pub

Bastianini

Il est l’heure de débriefer cette saison. Comme tous les hivers depuis deux ans, cette chronique analyse en détail la campagne de chaque pilote, du moins bien classé au champion du monde. Il s’agit là d’apporter un point de vue argumenté sur la performance de chacun de nos héros, afin d’en discuter tous ensemble. Vous êtes prêts pour ce nouveau volet, consacré à Enea Bastianini ? C’est parti !

L’épisode d’hier était consacré à Joan Mir ; retrouvez-le en cliquant ici.

 

Du bon et du moins bon

 

Cet article sera un poil différent des autres. Rien qu’au titre, vous avez dû le comprendre, et c’est pourquoi, exceptionnellement, je ne vais pas m’attarder sur ses résultats.

Pour faire court, l’année d’Enea Bastianini ne fut pas fameuse. En perdition totale sur le début de saison, il semblait avoir trouvé le mode d’emploi de sa KTM RC16 en Tchéquie, avec un top 3 en Sprint. La bonne dynamique se poursuivit sur les week-ends suivants, jusqu’à ce podium en Catalogne. Certes, monter sur la boîte n’est plus un exploit rare en MotoGP (13 pilotes différents ont réussi en 2025), mais en voyant d’où il partait, c’était inespéré.

 

Bastianini

Lui aussi a connu une blessure et dut manquer le Grand Prix d’Allemagne. Photo : Tech3

 

Dans une saison marquée par le départ de son chef mécanicien Alberto Giribuola, le pilote Tech3 revint, sur la fin, en eaux troubles. Sans aucune raison apparente, Enea Bastianini retrouva le fond de la grille, notamment en qualifications, où il terminait parfois à des positions indignes de son rang. Son rythme de course était toujours assez bon, oui, mais en partant d’aussi loin, il était toujours condamné à l’exploit. Je ne vais pas m’attarder sur ses problèmes techniques avec la RC16, car il s’est déjà beaucoup exprimé dessus, ni même sur sa communication, qui, sans être défaitiste, n’était qu’assez rarement optimiste. Un autre sujet importe plus.

 

Qu’attendre d’Enea Bastianini ?

 

J’ai globalement été déçu de sa campagne, pour ne pas dire très déçu. Oui, je sais que même sur les derniers Grands Prix, il avait du rythme, en témoigne cette septième place en Malaisie. Mais attendez. Ne juge-t-on pas l’un des pilotes les plus impactants de ces dix dernières années ? N’avais-je pas dit qu’il avait le potentiel d’être une future légende de ce sport après son exceptionnelle saison 2022 ?

Je suis désolé, mais voir Bastianini 14e du championnat me désole franchement, je ne peux pas me réjouir d’un Sprint terminé neuvième, d’une septième place, ou même, d’un seul podium sur l’année. Je l’avais placé 10e dans un pronostic assez pessimiste, d’ailleurs, et pourtant, il fait bien pire. Nous parlons ici d’un pilote qui devrait jouer tout devant, marquer les esprits, laisser une trace. Il était, en 2022, celui qui menaçait Pecco Bagnaia, et avait réalisé, avec Gresini, une meilleure saison que Marc Marquez en 2024 !

Il m’est impossible d’avoir les mêmes standards pour lui que pour un Maverick Vinales, par exemple ; pilote qui aurait sans doute terminé devant Enea au classement si ce n’était pour cette blessure en Allemagne. Bastianini, il y a un an, jouait des victoires, s’imposait, même, au plus haut niveau. Ce passage chez Tech3 n’a pas dû être facile à vivre psychologiquement, car, factuellement, cela représente une rétrogradation non négligeable.

Mais en début de saison, je pensais tout de même que Bastianini, avec une moto moins performante, bien sûr, pouvait tirer son épingle du jeu afin de redevenir une option intéressante pour une équipe d’usine. Dix mois plus tard, tout a changé. Après un passage moyen chez Ducati, le voilà qui rate l’opportunité de montrer qu’il est indispensable.

 

Bastianini

La Hongrie, où il se fait percuter par Quartararo… avant de satelliser Zarco dans le virage d’après. Photo : Tech3

 

Vous êtes directeur d’une écurie qui joue devant, et vous avez un choix à faire pour 2027. Avec, possiblement, sur le marché, Fabio Quartararo, Jorge Martin en fonction de sa deuxième saison avec Aprilia, Marc Marquez peut-être en quête d’un ultime challenge, Pecco Bagnaia mécontent, Alex Marquez très légitime et bien d’autres, considérez-vous seulement un instant le nom de Bastianini ? Personnellement, non, d’autant que d’autres pilotes très forts arrivent : Aldeguer, Alonso, Holgado, et Quiles, du Moto3.

C’est pour ça que sa saison est particulièrement triste. Bastianini est déclassé, alors qu’il y a trois ans à peine, il pouvait prétendre à n’importe quel guidon sur la grille. D’ailleurs, son ambition débordante au sortir de son titre Moto2 en 2020 montrait clairement qu’il venait en MotoGP pour gagner des championnats, pas pour jouer le top 5 quelques fois dans l’année dans une écurie satellite.

 

Conclusion

 

Bastianini entamera 2026 avec une pression énorme. Si je pense qu’il restera en MotoGP après la saison prochaine, rien ne garantit qu’il se retrouve dans une écurie qui jouera devant, et ce même si les cartes seront rebattues avec les nouvelles réglementations. Sa cote descend à vue d’œil, et ça me fait mal de le dire car je considère toujours qu’il a réalisé la meilleure saison pour un outsider de l’histoire moderne en 2022.

Partagez-vous mon analyse du cas Enea Bastianini ? Dites-le-moi en commentaires !

Pour rappel, cet article ne reflète que la pensée de son auteur, et pas de l’entièreté de la rédaction.

 

Il faut réagir. Immédiatement. Photo : Tech3

 

Photo de couverture : Tech3

Tous les articles sur les Pilotes : Enea Bastianini

Tous les articles sur les Teams : Tech 3 Racing