Parlons MotoGP : Voici pourquoi Honda doit faire très attention

Les rumeurs ne font que s’amplifier dans le paddock ; en MotoGP, Honda est actuellement en train de se reconstruire et cela passe aussi par le recrutement de pilotes de premier plan. Quelles sont les options disponibles, et surtout, quels choix sont à éviter ? Analyse.

Aujourd’hui, je vais revenir sur les principaux pilotes concernés par les bruits de couloir et donner mon avis pour chacun d’eux.

 

La solution évidente… ou pas ?

 

Débutons par Johann Zarco, le dernier vainqueur en date. Le recruter paraît assez évident au vu de ses résultats récents. Certes, il a déjà 34 ans, mais ceci peut s’avérer être un avantage pour Honda. Je pense qu’il coûterait moins cher que ceux que j’évoquerai dans quelques instants, et le fait qu’il soit actuellement employé par LCR faciliterait l’aspect logistique de cette signature.

 

 

Le seul problème, c’est que Zarco et son manager ont déjà affirmé qu’ils se sentaient bien chez LCR. L’entente avec Lucio Cecchinello semble parfaite, et convient bien à notre Johann national, qui voulait s’éloigner de cette pression du résultat omniprésente chez KTM et Ducati Pramac. Effectivement, je pense que l’écurie satellite est une meilleure option pour lui ; signer pour l’usine MotoGP ferait sens, mais je comprendrais tout à fait qu’à ce stade de sa carrière, il refuse et favorise son confort – qui se traduit en performance.

De plus, et c’est triste à dire, mais je pense que Honda a besoin d’une superstar, du niveau de Quartararo chez Yamaha. Et Zarco, même s’il est doté d’un grand talent, n’incarne pas le futur du championnat ; qui sait, par exemple, s’il fera encore partie du paddock en 2027 après le changement de règlement. Je pense qu’il est important qu’un pilote puisse faire la transition et miser sur Zarco maintenant est peut-être un peu risqué.

 

Impossible

 

Vient le moment d’évoquer la piste Toprak Razgatlioglu, qui, chaque année, revient sur le tapis. Comme détaillé dans un précédent article, je n’y crois pas du tout, notamment en raison du niveau inférieur du championnat Superbike. Hormis sa nationalité, je ne vois aucun avantage à signer Toprak plutôt que Johann Zarco ou les deux autres larrons que je vais présenter.

 

La piste la plus chaude

 

L’affaire Martin a éclaté depuis bientôt une semaine, et on sait que Honda joue un rôle majeur dans celle-ci. Massimo Rivola aurait d’ailleurs rencontré des décisionnaires de la marque ailée au Mans, ce qui ne fait qu’enfler la rumeur. Martin se séparerait d’Aprilia pour rejoindre l’équipe d’usine Honda, et clairement, ce transfert ferait sens d’après les critères précédemment détaillés (force jeune, impactant, prêt à incarner un projet ambitieux, rapide). Sauf que je pense que ce n’est pas la meilleure option. Voici pourquoi.

 

 

À l’heure où ces lignes sont écrites, rien n’a été communiqué par Martin et Aprilia – ce qui ne fait que rendre l’affaire plus crédible. Si Martin quitte la firme de Noale de cette manière, après s’être extirpé d’un contrat KTM en 2020, alors comment s’assurer qu’il ne refera pas la même chose chez Honda ? Est-il si fiable que ça ? Comment anticiper les réactions de son manager, Albert Valera, au vu de ce qu’il se passe actuellement chez Aprilia ? Et surtout, point qui n’a encore été discuté nulle part, comment s’assurer de sa santé physique début 2026 si jamais un imbroglio contractuel l’empêche de rouler jusqu’à la fin de saison ? Imaginez une rupture totale entre le « Martinator » et Aprilia, qui se prolongerait au tribunal. Miser sur un Jorge Martin assez souvent blessé en carrière suite à une telle période d’indisponibilité serait assez risqué. J’ai plus d’un exemple en tête de pilotes qui ne sont jamais bien revenus après six mois d’absence. Quid d’une nouvelle chute ? Quid d’un manque total de compétitivité ?

Si « l’affaire Martin » est vraie, alors l’Espagnol est en pole position pour rejoindre Honda, car il n’aurait jamais pris un tel risque s’il n’avait pas déjà un point de chute. Mais, selon moi, ce n’est certainement pas la meilleure option, car beaucoup d’incertitudes entourent le champion du monde 2024. Ça peut être payant, mais je ne m’y risquerais pas, surtout au vu de la somme qu’il peut demander en raison de son palmarès.

 

La bonne affaire

 

Ce n’est que mon avis, mais je ne vois pas comment Pedro Acosta ne réussirait pas chez Honda. Je pense que c’est sur lui que la firme ailée doit concentrer ses efforts. Acosta est jeune, dynamique, très rapide, stagne chez KTM – et a donc tout intérêt à s’en aller –, est Espagnol, rêve de se former un palmarès, paraît ultra-motivé et n’a pas peur du challenge. Beaucoup, dans le paddock, incitent Acosta à ne pas gâcher son temps avec un constructeur en déclin, et je pense que Pedro est au courant de la situation financière de KTM, sans même parler des performances de la RC16 qui régressent depuis 2023.

Peut-être était-ce dû à l’ancien accent espagnol de cette équipe, mais ce transfert me paraît assez naturel. Cela s’explique aussi, sans doute, par la ressemblance avec Marc Marquez autant dans la carrière qu’au niveau du profil.

 

Quelle équipe constituer ?

 

Honnêtement, je ne vois pas beaucoup d’arguments objectifs qui me feraient choisir, là, tout de suite, Martin plutôt qu’Acosta… hormis son contrat. Celui de Pedro va jusqu’à la fin 2026, et, apparemment, il voudrait l’honorer. Mais qui sait ce que l’avenir nous réserve après l’affaire Martin ? Valera ne pourrait-il pas trouver une nouvelle clause obscure dans le bout de papier qui lie Acosta à KTM ? Au moment d’écrire ces lignes, Acosta n’est pas le favori pour le poste en partie à cause de cette raison.

Je vais vous donner deux exemples de quatuors qui tiennent la route, en imaginant l’éviction de Joan Mir plutôt que celle de Luca Marini – ce qui me semble logique –, mais aussi la prolongation de Chantra pour des raisons extrasportives. La meilleure line-up serait, à mon sens, constituée de Luca Marini et Somkiat Chantra chez LCR, avec Pedro Acosta et Johann Zarco au sein de l’équipe officielle. Ça ferait un bon compromis entre l’expérience, la fougue, la continuité et la rupture. Mais on peut aussi imaginer la plus probable paire Zarco/Chantra chez LCR avec Marini/Acosta dans la formation d’usine. Elle me plaît beaucoup. Si je devais parier sur ce qu’il va arriver, en tenant compte des dernières nouvelles qui nous sont parvenues, je pense que Honda peut aligner Mir/Martin sur ses motos principales et Zarco/Chantra sous l’égide de Cecchinello.

Si vous étiez à la tête du HRC, qui choisiriez-vous ? Dites-le-moi en commentaires !

Pour rappel, cet article ne reflète que la pensée de son auteur, et pas de l’entièreté de la rédaction.

 

 

Photo de couverture : LCR