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Quartararo

J’hésitais, il est vrai, à faire un article sur la course de l’année, récompense que j’attribue à une des manches chaque fin de saison depuis 2022. Après Misano 2022, Buriram 2023 et Jerez 2024, il était bien difficile de trouver une joute à la hauteur de ces dernières, au vu du manque de spectacle criant que nous avons tous constaté cette saison. Et pourtant, un Grand Prix s’est détaché, où Fabio Quartararo était l’un des protagonistes.

 

Deux types de courses

 

De 2022 à 2024, j’ai choisi des batailles monstrueuses, car, après tout, c’est ce qui fait l’essence de notre sport. C’est pourquoi on l’aime tant, pourquoi on veut qu’il change, aussi. Mais, en sports mécaniques, il existe deux types de belles courses. Premièrement, les batailles, les bagarres, les explications musclées. Ça, tout le monde voit ce que c’est, et tout le monde aime, logiquement. Mais il existe aussi un autre type d’épreuve, plus rare, mais qui fait aussi la légende du MotoGP. Il s’agit des courses à rebondissements, qui ne sont pas forcément serrées.

 

Quartararo

J’ai hésité avec l’Italie, je dois le reconnaître. Photo : Michelin Motorsport

 

Elles sont présentes dans toutes les disciplines motorisées, et nécessitent souvent un caprice de Dame Nature. En Formule 1, par exemple, nous pourrions citer le Grand Prix du Canada 2011 avec la victoire de Jenson Button sur McLaren, qui n’était pas disputé outre mesure, mais rendu terriblement excitant par la tension inhérente aux conditions climatiques. En MotoGP, nous avons eu notre lot de GP similaires. Me vient en tête, sans trop y réfléchir, le Grand Prix d’Autriche 2021, où s’est imposé Brad Binder dans des conditions dantesques.

J’ai donc fait le choix, exceptionnellement, d’une course à rebondissements plutôt que d’une course âprement disputée, et je vais vous expliquer pourquoi.

 

Aucune bataille significative

 

Petite précision : il s’agit là d’une discussion axée autour des Grands Prix, et non des Sprints. Si l’on prend tout en compte, alors le Sprint au Portugal était sans doute la meilleure course de la saison, mais ce n’est simplement pas la question du jour.

Ce qui me pousse à faire ce choix n’est autre que l’absence d’intérêt pour les quelques batailles que nous avons eues cette année. Oui, j’ai bien pensé au Mugello et à cette explication entre Marc Marquez, Pecco Bagnaia et Alex Marquez au début, mais cela n’a duré que quelques tours. Le Grand Prix d’Espagne n’était pas si mal non plus, couronnant Alex Marquez pour la première fois après la chute de son frère, mais c’était relativement plat également. Même Phillip Island, d’habitude prolifique en dépassements, n’a pas offert le spectacle espéré. J’ai hésité avec Misano, pour la « vengeance » de Marc Marquez, mais la course en elle-même n’était pas si tendue que celle que j’ai choisie.

Les quelques joutes qui ont opposé Marc Marquez à un pilote quel qu’il soit (son frère, Bagnaia ou Bezzecchi) n’ont soit pas assez duré longtemps pour êtres mémorables, soit oubliables. D’ailleurs, il est bon de rappeler qu’il s’agissait du premier exercice où aucun GP ne s’est décidé dans le dernier tour depuis 2008.

 

Silverstone, la meilleure course

 

J’en viens donc à mon choix de Silverstone. J’ai aimé ce Grand Prix, car c’était de loin le plus imprévisible du lot. D’abord, Marc Marquez, pour la première fois, ne pouvait montrer son plein potentiel. D’ailleurs, il est tombé au tout début du GP, comme son frère Alex, ce qui laissait entrevoir une épreuve débridée avec un potentiel vainqueur surprise.

 

Quartararo

Fabio Quartararo la tenait. Photo : Michelin Motorsport

 

Puis, il y eut le drapeau rouge, et un nouveau départ, ce qui n’a fait qu’amplifier la tension dans les gradins malheureusement clairsemés. Fabio Quartararo, parti depuis la pole – là encore assez surprenant, même s’il l’avait déjà faite à Jerez –, semblait se diriger vers une première victoire depuis 2022, alors que les frères Marquez, en retrait suite à leurs premières erreurs respectives, essayaient tant bien que mal de marquer le plus de points possibles sans trop forcer.

Derrière, il y avait aussi de l’animation : Johann Zarco était en feu, et Pecco Bagnaia, encore dans la course au titre à ce moment-là – que ça paraît loin –, tombait, inscrivant par le fait son premier abandon de la saison. Et puis, devant, le moment déchirant arriva : Quartararo, promis à la victoire, connut une terrible panne mécanique. Descendu de moto, il s’agenouilla à même la piste, regard vers le ciel, questionnant probablement les intransigeants dieux du MotoGP. Des larmes suivirent, ainsi qu’une image formidable : celle de Tom, son ami et manager, le réconfortant quelques minutes seulement après le drame.

C’est un concept difficile à saisir, mais il faut bien comprendre qu’aux yeux de l’histoire, toute victoire ne sert pas la légende et toute défaite ne l’entache pas. Bien sûr, Quartararo aurait voulu gagner cette course, mais cet abandon ne fait que magnifier son héritage, j’en suis convaincu. Moi-même, je n’ai jamais été un grand fan d’« El Diablo », et pourtant, ça m’a touché en plein cœur. La photo de couverture de cet article restera, pour moi, l’image la plus marquante de l’année.

Reste donc la victoire surprise de Marco Bezzecchi, sa première pour Aprilia. Il s’agissait là d’une véritable rédemption après la très décevante saison 2024 dont il fut l’auteur, et un succès très important pour Aprilia, qui, en coulisses, bataillait avec Martin qui hésitait à partir chez Honda. Ce podium Bezzecchi/Zarco/Marquez, improbable, m’a beaucoup plu.

Je suis curieux d’avoir votre avis sur la question. Quelle course vous a le plus régalé en 2025 ? Dites-le-moi en commentaires !

Pour rappel, cet article ne reflète que la pensée de son auteur, et pas de l’entièreté de la rédaction.

 

Voir Marco Bezzecchi gagner m’a fait plaisir, il faut l’avouer, mais j’aurais bien aimé un succès de Fabio Quartararo également. Photo : Michelin Motorsport

 

Photo de couverture : MotoGP

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