Aujourd’hui, Parlons MotoGP se concentre sur les rumeurs qui entourent Pedro Acosta. Peu en parlent, et pourtant, le prodige espagnol fait un début de saison somme toute décevant, notamment par rapport à sa formidable fin d’exercice 2024 – où il était le seul à inquiéter les Ducati. Depuis, de nombreuses personnes influentes se sont exprimées, et certains, comme Kevin Schwantz, lui ont même conseillé de ne pas avoir peur s’il fallait un jour quitter KTM. Qu’en penser ?
Pedro Acosta en MotoGP, trop discret
Cet hiver, nous avons vu le personnage de Pedro Acosta prendre en épaisseur. Certes, il est désormais beaucoup moins aimé des fanatiques de Marc Marquez depuis sa blague à la télévision espagnole, mais je suis tout de même heureux de voir un pilote au caractère marqué dans cette ère. Cependant, c’est toujours mieux quand ça s’accompagne des résultats qui vont bien, et de ce point de vue, on ne peut pas dire que ce soit grandiose.

Pedro Acosta fait toujours partie du gratin, évidemment. Photo : Michelin Motorsport
Étant donné que la réalisation internationale s’obstine à ne montrer que les trois premiers et Marc Marquez à chaque course, on ne le voit plus beaucoup à l’écran. Je me suis donc sérieusement penché sur ses résultats, et ce qu’il fait est loin d’être mauvais. Il est actuellement le premier pilote KTM au classement général (10e), un point devant Brad Binder. L’écart entre les deux est à peu près similaire à celui de l’année dernière. Il a fait quelques bons résultats en Sprint, mais le début de son année 2025 fut altéré par deux chutes dominicales, ce qui n’aide pas sa situation comptable.
Alors, certes, c’est vrai qu’il est relégué au second plan par Maverick Vinales depuis deux courses. C’est un fait. Mais je ne pense pas que ça en fasse un piètre pilote pour autant ; dans un bon jour, « Top Gun » est injouable. Si vous suivez le MotoGP depuis un certain temps, vous saurez qu’une ou deux bonnes performances consécutives de Maverick peuvent être suivies de quinze très moyennes, donc il n’y a pas de honte à perdre de temps en temps contre ce pilote, et ce, malgré son statut de satellite. Si l’on prend individuellement le cas Acosta, il n’est pas excellent, mais pas ridicule non plus.
Ce qui saute aux yeux, c’est plutôt le niveau de performance de la KTM, qui n’a fait que régresser depuis 2023. Binder, le fer de lance de l’écurie depuis 2020, peine toujours autant à s’imposer dans les médias comme sur la piste. Et forcément, on a un peu l’impression qu’Acosta « gâche » ses meilleures années avec un constructeur absent des avant-postes, et, qui plus est, en difficulté financière.
Faut-il qu’il parte ?
C’est pourquoi de nombreuses rumeurs courent dans le paddock concernant le cas Pedro Acosta. Doit-il persister indéfiniment avec KTM ? D’un côté, cela ne fait que cinq courses que la RC16 est un peu moins bien, et encore, si ce n’était pour cette histoire de pression, Maverick était sur le podium au Qatar. Elle était encore assez performante en 2024, donc c’est plus la dynamique qui inquiète. L’année dernière, nous avions un Pedro Acosta investi dans sa mission, prêt à enfin faire passer KTM dans la dimension de Ducati et quitter celle d’Aprilia. Cette fois, c’est différent. Son manager Albert Valera a déjà « averti » KTM, jugez plutôt : « Mon travail est de trouver la meilleure moto pour Pedro. On espère que ça sera la KTM, mais si ce n’est pas elle, alors on cherchera ailleurs ». C’est clair comme de l’eau de roche.

Il est vrai qu’il était meilleur début 2024, c’est un fait. Photo : Michelin Motorsport
La question se pose donc : va-t-il partir ? Pour l’instant, tout porte à croire que non. Pedro a déjà exprimé sa gratitude envers KTM, écurie avec laquelle il s’est imposé en Moto3 comme en Moto2. De plus, son contrat court jusqu’en 2026. C’est demain, me direz-vous, mais une saison peut faire la différence à l’échelle d’une carrière. Sauf dépôt de bilan des Autrichiens, je ne pense pas qu’il s’en ira. Je pense même que KTM, avec Aki Ajo à la barre, peut faire de très belles choses.
Mais cet intertitre était une question bien différente : faut-il qu’il parte ? Pour moi, non, pas pour l’instant. KTM n’a pas galéré assez longtemps pour qu’il rejoigne Ducati. J’évoque cette marque, car aucune autre ne représenterait une véritable amélioration. À court terme, on pense aussi à Honda, et d’ailleurs, c’est là que l’envoient les rumeurs. Mais il ne faut pas oublier que le retour des Japonais est quelque peu artificiel, comme je l’ai plus amplement expliqué dans cet article. Il faudra réellement attendre 2027 pour savoir si les entreprises nippones sont technologiquement toujours dans le coup ou non.
De ce fait, je pense que trahir la confiance de KTM pour disputer la seule année 2026 sur une Ducati privée ne vaudrait pas le coup. Selon moi, il doit aller au bout de son contrat, et seulement après, la question doit se poser. S’il sent, en interne, que ça ne va plus, qu’il y a des problèmes structurels ou pire, budgétaires qui impactent le programme MotoGP – pilotes impayés, ce qui arrivait par le passé en Formule 1 au sein d’équipes douteuses –, alors il doit prendre le risque de s’en aller.
J’ai conscience qu’un tel choix peut s’avérer difficile, car il n’a connu que KTM. Mais je n’étais pas fan de la prolongation de Quartararo chez Yamaha, pas plus que de la signature de Zarco chez Honda. Acosta fait partie des meilleurs pilotes, et pour moi, les meilleurs pilotes doivent avoir les meilleures motos. En 2027, la hiérarchie sera difficile à établir, comme c’est le cas à chaque révolution réglementaire. S’il sent que KTM n’est pas prêt, alors il ne doit pas hésiter une seule seconde. Rester par excès de fidélité, peur de sortir de sa zone de confort ou par cupidité reviendrait à gâcher le précieux, mais court moment de sa vie alloué à sa passion, exactement Kevin Schwantz, qui regrette d’être resté toute sa carrière avec Suzuki.
Quel serait le bon choix, selon vous ? Dites-le-moi en commentaires !

Je crois toujours en lui, il peut encore devenir une légende. Photo : Michelin Motorsport
Photo de couverture : KTM