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Aprilia MotoGP

Nous avons beaucoup parlé de l’affaire Jorge Martin, mais je me suis rendu compte que je n’avais pas encore dédié un seul article à Aprilia depuis le début de saison MotoGP. Pourtant, il s’agit d’un constructeur important, sans doute le deuxième meilleur après Ducati depuis 2022. Où en est la firme de Noale ? Pourquoi se fait-elle si discrète ?

Un classement tronqué

 

Mon premier réflexe, bien sûr, fut de me pencher sur le classement constructeur, censé refléter la hiérarchie des marques impliquées en MotoGP. Et à ma grande surprise, après le Grand Prix de France, Aprilia figure en dernière position. Le pire, c’est qu’avec 62 points, ils ne sont même pas si proches de l’avant-dernier, à savoir, Yamaha (72 unités). Au classement des équipes, le constat est à peu près similaire : la formation d’usine est en avant-dernière place. Alors, effectivement, Marco Bezzecchi est tout seul. Mais Trackhouse Racing, pour qui les deux pilotes ont disputé toutes les manches jusqu’à maintenant, pointe huitième. Ce n’est pas fameux.

 

Aprilia MotoGP

On entend plus trop Marco Bezzecchi. Photo : Michelin Motorsport

 

Cependant, je pense que ce n’est pas si grave. Comme nous le reverrons, il y a eu quelques résultats encourageants. Cette situation comptable est grandement influencée par l’absence du champion du monde en titre, Jorge Martin. Blessé depuis Sepang, il n’a pu disputer qu’une course Sprint depuis le début de la saison, au Qatar, avant de s’amocher à nouveau le lendemain. Aujourd’hui, il veut apparemment quitter hâtivement Aprilia comme nous l’avons vu dans une analyse précédente. Ce n’est pas glorieux, mais forcément, se passer d’un tel pilote n’est pas sans conséquence pour le classement général.

Jorge Martin incarnait la volonté d’Aprilia de se rapprocher du titre de champion du monde, au moins celui destiné aux pilotes. Je ne pense pas que la RS-GP soit devenue si mauvaise en huit mois, mais quelques éléments retiennent quand même les trois pilotes actifs à son guidon.

 

Les problèmes d’Aprilia en MotoGP

 

J’ai identifié deux problèmes majeurs que rencontre Aprilia. Premièrement, le comportement de la moto en début de course. Tous les pilotes s’accordent à dire qu’il y a un souci avec le grip de la moto lorsqu’elle chausse de nouvelles gommes, et il semblerait que cette gêne s’accentue lorsque le réservoir est plein. C’est grave, car les entames sont absolument cruciales à notre époque, pour ne pas dire qu’elles déterminent le résultat de chaque manche disputée sur le sec. Il s’agit donc d’un problème intrinsèque, mais ce n’est pas le seul.

Selon moi, un autre paramètre extrinsèque nuit fortement à la progression de la firme de Noale. Il s’agit du régime actuel de concessions. En effet, seuls les constructeurs japonais sont encore autorisés à travailler sur le moteur, entre autres énormes avantages. Yamaha comme Honda ont décidé de mettre le paquet depuis le début de l’année, et forcément, ça paye. Le but de cette manœuvre était, je l’imagine, d’essayer de limiter la domination de Ducati et de séduire quelque peu les Nippons, qui essuyaient déception sur déception depuis plusieurs années.

Effectivement, ça marche. Yamaha et Honda sont à nouveau dans la course, et ils combinent pour deux pole positions et une victoire en six manches. Mais Ducati a beaucoup d’avance, à tel point qu’avant le début de saison, la firme de Borgo Panigale était la seule dans sa catégorie de concessions (qui sont divisés en quatre rangs : A,B,C et D). Ducati est en A, et personne n’est en B, c’est vous dire. KTM et Aprilia étaient en catégorie C, et Yamaha et Honda en D. Le problème, c’est qu’entre la C et la D, il y a comme un monde d’écart avec la possibilité de continuer le développement des moteurs ! Du coup, Aprilia et KTM se retrouvent avec les inconvénients subis par Ducati, mais pas les avantages dont bénéficient Yamaha et Honda. Aprilia, en C, devra composer avec le même moteur en 2025 et 2026, comme Ducati, alors que Yamaha travaillait il y a peu sur quatre moulins en même temps ! – Celui qui a débuté la saison 2025, le nouveau introduit le lundi de Jerez, le fameux V4 et le prochain, de 850cc.

 

Aprilia MotoGP

Raul Fernandez, l’une des plus grandes déceptions de cette année. Photo : Michelin Motorsport

 

Je trouve cela assez dommage qu’Aprilia et KTM soient à ce point pénalisés par cette hiérarchie, d’autant plus que la première de ces marques citées n’est vraiment pas passée loin d’être reléguée en catégorie D à la fin de la saison dernière, ce qui, contre-intuitivement, l’aurait sans doute aidé.

 

Des pilotes Aprilia décevants

 

Bon, après, la piste rend aussi son verdict. Et je dois dire que je m’attendais à mieux de deux pilotes en particulier : Marco Bezzecchi et Raul Fernandez. L’Italien, qui commençait bien, semble se perdre à mesure que les semaines passent. Il est en constante régression depuis le début de l’année et n’est toujours pas rentré dans le top 5 ; par ailleurs, il a terminé 14e des deux dernières courses dominicales. Raul Fernandez, dont je questionne encore la présence en MotoGP, est actuellement 18e du général, n’a jamais fait mieux que septième, ne compte aucune apparition dans les points en Sprint, et a 28 points de moins que son coéquipier rookie Ai Ogura. Ça fait beaucoup.

Le Japonais, parlons-en. Il est définitivement plus discret qu’au Grand Prix de Thaïlande, mais reste un très bon pilote. Classé 10e, Ai est très solide, à cinq points seulement de Fermin Aldeguer, 8e. Il a toutes mes félicitations.

Pour conclure brièvement, je pense que le début de saison d’Aprilia est logique au vu du régime qu’il doit suivre et de l’absence de Jorge Martin. Hormis pour Raul Fernandez, il n’y a pas vraiment lieu de s’inquiéter à ce stade de la saison, même si la suite de « l’affaire Martin » pourrait tout changer.

Je suis curieux d’avoir votre avis sur Aprilia, alors, dites-le-moi en commentaires !

Pour rappel, cet article ne reflète que la pensée de son auteur, et pas de l’entièreté de la rédaction.

 

Le bilan est tronqué par la disqualification d’Ai Ogura au Grand Prix d’Argentine, mais c’est le jeu. Photo : Michelin Motorsport

 

Photo de couverture : Michelin Motorsport

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