Il est temps de (re)lancer le débat Joan Mir, car son début de saison MotoGP est inédit – pas dans le bon sens du terme. Si ça continue comme ça, les générations futures auront du mal à croire qu’il fut un jour Champion du monde en catégorie reine. L’officiel Honda n’arrive toujours pas à rester sur ses roues et c’est un problème, pour lui comme pour la firme ailée.
Une statistique effroyable
Si vous pensez, en regardant les Grands Prix motos, que Joan Mir tombe tout le temps, sachez que ce n’est pas qu’une impression. Le double champion du monde en carrière a chuté à neuf reprises sur les onze dernières courses dominicales. En 2025, il n’a terminé qu’une seule épreuve en cinq représentations. Depuis qu’il a signé chez Honda en 2023, il compte 54 % d’abandons. Je n’arrive plus à le défendre.

Joan Mir n’y est plus. Photo : HRC
Certains diront que c’est parce qu’il essaye, qu’il tente des choses au guidon de la récalcitrante RC213V. Alors, c’était peut-être le cas en 2023, lorsqu’il la découvrait, mais de toute évidence, cette Honda n’est plus si mauvaise que ça, en témoignent les performances de Johann Zarco. Regardez Luca Marini, qui est l’une de mes belles surprises de ce début d’année. Avant, on disait que l’Italien était lent, mais lui, au moins, finissait les courses.
En 2025, Marini est parfois plus rapide que Mir, en qualifications mais pas que. Et lui, grâce à sa régularité acquise en 2024, arrive à matérialiser ses progrès, ce que ne peut pas faire l’Espagnol. Marini pointe actuellement en 12e place du classement général, avec, grosso modo, le double de points de Mir. Comment peut-on encore affirmer que le n°36 est le meilleur des deux ?
Neuf abandons en onze courses, c’est du jamais vu pour un pilote officiel au XXIe siècle, et connaissant la puissance des équipes d’usine par le passé, je pense que ce n’est jamais arrivé dans l’histoire des Grands Prix motos mais il faudrait se pencher sur la question. Pour rappel, en 2024, il ne marqua aucun point à dix reprises, dix !
Déjà sur un siège éjectable ?
Mir a du talent, c’est indéniable, mais j’avoue ne pas saisir son approche, sa philosophie. Le problème, c’est que de tels agissements peuvent être pardonnés lorsqu’un pilote découvre une moto, ou que l’équipe tout entière plonge. C’est pour cette raison, j’imagine, que le public était relativement clément avec lui jusqu’à maintenant. En 2023, l’alien Marc Marquez n’était pas un vrai point de comparaison et on savait que Honda galérait. En 2024, il est énormément tombé, oui, mais Marini n’arrivait pas faire fonctionner la moto non plus, pas plus que Takaaki Nakagami.
Mais en 2025, tout change. Johann Zarco s’est déjà immiscé en première ligne à l’issue des qualifications, et dans le top 4 au Grand Prix du Qatar suite à la relégation de Maverick Vinales. Encore une fois, je pense qu’on ne peut que féliciter Luca Marini d’autant qu’il est, de manière assez fréquente, le meilleur pilote Honda – c’était le cas aux États-Unis mais aussi à Jerez malgré des qualifications ratées ; il a remonté six places le dimanche.

Je n’aime pas tirer sur l’ambulance, surtout quand celle-ci a trois pneus crevés, mais je n’ai pas le choix. Photo : HRC
Si la RCV continue de progresser, aussi aidée par les concessions et le règlement différent qui régit les efforts japonais depuis le début de saison, nul doute que la puissance financière de Honda attirera de gros poissons. Les rumeurs évoquent tantôt la signature de Pedro Acosta, tantôt celle de Toprak Razgatlioglu et peut-être que d’autres sont concernés dans le paddock MotoGP. Si vous aviez l’opportunité de recruter quelqu’un, qui mettriez-vous sur la touche ? Je pense qu’en l’état, toute autre réponse que Joan Mir ne serait pas le résultat d’une analyse objective, en prenant en compte la nationalité de Somkiat Chantra, cela va de soi.
Effectivement, Mir est espagnol et Marini non, mais pas dit que cela joue en sa faveur. D’abord, Honda peut toujours le remplacer par un espagnol en recherche d’un vrai challenge, et ce n’est pas ce qui manque en 2025. Je veux simplement rappeler que le pétrolier Repsol, qui était en grande partie responsable de cette préférence – aucun non-espagnol dans l’équipe entre 2013 et 2023 – n’est plus de la partie.
Honda doit recruter afin de trouver un vrai leader, jeune, qui, aux côtés de Johann Zarco chez LCR, peut mener la firme ailée vers la victoire. Sans aucun doute, ça sera bientôt l’objectif. Il faut que Honda trouve son Fabio Quartararo en quelque sorte, quelqu’un qui incarne avec vigueur le projet sur le long terme. Mir n’a que 27 ans, mais je pense malheureusement que ce n’est pas celui sur qui le plus grand constructeur mondial doit miser s’il veut revenir au top. C’est triste à dire, mais à sa manière, il rend les progrès des ingénieurs invisibles statistiquement, car sa vitesse ne se traduit pas.
J’espère me tromper et je ne peux que souhaiter qu’il se relève et me fasse mentir. Je suis curieux de savoir si vous partagez mon avis concernant Joan Mir. Dites-le-moi en commentaires !

Mir doit réagir sans attendre. Photo : HRC
Photo de couverture : HRC