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Bagnaia

Cela fait maintenant plusieurs semaines que je n’ai rien écrit sur Pecco Bagnaia, pourtant deux fois champion du monde et deux fois vice-champion sur les quatre dernières années. En quelques mois, à peine, l’Italien est devenu anecdotique, sans solution, invisible. On connaît tous sa détresse, qu’il exprime week-end après week-end. C’est si grave que j’en viens à me poser de sérieuses questions ; peut-il seulement sortir de cette mauvaise passe ?

 

Un phénomène rarissime

 

Misano était terrible à voir. Pourtant assez rapide le vendredi, il n’était nulle part une fois les feux éteints, sur l’un de ses circuits préférés. C’est là où il était venu à bout d’Enea Bastianini lors de la saison 2022, et de quelle manière, s’il vous plaît. Son Grand Prix se finit tête baissée, derrière un mur de pneu, à entendre ses petits camarades continuer à rouler après sa chute depuis le ventre mou du peloton. Mentalement, on voit qu’il est atteint, son langage corporel est explicite, tout comme celui des deux femmes qui l’accompagnent – son épouse et sa sœur. C’est comme si plus personne n’y croyait, et ça se vérifie davantage quand on observe les réactions de Davide Tardozzi lorsque Bagnaia sous-performe.

 

Bagnaia

Il livre des batailles indignes de son talent. Photo : Michelin Motorsport

 

L’Italien a pourtant gagné onze courses dominicales en 2024, ce qui, quand cela ne s’accompagne pas d’un titre mondial, constitue un record. A-t-on déjà vu, dans l’histoire, une star du championnat MotoGP subir telle désillusion en moins d’un an ? Bien sûr, il faut exclure les blessés du lot. Il est vrai qu’Alex Crivillé avait eu beaucoup de mal avec la NSR500 en 2000, mais la seule différence, c’est que, dans les résultats, il arrivait au moins à se maintenir !

Peu de gens en parlent, mais c’est de pire en pire pour Bagnaia. D’habitude, avec une moto qui ne leur convainc pas, les pilotes commencent très mal, d’entrée, et remontent la pente petit à petit. Parfois, ils retrouvent les sensations, comme Enea Bastianini en ce moment avec KTM, et parfois, ils stagnent, incapables d’aller plus vite, comme Fabio Quartararo la saison passée. Il est très rare qu’un pilote régresse à mesure que l’année avance, et c’est pourtant le cas actuellement avec Bagnaia.

J’en viens même à me demander où ça pourrait s’arrêter ! Peut-on imaginer un monde où l’officiel Ducati terminerait des courses dans les cinq derniers ? Il se battait avec Miller et consorts avant de chuter à Misano. C’est absolument fou pour un pilote de son rang. En début d’année, il se plaignait, certes, mais au moins, réussissait à contenir les Bezzecchi, Di Giannantonio, et autres. Aujourd’hui, « Diggia » est un bien meilleur pilote que lui sur la Desmosedici GP25.

 

Contexte défavorable pour Bagnaia

 

Si l’on analyse la situation d’un œil un peu plus positif, alors, ça pourrait ne pas être si grave sur le long terme. Je vous coupe tout de suite, je ne suis pas fou, laissez-moi vous expliquer. Admettons que Bagnaia jette la fin de saison à la poubelle, où, à la limite, qu’il trouve juste un regain d’énergie sur les dernières manches, de manière à ce que ça lui permette de finir quatrième du championnat.

 

 

Dans une année normale, il se dirait déjà que c’est foutu, et se concentrerait pour un retour la saison prochaine. Après tout, il serait quatrième d’un championnat MotoGP, ce qui est un gros résultat, et il faut savoir que d’autres légendes ont connu de vrais trous d’air au fil de leurs carrières. Prenons mon idole pour exemple, Jorge Lorenzo : d’après moi, sa saison 2014 était extrêmement décevante, et si l’on rapporte son époque où seules quatre motos pouvaient s’imposer à celle de Bagnaia, beaucoup plus ouverte, l’écart n’est pas si grand, en réalité. Pourtant, finalement, il a terminé troisième du championnat, et a parfaitement répondu la saison suivante ! Dix ans plus tard, on ne s’en souvient même pas. L’important, c’est de suffisamment croire en soi pour rebondir encore plus haut, et j’ose simplement espérer que cet exercice 2025 ne fera pas perdre toute confiance à Pecco Bagnaia, car il reste un très grand talent.

Deuxième exemple, si celui de Lorenzo ne vous parle pas ; Marco Bezzecchi. Lui aussi a connu une exceptionnelle année 2023, sans doute l’une des meilleures de tous les temps pour un outsider. Pourtant, en 2024, il était loin, très loin des attentes. Et le voilà, en 2025, qui rayonne, alors que beaucoup ne donnaient pas cher de sa peau face à Jorge Martin et sur une machine a priori moins performante.

Les éléments que je viens d’apporter représentent des motifs d’espoir légitimes. Si Bagnaia arrive à revenir plus fort en 2026, cette saison ne sera qu’un mauvais souvenir, qui ne fera même pas hausser les sourcils des statisticiens dans quarante ans. Mais pourtant, le sort s’acharne, car deux autres paramètres jouent en sa défaveur.

Premièrement, il n’aurait pas pu choisir pire moment pour contre-performer. En 2027 seront introduites de nouvelles motos, sur lesquelles les marques engagées en MotoGP se concentrent pleinement. La Desmosedici GP26 devrait donc être très proche du modèle 2025, qui, lui-même, s’inspirait grandement du modèle 2024. Une continuité qui ne doit pas plaire à Bagnaia, car, mal finir 2025 équivaudra sûrement à mal débuter 2026… et qui sait s’il pourra conserver sa place par la suite.

 

Bagnaia

La tête des mauvais jours… tous les jours. Photo : Michelin Motorsport

 

C’est la mon deuxième point : la concurrence est féroce. Le problème de partager le box avec Marc Marquez, c’est qu’il arrive à masquer tous les défauts d’une moto. Personnellement, et au vu des prestations en dents de scie de Fabio Di Giannantonio, je ne pense pas que la GP25 soit si dominante que ne le laisse imaginer Marquez. Ainsi, pourquoi Ducati altérerait-il sa philosophie du tout au tout à un an d’un changement de réglementation en faveur de Bagnaia alors que l’autre pilote de l’équipe peut gagner chaque course à laquelle il participe ? Je ne dis pas que Ducati favorise Marquez – je n’y crois pas une seconde –, mais simplement que du pur point de vue de la logique, ils devraient le faire en 2026 !

 

Conclusion

 

La saison 2026 sera charnière pour Bagnaia. Soit il rebondit, un peu par miracle avec une moto similaire à celle-ci, et 2025 ne sera plus qu’une mauvaise passe, même pas si terrible du point de vue statistique, ou soit il coule, perd sa place au profit d’un Alex Marquez, d’un « Diggia » ou d’un autre. Et dans ce cas, je ne pense pas qu’il puisse se relever. Croyez bien qu’écrire ça m’attriste, car je plaçais de grands espoirs en Bagnaia depuis toutes ces années. Si j’ai tort et qu’il n’est pas si fort que ça, alors, je le dirai, mais mon intuition me souffle qu’il est encore trop tôt pour se prononcer. L’âme des champions n’est pas à sous-estimer.

Que pensez-vous des derniers Grands Prix de Pecco Bagnaia ? Peut-il se relever ? Dites-le-moi en commentaires !

 

Bizarrement, j’ai encore confiance en lui. Je sais ce que j’ai vu. Photo : Michelin Motorsport

 

Photo de couverture : Michelin Motorsport

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