Parlons MotoGP : La performance de Maverick Vinales soulève un gros problème

Il n’y a que lui pour faire ça. Maverick Vinales est remonté sur un podium en MotoGP, près d’un an après sa dernière performance notable. « Top Gun » est sans aucun doute l’un des pilotes les plus imprévisibles de l’histoire, tant ses performances sont aléatoires, inexplicables, et, parfois, impressionnantes. Même s’il fut relégué à la 14e place à cause de pressions pneumatiques non conformes, je ne me voyais pas l’ignorer.

 

Le jour et la nuit

 

Il n’était pas déraisonnable d’attendre une ou plusieurs percées de Maverick Vinales cette saison. Dans ma preview, j’affirmais qu’il pouvait encore vous choquer, car je croyais que la pression d’être pilote officiel, qu’il subissait depuis son arrivée en MotoGP début 2016, lui nuisait plus qu’autre chose. En revanche, je ne pensais pas le voir voler la vedette à Pedro Acosta et Brad Binder si tôt.

 

 

Au Qatar, il émergea lors du Grand Prix en réalisant quelques dépassements bien sentis. Il faut savoir qu’avec les départs, le manque d’incisivité est l’un de ses grands points faibles. Cela lui a souvent coûté de gros points, voire plus. D’ailleurs, la large majorité de ses victoires sont dues à des échappées solitaires, ce qui n’était absolument pas le cas avant-hier. Et pourtant, Vinales s’est joué de Franco Morbidelli, de Pecco Bagnaia et de Marc Marquez pour mener ce Grand Prix. Le voir gagner m’aurait cependant étonné, car quand Marquez rôde comme ça, à deux-trois dixièmes derrière, ça veut dire que ce n’est pas votre jour.

Une fois dépassé, il termina confortablement devant Bagnaia, avant de se prendre une très lourde pénalité de 16 secondes. Maverick ne veut retenir que le positif de cette expérience aux avant-postes, et compte bien célébrer sa performance comme si c’était une deuxième place.

 

Un problème majeur

 

Généralement, j’évite d’évoquer tout ce qui touche aux pneus dans mes articles, pour plusieurs raisons. Premièrement, car je trouve cela particulièrement illisible pour le spectateur. Des fois, le pneu tendre est choisi pour la longue distance, et le pneu médium pour les qualifications. Il est fréquent que nos héros ne comprennent pas non plus pourquoi tel composé réagit de telle manière, et nous avons vu, ces dernières années, de nombreux cas de pilotes qui accusent les gommes après des courses désastreuses.

 

 

Deuxièmement, et pour en revenir aux pressions, car je ne sais pas l’avantage qu’en a tiré Maverick Vinales. Dans ces conversations, on utilise souvent le bar, mais j’aimerais plutôt qu’on utilise la seconde pour qu’on se rende compte, nous, si Maverick mérite des applaudissements ou pas ! Il a reçu une pénalité de 16 secondes, alors, dans ce cas, on peut se dire qu’il a bénéficié d’un énorme gros avantage. Soit. Cela veut-il dire qu’il aurait été 14e à la régulière ? Après avoir fait 10e lors du Sprint, et qu’on sait qu’il est l’un des meilleurs finisseurs sur longue distance ?

Il est difficile de ne pas évoquer le sujet après ce Grand Prix du Qatar ; au vu de vos réactions, je pense parler pour tout le monde, mais cela ne reste que mon avis, bien sûr. Cela fait deux fois, cette saison, que le déroulé d’une course est tronqué par cette question de pression, après la Thaïlande. Je vous le dis tout de suite : je n’ai pas de solution à ce problème. Cela ne m’empêchera pas de le pointer, et j’estime que c’est à Michelin et aux plus hautes instances d’y remédier.

La question est complexe, évidemment, et j’entends les arguments exposés ici et là. Mais du point de vue du spectateur, ça devient difficile de suivre, surtout qu’il n’y a pas d’éclaircie.

 

 

Ce qui pourrait arriver de pire

 

Là, il ne s’agissait « que » d’une deuxième place. Mais je vais vous présenter deux scénarios, parfaitement plausibles, que pourraient entraîner ces pressions non conformes.

1 – Imaginez un instant que Marc Marquez mène une course – pas très compliqué. Nous sommes aux deux tiers de la saison, et Bagnaia est proche au général. Justement, ce dernier est troisième, et doit absolument marquer les points de la deuxième place pour prendre l’avantage au classement. Fabio Di Giannantonio est deuxième, avec des pressions non conformes. À la bataille, il ne peut rien lâcher. Bagnaia et « Diggia » s’accrochent, tombent, et Marquez tue ainsi la saison en reprenant 25 points à son plus proche poursuivant. Qu’est-ce qu’on fait ? Pénalise-t-on deux fois Di Giannantonio s’il est responsable de la chute ? Quid de Bagnaia, qui n’aurait jamais dû avoir à croiser le fer avec un pilote si fort puisqu’apparemment aidé illégalement ? Un vrai casse-tête. Je veux simplement rappeler qu’à Valence, en 2023, Di Giannantonio a terminé deuxième derrière Bagnaia puis fut déclassé par la suite, alors qu’un titre mondial était en jeu. Ce n’est pas du tout irréaliste.

2 – Pire. Comme en 2022, 2023 et 2024, le titre MotoGP 2025 se joue à la dernière course entre Marquez et Bagnaia. Jorge Martin mène, et les points de la troisième place permettent à Marquez pour être titré. En revanche, Bagnaia, deuxième, essaye de rattraper le « Martinator », sans succès. À l’arrivée, on apprend que l’officiel Aprilia est pénalisé. Marquez, qui n’a pas attaqué en pensant que sa position suffisait, perd le titre pour un point. Comment fait-on ?

Je le répète : je n’ai pas la réponse à ces questions, mais je pense que cela pourrait se transformer en drame pour l’image du sport si un titre mondial était décidé de cette manière.

Que pensez-vous de cette affaire et de la pénalité essuyée par Maverick Vinales ? Dites-le-nous en commentaires !

Pour rappel, cet article ne reflète que la pensée de son auteur, et pas de l’entièreté de la rédaction.

 

 

Photo de couverture : KTM Tech3