jorge. »

Et il n’a pas pu le faire plus tôt :

« Il y a deux ans, c’était impossible. Et puis, c’était impossible avec ma famille ; je ne pouvais pas laisser ma femme seule. Maintenant je sais que je peux le faire, et je suis déterminé. »

Le Majorquin décrit sur Moto.it un Viñales transformé.

« On perçoit sa paix intérieure lorsqu’il marche, lorsqu’il parle à sa famille au téléphone, la tendresse qu’il leur témoigne, sa tranquillité, sa capacité à reconnaître ses erreurs passées… C’est très important. C’est l’aspect mental. »

Lorenzo adore cette comparaison : « je compare toujours un peu cette relation au film Rocky 3… Apollo Creed, plus âgé, retire Rocky de sa zone de confort et l’aide à retrouver son mordant pour battre Mr. T. »

À Valence, Jorge a dû rester discret : « tout était top secret. » Mais dès le lendemain, sur le circuit : « nous avons pu travailler davantage sur les aspects techniques et mentaux, et même sur la méditation. »

Viñales, lui, est prêt à tout : « je suis très discipliné. Si je dois méditer, je médite. »

Lorenzo insiste : « il est humble, il comprend qu’il doit m’écouter et expérimenter. Très peu de pilotes MotoGP ont ce moment de sérénité. Les pilotes ont souvent un ego surdimensionné. Lui, il a eu l’humilité de dire : “Si je peux progresser, pourquoi pas ? Travaillons ensemble.” »

Viñales l’avoue sans détour :

« La précision. C’est ce dont nous avons besoin. » Et dans un MotoGP où tout se joue au millième : « il faut travailler dur chaque jour. Il y a tellement de choses qui influencent la performance qu’on ne peut rien négliger. »

Ils sont prêts à s’appeler après chaque débriefing, à travailler à distance, à se retrouver dès que possible. « Sans aucun doute, je serai là pour les premières courses et les essais. »

Puis Lorenzo lâche une dernière provocation : « j’espère que cette relation sera fructueuse… On va peut-être tout exploser ! »

Réponse amusée de Maverick : « l’autre jour, nous avons passé 5 heures ensemble, tout s’est bien passé. »

Lorenzo conclut : « oui, nous avons écrit dans le cahier, regardé des vidéos de motivation et parlé de beaucoup de choses. »

La collaboration est lancée sur un mélange de grande humilité de la part de Viñales et d’exigences maximales de la part de Lorenzo, visant à créer un pilote « aussi complet que possible ».

2026 sera l’année de vérité. Soit cette alliance donnera naissance à un Viñales nouveau, capable enfin de concrétiser son immense talent, soit elle actera l’échec définitif d’une carrière pleine de promesses non tenues.

Une chose est sûre : avec Lorenzo dans son coin, Viñales n’aura plus aucune excuse. Le compte à rebours est lancé.

Vinales

Maverick Vinales

 

 

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