Marco Bezzecchi s’est encore illustré lors du Grand Prix de Tchéquie, grâce à un somptueux dépassement sur Fabio Quartararo, mais pas que. L’Italien est gentiment en train de devenir l’une des forces du plateau : jamais l’adaptation à l’Aprilia RS-GP n’avait été aussi bonne, et franchement, ça fait plaisir à voir. Le « Bez » peut-il maintenant viser plus haut ? Franchement, ça donne envie d’y croire.
Un nouvel animateur du championnat ?
Vous savez que j’adore Marco Bezzecchi, pour sa personnalité, mais aussi et surtout son talent au guidon. Je repense encore fréquemment à son excellente saison 2023, marquée de trois victoires exceptionnelles. Lorsqu’il a signé chez Aprilia alors qu’il traversait une mauvaise passe avec Ducati, ce transfert m’a paru être une bonne idée. Premièrement, il s’émancipait d’une marque saturée en talents, qui, de toute manière, n’aurait sans doute jamais pu lui donner de guidon officiel. Avec Aprilia, il peut s’épanouir, et à la fois réaliser un rêve de gosse : Bezzecchi a toujours affirmé que son souhait était d’être pilote d’usine.

Bezzecchi s’est qualifié quatrième, très solide. Photo : Michelin Motorsport
Même si, contrairement à de nombreux spectateurs – qui pensaient que sa performance dépendait entièrement d’une Desmosedici apparemment parfaite – j’étais très optimiste quant à ce choix, je ne m’attendais pas à ces résultats. Bezzecchi, depuis le début de l’année, a énormément progressé en qualifications, il s’est assagi, s’est professionnalisé, roule avec la tête, et, parfois, demeure le seul capable de rivaliser sur un tour ou deux avec le rythme de Marc Marquez.
Ces efforts se traduisent parfaitement au classement général : à l’heure où j’écris ces lignes, Marco Bezzecchi est quatrième, et ce malgré une chute malheureuse au Sachsenring alors qu’il se dirigeait de nouveau vers un podium. Il a été extrêmement régulier dans la performance, et surtout, a profité au maximum de Grands Prix favorables à sa moto, comme en Grande-Bretagne et aux Pays-Bas.
Marco impressionne et ne cesse de prendre du galon. L’absence de Jorge Martin lui a permis de prendre davantage de place au sein de la firme de Noale, et, peut-être, de donner des directions à suivre, appuyées par de très bons résultats. En interview, on ressent la confiance qui en découle. Je ne vois pas, après le GP de Tchéquie, d’immenses lacunes dans son jeu : il a tout ce qu’il faut pour revenir au top, et, pourquoi pas, rattraper Pecco Bagnaia sur la fin d’année.
Je pense sincèrement que c’est possible, sauf si Bagnaia retrouve la recette miracle qui l’a fait gagner onze fois en 2024. Bezzecchi est 57 points derrière son grand copain au classement, mais il est beaucoup plus proche de jouer une victoire que Pecco. La preuve à Brno, où Bezzecchi s’est débarrassé de tous ses concurrents – avec cet exter’ sur Quartararo, un bijou –, hormis Marc Marquez, bien sûr. Bagnaia, en ce moment, ne roule pas à ce niveau.
On an ABSOLUTE ROLL is Bez with yet another podium 🥈#CzechGP 🇨🇿 pic.twitter.com/pN9xbxkQVS
— MotoGP™🏁 (@MotoGP) July 20, 2025
Qu’est ce que Quartararo vient faire là-dedans ?
À la lecture de ce titre, vous avez peut-être été surpris. Pourquoi mêler Fabio Quartararo à Marco Bezzecchi ? Eh bien, tout simplement, parce qu’il aurait pu être à sa place. De toute évidence, pendant la saison 2024, Aprilia avait fait une offre au pilote français, qui avait préféré continuer avec Yamaha à la surprise générale. Personne ne s’y attendait, car, dans la presse, « El Diablo » s’était montré assez critique envers les bleus. J’avais fait un papier assez polémique à l’époque, où j’affirmais ne pas comprendre ce choix a priori illogique du pur point de vue sportif. Beaucoup étaient d’accord, mais une poignée d’entre vous remettait en question cet avis tranché. Les arguments étaient toujours les mêmes : vous parliez alors de la puissance financière de Yamaha, du rang de concessions, aussi, qui permet à la marque aux diapasons de continuer à développer le moteur, et de bien d’autres paramètres qui relevaient plus du potentiel que du résultat.
Un an après, où en sommes-nous ? Yamaha continue de me décevoir, en gâchant d’énormes occasions, mais aussi, en se focalisant sur ce fameux moteur V4 qui arrivera apparemment au début de la saison prochaine. Sur le papier, c’est vendeur, c’est clair. L’image de Max Bartolini, travaillant d’arrache-pied jour et nuit pour améliorer la moto, avec un café court devant les différents moteurs développés actuellement, est alléchante. Mais dans les faits, que dit la piste ?

Quartararo pourrait-il titiller Marc Marquez sur Aprilia ? Pas sûr. Photo : Michelin Motorsport
Fabio Quartararo est un talent générationnel qui n’est toujours pas en mesure de gagner. Un an plus tard, ses commentaires négatifs continuent, et il disait, après Brno, que la Yamaha manquait de moteur, comme à l’époque. Les autres pilotes ? Ils n’y arrivent pas. Rins n’est nulle part, tout comme l’inexistant Miguel Oliveira. Jack Miller peut briller par moments, d’accord, mais il est tout de même 14e du classement général, toujours pas soigné de son irrégularité chronique.
Cette extension de contrat de deux ans coûte cher, non pas à Yamaha, qui est une marque très puissante, mais à Fabio. Elle lui coûte du temps. Cela fait depuis 2022, soit quatre ans, que la YZR-M1 ne joue absolument rien. Quatre des plus belles années de sa carrière (23-26 ans) résumées en trois victoires, quatre poles, et neuf podiums. Savez-vous ce que représentent quatre années pour un sportif de très haut niveau ? Dans une discipline aussi imprévisible et dangereuse que le MotoGP, c’est une éternité.
Nous ne pouvons faire que de l’uchronie, mais je suis sûr que, si Quartararo avait accepté de rejoindre Aprilia, il serait en train de se battre avec Alex Marquez pour la deuxième place du championnat. Je pense sincèrement qu’il est plus fort que Marco Bezzecchi – qui pourrait dire le contraire ? Avec un contrat de deux ans, il aurait pu avoir le luxe de choisir son équipe pour le début de saison 2027, qui s’annonce absolument crucial pour la suite. Sauf qu’entre-temps, il aurait rappelé à la planète moto qu’il est l’un des meilleurs pilotes de l’histoire récente.
Je vais conclure en redisant ce que j’avais précisé il y a un an : je souhaite le meilleur à Quartararo, et s’il peut me faire taire en gagnant les cinq prochains titres avec Yamaha, je serais le plus heureux des hommes.
Je suis curieux de connaître votre avis sur la question Bezzecchi, et aussi sur le choix de Quartararo. Était-il le bon, après un an de réflexion ? Dites-le-moi en commentaires !
Pour rappel, cet article ne reflète que la pensée de son auteur, et pas de l’entièreté de la rédaction.

On entend souvent dire que les anciens pilotes Ducati n’y arrivent pas ailleurs. Bezzecchi et Zarco prouvent le contraire. Photo : Michelin Motorsport
Photo de couverture : Michelin Motorsport