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Johann Zarco

Johann Zarco est (encore tombé) lors du Grand Prix de Catalogne il y a quelques jours. S’il est impossible de remettre en cause son talent ou sa vitesse, une statistique assez affolante m’a alerté durant la course. Aujourd’hui, penchons-nous sur le frenchie.

 

Johann Zarco un poil absent ?

 

Vous conviendrez que la victoire de Zarco au Mans fait de sa saison une réussite, quoi qu’il advienne par la suite. Effectivement, gagner dans sa deuxième année avec une moto globalement aussi peu compétitive relevait de l’exploit, un terme justement employé pour décrire sa performance sous les contrariés cieux manceaux. Cependant, après une deuxième place sur le sec à Silverstone lors du Grand Prix suivant, je m’étais imaginé, comme beaucoup je l’espère, que Zarco passerait dans une autre dimension, celle des outsiders réguliers au podium, car on sait combien il est appliqué lorsqu’il s’y met. Le problème, c’est qu’il a connu des week-ends plus difficiles par la suite. Entre chutes et manque de confiance en sa machine, les semaines se succédèrent, sans grand changement. Pour être honnête, je ne prêtais pas trop d’attention à cette période en apparence un peu plus délicate, mais sans être catastrophique non plus.

 

Johann Zarco

Ces chutes sont sans conséquence pour le moment, mais j’ai un peu peur, car il est très facile de se blesser en 2025. Photo : Michelin Motorsport

 

Pendant le Grand Prix de Catalogne, après sa chute, les commentateurs britanniques du feed officiel MotoGP.comnon biaisés par le chauvinisme – ont relevé une statistique impressionnante, qui m’a fait l’effet d’un électrochoc. Depuis cette deuxième place à Silverstone il n’a plus réalisé le moindre top 10 lors d’un GP. Lorsque j’ai entendu cela, j’ai immédiatement été vérifier, car ça me paraissait presque trop gros pour être vrai. Mais, comme souvent avec les commentateurs anglais, tout était vrai. Je n’en revenais pas.

Nous vivons une série de huit courses consécutives sans le moindre top 10 de Zarco le dimanche. Sur cette période, il compte cinq abandons, soit autant que sur ses deux dernières saisons cumulées ! Le samedi après-midi, c’est un peu mieux, avec quatre entrées dans les points en Sprint, dont deux septièmes places pour meilleur résultat. Indépendamment, ces chiffres font déjà peur, mais ce n’est rien quand on les compare à d’autres.

Commençons par le mettre en opposition avec… lui-même, sur le début de saison. Sur les sept premières manches, avant le début des ennuis, il comptait bien évidemment une victoire et une deuxième place, mais également trois autres tops 10, dont une merveilleuse quatrième place au Qatar, une quatrième place en Sprint en Argentine, et une cinquième position en Sprint à Silverstone. Côté points, il a marqué 97 points sur les sept premières manches, contre 20 sur les huit dernières. Vous rendez-vous compte ? Aucun autre pilote sur la grille n’a connu une telle baisse de forme sur la même période.

 

 

Johann Zarco, toujours le n°1 ?

 

Effectivement, il ne faut pas tirer de conclusions en se basant uniquement sur des périodes courtes. Mais je voudrais tout de même rappeler que le Grand Prix d’Aragon, là où les difficultés ont commencé, s’est disputé le 8 juin, il y a deux mois à un jour près. Sur une saison de MotoGP, c’est un échantillon significatif.

Si la comparaison avec lui-même pouvait paraître assez cruelle, opposons-le désormais aux autres pilotes Honda. Bien sûr, j’exclus volontairement son coéquipier Somkiat Chantra, car je n’aime pas tirer sur l’ambulance, surtout quand celle-ci perd de l’huile et qu’elle a une crevaison lente. Actuellement, Johann Zarco compte 117 unités au compteur, ce qui donne une moyenne de 7,8 points marqués par week-end. Si l’on s’en tient à cela, Joan Mir, le pilote officiel, n’est qu’à 3,3 points marqués en moyenne. Mais sur les huit dernières courses, croyez-le ou non, Mir surclasse Zarco malgré quatre chutes ! L’Espagnol compte 32 points sur cette période, contre 20 pour Johann.

Que dire de Luca Marini, assurément la belle surprise de cette saison. D’abord, en moyenne, l’Italien tourne à 6,8 points marqués par rendez-vous, ce qui est finalement assez proche du bilan du Français. Ensuite, lors des huit dernières courses disputées par celui-ci, il a marqué 56 unités, soit près de trois fois plus que le pilote LCR.

 

Les raisons

 

Johann Zarco

l’ADN de la Honda ne doit pas être facilement maîtrisable, car il ne faut pas oublier que Joan Mir ne chutait pas beaucoup sur Suzuki. Photo : MotoGP

 

Le plus vicieux dans cette histoire, c’est qu’il semble difficile de comprendre pourquoi. À entendre Zarco, c’est comme s’il avait perdu le fil du développement, comme si, sur certaines courses, il n’avait pas de sensations, de retour d’information au guidon de la RC213V. Cela en ferait une machine assez imprévisible, floue, sur laquelle il est facile de commettre une erreur. Pour l’instant, nous n’avons pas vraiment d’indications plus précises concernant ses ennuis. D’un autre côté, cela illustre à quel point l’effort de Luca Marini est impressionnant : c’est le seul pilote qui n’a encore pas chuté de la saison, alors qu’il roule une moto apparemment assez illisible. De plus, du pur point de vue du rythme, il se rapproche beaucoup de Zarco à mesure que les semaines passent, en témoigne le GP de Catalogne où, sur une piste qui réussit plutôt au Français, Marini était au contact et très performant jusqu’à un tour de la fin.

 

Conclusion

 

Ne vous y trompez pas : je reste convaincu que Johann Zarco est d’assez loin le meilleur pilote Honda. Sa vitesse, d’ailleurs, n’est approchée par aucun autre pour le moment au sein de la firme ailée. Cependant, il n’arrive pas à capitaliser sur cette impressionnante vélocité, et ceci lui coûte énormément de points. Il fait une très bonne saison, mais cette série de résultats en dedans semble entamer quelque peu sa confiance. Oui, il y a eu cette histoire d’améliorations auxquelles il n’a pas eu accès, d’après lui, mais j’ai du mal à croire que les pièces mentionnées comblent, en quelques semaines, l’écart de niveau qui le séparait d’un Luca Marini, par exemple.

Cela reste donc à surveiller, car il est finalement assez rare de voir un changement total de dynamique en si peu de temps.

Je suis curieux de savoir ce que vous pensez de la situation. Dites-le-moi en commentaires !

Pour rappel, cet article ne reflète que la pensée de son auteur, et pas de l’entièreté de la rédaction.

 

Zarco est un grand pilote, il peut se relever. Mais cette tendance est à surveiller. Photo : Michelin Motorsport

 

Photo de couverture : Michelin Motorsport

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