À chaque week-end son héros. Cette fois, c’est Luca Marini, pilote officiel Honda, qui s’est le plus illustré durant le Grand Prix d’Allemagne, sans contestation possible. Lourdement blessé, l’Italien a réussi à revenir à son meilleur niveau, et a prouvé, une fois de plus s’il en fallait une, qu’il est un pilote essentiel au programme Honda.
De nulle part
Fin mai, je me souviens parfaitement annoncer la blessure de Luca Marini. Lors des essais des 8 Heures de Suzuka, il s’est pris un énorme volume. Le bilan, sur place, était extrêmement lourd. Luxation de la hanche gauche, lésions ligamentaires au genou gauche, fractures au sternum et à la clavicule gauche, et pneumothorax au côté droit. Je me rappelle parfaitement des commentaires ; ceux du public, mais aussi des observateurs. La majorité s’attendait à un retour pour la fin de saison, ou, au pire, pour le début de l’année prochaine. Résultat : un mois et demi plus tard, il vient de faire sa meilleure course pour Honda en MotoGP.

Luca Marini a 1,5 fois plus de points que Joan Mir au classement alors qu’il a manqué trois courses. Photo : HRC
Franchement, ce qu’il a fait impose le respect, car il a commencé très discrètement le vendredi. Puis, le samedi, sur le mouillé, il a réussi à se qualifier 15e, ce qui n’est pas exceptionnel, mais toujours deux places devant son coéquipier champion du monde Joan Mir. Le Sprint, achevé en 16e place, fut très compliqué, et nul doute que la douleur l’handicapait grandement. Mais après une énième visite à la Clinica Mobile et quelques analgésiques, il se révéla le dimanche.
J’entends ses détracteurs d’ici : oui, il y a eu des chutes devant lui. À ceux-là, je répondrai d’abord qu’aller au bout des courses est le principe même de ce sport. Fabio Di Giannantonio n’y est pas arrivé. Marco Bezzecchi n’y est pas arrivé. Johann Zarco, leader incontesté chez Honda, n’y est pas arrivé. Marini, lui, a su maîtriser une piste extrêmement délicate qui ne pardonne aucune erreur, pour compléter les 30 tours.
Ensuite, il n’a pas fait l’épicier, mais alors, pas du tout. Il faisait partie du groupe Ogura/Mir/Binder/Miller, et s’en sortait honorablement. Mais au premier tiers de la course, il était plutôt en retrait. En revanche, sur la fin, lorsque les pneumatiques de ses adversaires ont commencé à se dégrader rapidement (le fameux drop), il s’est réveillé. D’abord avec des attaques sur Brad Binder et Joan Mir. Certes, ce dernier est tombé, emporté par Ai Ogura dans le premier virage. Mais je tiens tout de même à rappeler que Mir était derrière Marini au moment de sa chute, et pas vraiment au contact qui plus est.

Luca Marini doit faire très attention à Brno, car nous avons vu, par le passé, des pilotes être très bons pour leur retour de blessure mais souffrir lors de la deuxième sortie. Photo : HRC
La chasse de Miller par Marini était, de loin, le moment le plus intéressant du Grand Prix. On voyait l’officiel Honda enlever la jambe droite du repose-pieds dans le virage n°5, pour se détendre. Et malgré tout, il a réussi à l’avoir, grâce à un merveilleux dépassement dans l’avant-dernier virage. On a beau dire, mais tous les élèves de Valentino Rossi excellent dans l’art du dépassement. Ainsi, il termina sixième, son meilleur résultat depuis qu’il a rejoint la firme ailée début 2024. Chapeau.
Luca Marini grits his teeth and overtakes @jackmilleraus 👊#GermanGP 🇩🇪 pic.twitter.com/jybYCxOc95
— MotoGP™🏁 (@MotoGP) July 13, 2025
Honda doit faire confiance à Luca Marini
Qu’en tirer ? Eh bien, selon moi, cela signifie que Luca Marini doit rester chez Honda coûte que coûte. J’en étais déjà convaincu avant, et je redoutais que sa blessure ne l’éloigne de ce guidon, que ça devienne l’excuse facile pour le lourder et faire venir Jorge Martin, du temps où c’était à la mode.
Marini est un bosseur, qui ne se plaint jamais, qui est en constante progression depuis le début de la saison 2024, largement – oui, largement – meilleur que Joan Mir malgré une année de moins d’expérience sur la RC213V, qui fait toujours preuve d’un calme à toute épreuve et très régulier dans la performance – seul pilote sans finish hors des points le dimanche cette saison –. C’est celui dont Honda a besoin actuellement et je suis très content de le voir à ce niveau de performance. Il m’a rendu fier de l’avoir toujours défendu ce week-end.
Je suis curieux de savoir si vous partagez mon point de vue concernant Luca Marini. Dites-le-moi en commentaires !
Pour rappel, cet article ne reflète que la pensée de son auteur, et pas de l’entièreté de la rédaction.

Un vrai guerrier. Photo : HRC
Photo de couverture : MotoGP