Quel Grand Prix formidable de Marco Bezzecchi à Misano. Certes, il n’a pas pu battre Marc Marquez dimanche, mais, après tout, il aurait été presque impossible de venir à bout d’un homme en mission, prêt à se venger d’une foule hostile. Marco n’a pas démérité pour autant, et il a montré, une fois de plus s’il en fallait une, qu’il était l’un des pilotes les plus résilients du plateau.
Bezzecchi est-il le16 seul à pouvoir faire ça ?
Bien sûr, je sais qu’Alex Marquez a battu Marc il y a un peu plus d’une semaine à Barcelone, mais j’ai réellement l’impression qu’en termes de rythme, Bezzecchi est l’homme le plus proche du n°93. À de nombreuses reprises, on a vu l’octuple champion du monde doubler son petit frère, sans que ce dernier ne puisse répliquer. Bezzecchi, comme en Autriche, n’a rien lâché, et a tout de même eu le mérite de conserver cette pression jusqu’à la fin. C’était aussi visible, dans une moindre mesure, en Allemagne, avant sa chute, bien sûr. Je ne veux absolument pas manquer de respect à Alex, mais à mes yeux, Marco représente davantage une menace pour Marquez que le pilote Gresini, un peu trop tendre lorsqu’il est derrière son frangin.

Marquez a dit lui-même que Bezzecchi était le plus inquiétant en termes de rythme en ce moment. Photo : Michelin Motorsport
Sa progression est fulgurante, et il s’est transformé, en moins de six mois et avec une machine qu’il ne connaissait pas, en un monstre en qualifications, ce qui lui faisait parfois défaut. Il l’a encore prouvé avec une pole position à domicile, sa deuxième cette saison. Encore une, et il égalera ses trois réalisations de sa merveilleuse année 2023. L’Italien a su faire un reset complet pour oublier son très mauvais exercice 2024, et repartir sur de bonnes bases en tant qu’officiel Aprilia. Mentalement, c’est fort. Il pourrait parfaitement terminer l’année avec la meilleure campagne effectuée par un pilote de la firme de Noale en catégorie reine tant il est impactant.
Un pilote à part
Ce week-end, nous avons aussi assisté au « Bezzecchi show ». Sa célébration après le Sprint était juste excellente, et reprenait l’idée du film Tre uomini e una gamba, où trois hommes doivent traverser l’Italie du nord au sud en trimballant une jambe de bois, œuvre d’un artiste nommé Garpez (GarBez, pour le jeu de mots). Bezzecchi est assurément l’un des pilotes les plus charismatiques du paddock, et c’est pourquoi je l’adore : il dit ce qu’il pense, s’impose toujours de manière extravagante et fait des célébrations – un élément important qui se perd. Marco est doté d’une aura particulière, que peu de pilotes, finalement, possèdent.
C’est un contraste majeur avec les autres éléments de la VR46 Academy, ce qui est paradoxal, après tout. Là où Valentino Rossi était le roi de la provocation marrante à la fin des années 1990 et au début des années 2000, tous ses élèves sont des pilotes discrets, efficaces, et finalement peu charismatiques… sauf un. Je pense à Pecco Bagnaia, par exemple, qui n’a jamais conquis les foules, mais également à Franco Morbidelli ou à Luca Marini. Aucun ne se détache réellement grâce à sa personnalité, et, au milieu de tout ça, on a Marco Bezzecchi, qui tranche complètement avec tout le reste de ses collègues.
The leg is back! 🦵#SanMarinoGP 🇸🇲 pic.twitter.com/uWBTqbUAPx
— MotoGP™🏁 (@MotoGP) September 14, 2025
Ceci dit, il partage beaucoup de qualités avec ses camarades. Marco est quelqu’un qui dépasse toujours proprement, et qui respecte ses adversaires ; c’est le sujet du prochain point.
Un comportement exemplaire
Si l’on se fie à ma description, on pourrait croire qu’il ressemble à un Valentino Rossi bis. Ce n’est pas vraiment le cas, et il n’est pas question de talent ici, vous l’avez bien compris. Contrairement à « The Doctor », Bezzecchi s’amuse, mais sans manquer de respect à ses adversaires. Attention, je ne dis pas qu’être arrogant est un vilain défaut, car les grandes rivalités me manquent. Simplement, qu’à Misano, Bezzecchi a calmé la situation à sa manière en disant qu’il fallait respecter tout le monde ; il a d’ailleurs chaleureusement congratulé Marc Marquez alors qu’il lui aurait été facile d’imiter son mentor Valentino Rossi, qui a, entre autres, souri au moment de la chute de l’Espagnol lors du Sprint.
Bezzecchi, une Future superstar ?

C’est encore un peu tôt pour le dire, mais oui, il en a le potentiel. Photo : Michelin Motorsport
Venons-en au titre de l’article. Je pense sincèrement que Marco Bezzecchi a de quoi devenir une grande star du MotoGP. Actuellement, notre sport manque cruellement de gros caractères. Pecco Bagnaia et Jorge Martin ont dominé les saisons 2023 et 2024, mais leur charisme n’a pas marqué grand monde. On pourrait dire la même chose du transparent Brad Binder. D’après moi, il n’y a que deux stars, actuellement, en MotoGP : Marc Marquez et Fabio Quartararo, qui, de par leur aura, dépassent le cadre de notre sport. Certains pourraient penser que Quartararo n’en est pas une, car il n’est pas réellement connu du grand public, et je suis prêt à entendre cet argument. Cependant, il faut reconnaître qu’il a un impact non négligeable sur les sports mécaniques en général, en témoignent ses connexions avec Lewis Hamilton et d’autres célébrités.
Bezzecchi, avec ses airs je-m’en-foutistes et son talent, pourrait rejoindre ce petit groupe. D’autres ne sont pas loin, notamment Pedro Acosta qui est fait du même bois. Le statut de star va de pair avec les bons résultats, car, pour être connu, il faut passer beaucoup de temps au top, avoir une certaine régularité. Truster les premières places permet de se confronter souvent aux autres pilotes les plus en vue, ce qui peut donner naissance à une rivalité, le meilleur moyen pour se faire remarquer des gens non intéressés par le sport. C’est un peu le problème de Bastianini, qui a le caractère pour passer dans cette catégorie, mais ni les résultats, ni l’habitude de figurer aux meilleures positions.
Selon vous, Marco Bezzecchi a-t-il les épaules pour être une future star du championnat MotoGP ? Dites-le-moi en commentaires !
Pour rappel, cet article ne reflète que la pensée de son auteur, et pas de l’entièreté de la rédaction.

Aura farming. Photo : Michelin Motorsport
Photo de couverture : Michelin Motorsport