Parlons MotoGP : Oui, Pedro Acosta marche encore sur les pas des plus grands

Il est l’heure de débriefer cette saison. Comme tous les hivers depuis deux ans, cette chronique analyse en détail la campagne de chaque pilote, du moins bien classé au champion du monde. Il s’agit là d’apporter un point de vue argumenté sur la performance de chacun de nos héros, afin d’en discuter tous ensemble. Vous êtes prêts pour ce nouveau volet, consacré à Pedro Acosta ? C’est parti !

L’épisode d’hier était consacré à Pecco Bagnaia ; retrouvez-le en cliquant ici.

 

Superbe

 

Je dois vous faire une confidence. Cette année, je suis devenu fan de Pedro Acosta. Comme vous, j’ai suivi attentivement sa carrière depuis ses débuts en Moto3 en 2021, et, comme vous, il n’a pas manqué de m’impressionner. Étrangement, je n’ai pas forcément été bluffé par sa prestation en 2021 alors qu’il n’était qu’un rookie, car, en réalité, c’est Dennis Foggia qui perd ce titre. Puis, en Moto2, il était toujours aussi fort malgré une année d’apprentissage un peu difficile. Après avoir décroché la couronne en catégorie intermédiaire, il est monté dans la cour des grands chez GasGas Tech3, sans victoire.

 

 

À la fin de l’année passée, j’avais dit qu’il avait fait une excellente première saison en MotoGP, car il était devenu l’arme principale du groupe KTM sur les six derniers mois. Cependant, j’avais aussi dit qu’il n’avait peut-être pas le génie d’un Marc Marquez, a qui on l’a si souvent comparé depuis ses débuts.

Eh bien, sachez que je m’en veux, car je crois qu’il est en train de suivre les traces des plus grands. Peut-être pas Marc Marquez spécifiquement, mais d’autres. Pourquoi, me direz-vous, alors qu’il n’a pas gagné la moindre course en MotoGP quand Fermin Aldeguer et Raul Fernandez se sont imposés entre temps ? Laissez-moi vous le conter.

 

Pedro Acosta a réalisé l’une des meilleures campagnes

 

Premièrement, son caractère. Cette saison, il s’est comporté comme un champion. Chacune de ses interventions dans la presse était intéressante au premier sens du terme. Que ce soit pour dire qu’il veut du meilleur matériel, réaffirmer sa passion ou jouer la carte de l’arrogance maîtrisée, il est toujours pertinent, attachant. Beaucoup n’aiment pas les pilotes vocaux de nos jours, mais pourtant, ce sont ceux qui s’illustrent par leur caractère en piste et leur tempérament qui écrivent l’histoire. Ce n’est pas moi qui fais les règles : demandez-vous pourquoi Randy Mamola et Kevin Schwantz sont au moins aussi connus qu’Eddie Lawson auprès des fans casual alors que les palmarès n’ont rien à voir. Si je sais apprécier les Lawson et Rainey, j’adore aussi les Acosta et Lorenzo. Donc, j’ai beaucoup apprécié sa prise d’envergure.

Deuxièmement, ses résultats. Certes, il a eu du mal à entrer dans cette saison 2025. À vrai dire, il était même éclipsé par Maverick Vinales sur les premières manches, mais, quand il a trouvé le mode d’emploi de sa KTM RC16 millésime 2025, disons, au Grand Prix de Grande-Bretagne, il n’a fait que monter en puissance jusqu’à la fin, où il est devenu un prétendant à la victoire pendant que son coéquipier Brad Binder n’arrivait plus à sortir de la Q1.

Sur la piste, Acosta fait parfois des erreurs, c’est vrai. Celle au Japon, le dimanche, lui coûte extrêmement cher, et ce n’était pas la seule cette saison. Par contre, quand il est dans un bon jour, il est très difficile de le contenir. Acosta est électrisant, il peut créer la surprise, tenter un dépassement audacieux, animer une course à lui tout seul. D’ailleurs, il fut l’un des deux protagonistes de la plus belle épreuve de l’année, à savoir, le Sprint au Portugal. Il était aussi essentiel au spectacle en Indonésie, où il fut l’auteur d’une défense magistrale. Au final, il cumule cinq podiums dominicaux, a réussi à se classer quatrième du général – exactement où je l’avais pronostiqué –, avec sept top 3 en Sprint. Mais toujours pas de victoire. Est-ce grave ?

 

 

Comparons ce qui est comparable

 

Revenons au propos du premier point. Oui, je pense qu’Acosta marche sur les pas des plus grands de ce sport, car il arrive, de toute évidence, à s’illustrer avec une moto inférieure. Hervé Poncharal le disait déjà l’an dernier : il masque les failles de la RC16, et cette année, il a fait bien plus que ça. Il ne faut pas oublier qu’il met une valise à Brad Binder, un autre crack, à motos égales. De plus, on sent en lui une certaine forme de génie qu’il est difficile d’ignorer.

Le fait qu’il ne gagne pas n’est pas si gênant. On l’a beaucoup comparé à Marc Marquez – et j’ai contribué à ce refrain –, mais je pense qu’il serait plus juste de l’opposer à Casey Stoner. Non pas parce qu’Acosta a publiquement déclaré qu’il adorait l’Australien ou parce que les deux ne sont pas fans de l’électronique, mais plutôt parce que, contrairement à Marquez, Stoner et Acosta n’avaient pas une moto faite pour gagner dès leur première année en MotoGP.

Après, Stoner est parti chez Ducati et s’est imposé sans attendre, c’est vrai. Il est impossible de comparer la performance de la GP7 avec la RC16 2025, mais toujours est-il qu’Acosta était le seul pilote KTM menaçant sur toute l’année. Comme le dit l’un de mes plus fidèles lecteurs – que je salue chaleureusement –, ce biais fait d’Acosta un pilote sous-coté, qui, je pense, fera très mal lorsqu’il aura une machine à la hauteur de la Ducati. Beaucoup comparent sa domination au sein de la firme autrichienne à celle de Quartararo chez Yamaha, mais il ne faut pas oublier que les coéquipiers d’« El Diablo » étaient Alex Rins, Jack Miller et Miguel Oliveira, alors que ceux de Pedro Acosta étaient Brad Binder, Enea Bastianini et Maverick Vinales. Je n’en dirai pas plus.

Pensez-vous, comme moi, que la saison de Pedro Acosta était très convaincante ? Dites-le-moi en commentaires !

Pour rappel, cet article ne reflète que la pensée de son auteur, et pas de l’entièreté de la rédaction.

 

 

Photo de couverture : Michelin Motorsport