Récemment, en consultant le classement général, je me suis aperçu que je n’avais pas encore parlé de Somkiat Chantra cette année. C’est plutôt étrange, car, en général, je réalise au moins deux ou trois articles sur tous les éléments de la grille de février à novembre. Et cette fois, il y a des choses à dire.
Ce qui ne devait pas arriver
Avant l’entame, lors des previews, je ne donnais pas cher de la peau de Somkiat Chantra. Le Thaïlandais, premier de l’histoire de sa nation à ce niveau de compétition, ne m’avait jamais estomaqué en Moto2. Malgré ses quelques prouesses, il restait un pilote de milieu de grille. Ainsi, à l’annonce de son passage en MotoGP, j’ai été un peu dur avec lui. J’avais même parié sur le fait que nous allions voir la première campagne à zéro points pour un titulaire depuis celle de Tom Lüthi en 2018.

Sa 13e place en Indonésie était son meilleur résultat cette année. Photo : LCR Honda.
Malheureusement, Somkiat ne m’a pas fait mentir. Certes, il a finalement réussi à amasser quelques pions, glanés au gré des chutes devant lui, mais force est de constater qu’il est souvent le dernier décroché lors des épreuves. Avant l’entame, j’avais mis l’accent sur le risque de blessure ; la RC213V est une moto difficile à emmener, qui met facilement ses pilotes par terre lorsqu’ils décident de passer à l’attaque. Honnêtement, à ce stade de la saison et au vu de l’ambiance actuelle, c’est un miracle que Joan Mir et Johann Zarco s’en sortent indemnes.
Alors, en course, Chantra n’a pas fait d’excès. Mais, malheureusement, il a manqué de chance. D’abord, il loupa le GP de France à cause d’une opération pour traiter un syndrome des loges, puis, cet été, il se déchira les ligaments du genou à l’entraînement, ce qui conduisit à une absence de quatre courses. Autant dire que se blesser dans sa première année, c’est mettre sa carrière en péril. Surtout quand l’on était déjà pas prêt pour la plus prestigieuse des catégories.
Un rebond inattendu
Il y a quelques semaines, nous apprenions qu’il ne serait pas au départ de la saison 2026. En effet, Honda le recycle en Superbike, aux côtés de Jake Dixon. Je suis heureux pour le Thaïlandais, qui a l’air très sympathique au demeurant, car c’est une belle opportunité. On sait que Honda pousse pour avoir des talents asiatiques, et que cette place sur la grille en MotoGP était largement conditionnée par la nationalité de Chantra – importante pour le géant pétrolier Idemitsu –, mais hormis toute considération extra-sportive, il a quand même du talent.

Ce n’est pas rare qu’il termine à une minute du vainqueur. Photo : LCR
Ce qu’il a montré en Moto2 peut faire de lui un très bon pilote WSBK. J’ai déjà dit, maintes et maintes fois, que le niveau du Superbike n’était plus celui d’antan. La récente domination d’un vieux Alvaro Bautista ou les résultats de Niccolo Bulega montrent qu’il y a un fossé d’écart entre les Grands Prix et le WSBK. Certes, la CBR n’est pas la Panigale, mais si Bulega y arrive, je ne vois pas pourquoi Chantra, deux fois vainqueur en Moto2, passerait totalement à côté. D’un point de vue du talent et du talent uniquement, il ne me paraît pas moins bien doté qu’Iker Lecuona, qui avait connu une expérience similaire à Chantra en MotoGP – rookie inattendu et moto difficile, puis rebond plutôt correct chez Honda en Superbike… avant d’être miné par des blessures. Ainsi, j’ai hâte de voir ce que cela peut donner.
J’espère que ses visites au bloc ne ruineront pas sa carrière comme ce fut le cas pour Lecuona. En tout cas, cette paire Chantra/Dixon est aussi surprenante qu’alléchante !
Je suis curieux de savoir que vous pensez de Somkiat Chantra dans les commentaires. Selon vous, peut-il réussir le pari du WSBK ?
Pour rappel, cet article ne reflète que la pensée de son auteur, et pas de l’entièreté de la rédaction.

J’espère qu’on ne perdra pas l’une des plus belles décorations récentes. Photo : LCR Honda
Photo de couverture : Michelin Motorsport