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Acosta

Alors que les rumeurs autour de son avenir enflent à mesure que les jours passent, je remarque que beaucoup d’observateurs, y compris des consultants, doutent du potentiel de Pedro Acosta. Il faut dire qu’à son arrivée en MotoGP, on en parlait comme un crack, un génie de la trempe de Marc Marquez. Un an plus tard, toujours aucune victoire, en Sprint comme en Grand Prix, et des résultats mitigés sur ce début d’année. Alors, est-il vraiment un génie ?

 

Des arguments compréhensibles

 

Ma position sur le sujet est simple : je pense effectivement que Pedro Acosta est très spécial, et je ne cesse de le dire depuis 2021, année où il remporta le titre Moto3 en tant que rookie. Avant son arrivée en catégorie reine, j’étais très impatient de le voir se frotter aux meilleurs pilotes du monde, car je pensais qu’il pouvait avoir un grand impact sur notre sport, grâce à son talent, mais aussi à sa personnalité.

 

Acosta

Acosta s’est affirmé, c’est indéniable. Photo : KTM

 

Côté caractère, il divise, car il sait qu’il faut jouer avec les foules. Moi, ça me plaît, ces déclarations un poil arrogantes. Mais je comprends que ça ne soit pas partagé par tout le monde – après tout, c’est le but. Côté résultats, ça pêche un peu, et c’est pour cette raison que j’entends les arguments de ceux qui affirment qu’il n’est pas fait du même bois que les légendes, même à son jeune âge.

En 2025, c’est particulièrement flagrant. Toujours aucune apparition sur le podium, deux résultats blancs en sept courses… c’est maigre, surtout lorsque l’on compare ceci à Marc Marquez au même âge, puisque le nom d’Acosta était dans de telles discussions avant son arrivée en MotoGP – et en étant très honnête, j’y ai contribué.

À vrai dire, on ne le voit même plus à l’écran, ce qui est assez révélateur. En 2024, lors de sa saison rookie, j’avais critiqué la réalisation en disant qu’elle se concentrait uniquement sur le top 3, et Pedro Acosta, peu importe où il était. Et cette année, ça n’est même plus le cas, ce qui veut dire qu’il n’est plus l’homme du moment. Je crois que c’est justement ça, le propos. Sa cote a pas mal baissé. Personne, dans le paddock, ne l’évoque comme un pilote qu’il faut absolument avoir avec soi. Oui, il y a bien des rumeurs de transfert, mais on ne parle pas de lui comme de Marc Marquez en 2022, et, à ce que je sache, elles ne concernent « que » Ducati VR46 : Honda, qui montrait apparemment de l’intérêt pour lui il y a quelques semaines encore, préférerait plutôt miser sur Jorge Martin si l’on en croit les dernières informations.

Tout cela est assez parlant, donc, et on peut sans doute s’accorder sur le fait que Pedro Acosta n’est plus aussi valuable. Beaucoup s’attendaient à mieux, et en un sens, la piste leur donnent raison. Sauf qu’il n’y a pas que ça qui compte.

 

M. Acosta

 

On peut voir le verre à moitié vide, mais également à moitié plein. Je fais plutôt partie de cette seconde catégorie. Pedro Acosta n’a peut-être pas eu le même premier bilan que Marc Marquez, mais il ne faut pas oublier le contexte de ses débuts en MotoGP. Quand le désormais octuple champion du monde a signé en catégorie reine, c’était dans l’une des deux seules équipes capables de s’imposer. À l’époque, quatre motos seulement pouvaient remporter les courses, alors que nous sommes déjà à cinq vainqueurs différents consécutivement en 2025. Acosta, lui, est monté chez GasGas Tech3, une écurie qui ne figurait plus sur le devant de la scène depuis la période Miguel Oliveira, en 2020. La KTM rebadgée était loin de rivaliser avec la Desmosedici, et pourtant, en deuxième moitié de saison, il était le seul pilote non Ducati à pouvoir se battre pour des poles et des podiums, voire, des succès, comme au Japon avant qu’il ne chute.

 

Acosta

Acosta fait toujours partie du gratin. Il ne faut pas vivre dans la culture de l’instant. Photo : KTM

 

Effectivement, on aurait tous voulu une victoire. Mais terminer l’année en sixième place du général, avec cinq podiums dominicaux, une pole, largement devant son coéquipier Augusto Fernandez – valeureux champion du monde Moto2 2022 – et à égalité avec le wonder boy Brad Binder, c’est très, très fort. C’est plus qu’impressionnant, à mon sens.

Puis arrive la saison 2025, où, cette fois, il est réellement discret. KTM est dans une situation extrêmement compliquée, et vient seulement d’être « sauvée » par l’investisseur Bajaj. De plus, la RC16 est peu performante. Il est très difficile de performer dans ce contexte. Et pourtant, je trouve que Pedro Acosta s’en sort avec les honneurs !

En neuvième place du classement, il est toujours premier pilote KTM, 13 points devant Maverick Vinales et 24 unités devant Brad Binder, sans parler de Bastianini. « Top Gun » était plus performant par moments, d’accord, mais il ne faut pas oublier que Vinales est capable, après un podium ou une bonne performance, de rater dix Grands Prix d’affilée. Au vu de son passé en MotoGP, je crois qu’il faut attendre avant de tirer des conclusions quant à Maverick ; il m’a trop déçu par le passé.

Acosta, lui, surclasse totalement son coéquipier en qualifications, et a enregistré de beaux résultats sur ces sept premières manches. Hormis sa quatrième place au Mans, acquise dans des conditions particulières, il a réussi à renverser la situation à Silverstone avec une sixième place le dimanche alors qu’il s’élançait 14e. Brad Binder, lui, était en perdition. Et il ne faut pas oublier que le Sud-Africain, à son arrivée dans la cour des grands, était aussi légitimement considéré comme un crack après un sacre exceptionnel en Moto3 fin 2016, de très bonnes saisons en Moto2, et une victoire sur le sec en tant que rookie MotoGP à Brno.

 

Conclusion

 

Compte tenu du contexte, je pense donc que Pedro Acosta n’a rien perdu de sa superbe. Certes, il gâche quelques occasions (Thaïlande, Sprint au Mans), mais on ne peut pas lui reprocher de vouloir pousser avec une moto qui jouait des podiums l’an dernier. S’il arrive sur Ducati, chez VR46 par exemple, je pense qu’on peut s’attendre à une véritable révélation, car ses titres 2021 et 2023 ont démontré qu’il était fait d’une matière peu commune.

Pensez-vous que Pedro Acosta soit un crack ? Sinon, pourquoi ? Dites-moi tout en commentaires !

Pour rappel, cet article ne reflète que la pensée de son auteur, et pas de l’entièreté de la rédaction.

 

La comparaison avec Brad Binder lui est quand même largement favorable. Photo : KTM

 

Photo de couverture : KTM

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