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Fabio Quartararo

Cette saison de Fabio Quartararo est étonnante à plus d’un titre. On sait ce que vaut le Français en piste : il est assurément l’un des meilleurs pilotes du monde, ce qu’il prouve souvent lors des qualifications. Aujourd’hui, nous allons davantage nous concentrer sur sa communication, car elle est plus qu’étonnante.

 

Des paroles incroyables

 

Franchement, aujourd’hui, il m’est interdit de manquer la moindre apparition de Fabio Quartararo dans les médias. « El Diablo » fait ce que personne d’autre n’ose faire, non pas en MotoGP, mais tous sports mécaniques confondus : il se permet de critiquer publiquement son matériel et son employeur. Alors, pas que cela me dérange, car j’adore, justement, cette honnêteté, ce franc-parler qui est progressivement en train de disparaître des paddocks. Quand l’on voit que les pilotes du Championnat du monde d’endurance automobile n’ont pas le droit d’évoquer le règlement face à la presse, on doit plutôt voir ça comme une chance.

 

Fabio Quartararo

Le journaliste de Speedweek, en Malaisie, était carrément choqué de ce qu’il disait. Photo : Michelin Motorsport

 

Mais depuis le début de cette saison, c’est un vrai festival. Quarta’ n’arrête pas, chaque fois qu’il en a l’occasion ou presque, d’évoquer un point faible de la Yamaha YZR-M1. Exemple très simple : la vitesse sur un tour. Interrogé sur ce point précis par les journalistes de Canal + en Malaisie, il n’est pas passé par quatre chemins : « La Yamaha n’est pas forte sur un tour. Il faut dire que c’est moi qui suis fort. » Je ne dis pas que ses propos sont faux, car il est bien plus apte à juger sa monture que moi, bien entendu. Cependant, il est bon de noter qu’une moto qui lui a permis de scorer cinq pole positions dans une saison n’est sans doute pas si mauvaise que ça dans cet exercice. D’ailleurs, Jack Miller s’est élancé en première ligne en Australie à son guidon.

Quartararo a repris l’exemple de Miller, en disant qu’il avait fallu attendre 19 Grands Prix pour voir un autre pilote que lui en première ligne au guidon de la Yamaha. On peut le voir comme ça, c’est vrai, mais de deux choses l’une : premièrement, il est bien difficile de demander à Alex Rins et surtout à Miguel Oliveira de performer dans cet exercice très tortueux à ce stade de leurs carrières respectives. Deuxièmement, je trouve, justement, que si Jack Miller a réussi à faire troisième en Q2 en 2025, alors, c’est que la moto ne doit pas être à la rue !

Encore une fois, je ne prétends pas savoir à sa place, je pense simplement qu’il voit le verre à moitié vide plutôt qu’à moitié plein. Il aurait pu, s’il avait voulu correspondre aux normes de communication actuelles, se servir de cette performance de Miller pour dire que Yamaha était sur le bon chemin.

 

Un cas unique

 

Je ne me base pas que sur le Grand Prix de Malaisie pour émettre cette théorie, mais sur toute la saison 2025. J’ai le vif souvenir du GP de Catalogne, où, le vendredi soir, il disait n’avoir aucun espoir pour la course. Puis, le samedi comme le dimanche, il avait été très bon. Lors de la manche suivante, à Misano, même question des journalistes, et même réponse. Cette fois, une personne, dans l’assemblée – dont je n’ai pas le nom – lui avait logiquement rétorqué : « Tu avais déjà dit ça en Catalogne et tu avais fini deuxième du Sprint ». Quartararo ne se démonta pas, et répondit qu’on ne pouvait pas « s’attendre à un retournement de situation comme à Barcelone ». Et, encore une fois, le lendemain, il réalisait une première ligne, avec un rythme très impressionnant lors du Sprint – où il a chuté.

 

Fabio Quartararo

Je vois beaucoup de similitudes avec l’attitude de Pedro Acosta, mais il n’est pas aussi cash avec KTM. Photo : Michelin Motorsport

 

Il peut s’agir ici d’une tentative de limiter la pression, car, ainsi, personne n’a d’attentes élevées quant à ses performances. Mais j’ai du mal à croire qu’un champion de la trempe de Quartararo ait besoin de ce genre d’exercice de psychologie inversée pour performer, d’autant qu’il n’y avait jamais recours lors des saisons précédentes. Même lorsqu’il est effectivement rapide, il ne s’emballe pas, il ne crie pas victoire trop vite, et rappelle l’évident problème de rythme dont souffrent les Yamaha YZR-M1.

Il a d’ailleurs été questionné sur cette différence entre ses résultats et ses paroles, et celui-ci répondait qu’il « préférait que ce soit dans ce sens-là plutôt que dans l’autre ». Oui, on peut le comprendre, mais à l’oreille, cela se traduit malheureusement en plaintes récurrentes, et le font passer pour un pilote qui n’est jamais content. Et cela ne peut pas être son intention.

 

Est-ce que ceci aide Fabio Quartararo ?

 

Même si j’adore ce genre de pilotes, j’ai du mal à croire que cela plaise beaucoup à Yamaha, qui, soit dit en passant, a mis le paquet pour le conserver. En effet, ses commentaires acerbes concernent aussi le prototype à moteur V4, d’ailleurs en piste à Sepang. Interrogé au soir de la première journée sur une éventuelle discussion avec Augusto Fernandez, le pilote d’essai, Quartararo disait qu’il avait préféré le laisser tranquille car il pouvait voir « sur son visage » que ce n’était pas transcendant – constat établi par le chronomètre avant tout. En parlant du V4, il a fait de nombreux ultimatums, ou avertissements, appelez ça comme vous voulez. C’est quand même une façon étrange de procéder… mais tellement authentique.

 

Quartararo, l’une des dernières stars ?

 

Rien que pour ça, Quartararo est essentiel à l’écosystème MotoGP. Personnellement, j’adore ce personnage, il est de ceux qui n’ont pas peur de dire ce qu’ils pensent car ils sont parfaitement conscients de leur potentiel. Voilà ce qui fait de lui une star reconnue, avec tout le reste : style soigné, collier de perle en toutes circonstances, torse nu sous la combi’, gros charisme, talent de dingue… je n’ai jamais été un fan à proprement parler, mais son exercice 2025 ponctué de vrais moments de génie me fait l’apprécier plus que jamais. Il est le seul pilote dont j’attends avec excitation les commentaires d’après course, tant ça peut partir dans tous les sens. Et dans une saison morne comme celle-ci, ça fait du bien.

Je suis très curieux de savoir ce que vous pensez des sorties médiatiques de Fabio Quartararo ? Dites-le-moi en commentaires !

Pour rappel, cet article ne reflète que la pensée de son auteur, et pas de l’entièreté de la rédaction.

 

J’aime ceux qui sortent du lot. Photo : Michelin Motorsport

 

Photo de couverture : Michelin Motorsport

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