Vous l’avez sans doute remarqué, Pedro Acosta tombe pas mal cette année. Mais suivez-vous les résultats des autres pilotes KTM ? Depuis la mi-saison, Acosta surnage, et porte haut les espoirs de la firme de Mattighofen. Certes, Bastianini et Vinales ont aussi connu de belles heures en 2025, mais aucun n’a la régularité dans la performance d’Acosta.
Acosta réussit là où les autres échouent
Certes, ses résultats peuvent paraître assez anecdotiques, finalement, au vu de son immense talent. Après tout, Fermin Aldeguer a réussi à prendre sa première victoire en MotoGP avant le requin de Mazarron, mais il ne faut pas omettre le contexte avec lequel les deux pilotes composent. Si Aldeguer est doté de l’une des meilleures machines de l’histoire des Grands Prix, Pedro Acosta roule avec une moto imprévisible, capable d’envoyer ses pilotes à terre sans raison. Comme il le disait à l’issue du Grand Prix d’Indonésie, la RC16 ne donne aucun retour de l’avant, ce qui conduit, d’une part, à des performances parfois inexplicables, et, plus trivialement, de nombreuses chutes.

Bastianini a peut-être été plus rapide à un moment, mais il a aussi pas mal gâché d’occasions. Photo : KTM
Acosta essuie son lot d’erreurs, comme les autres, mais il faut reconnaître qu’en termes de vitesse, personne ne le surclasse chez KTM. Maverick Vinales se défendait bien sur le début de saison, et peut-être que l’expérimenté espagnol aurait pu rivaliser avec Acosta s’il avait continué sur ce rythme. Mais l’histoire, intransigeante, nous rappelle combien Vinales est un pilote irrégulier, capable du meilleur comme du pire. Je ne sais pas si cela aurait duré, et personne d’autre ne peut l’affirmer avec certitude. Bastianini, lui aussi, semblait plus à l’aise depuis Brno. Mais il s’est perdu depuis quelques semaines, et, franchement, il ne met plus une roue devant l’autre.
C’est assez troublant, car, même s’il n’a jamais été l’un des plus réguliers, « Bestia » était quand même quelqu’un qui jouait fréquemment le podium la saison passée ; sa carrière n’est pas marquée par une irrégularité chronique comme celle de Maverick Vinales, par exemple. Bizarre, mais il existe peut-être une explication quant au cas Bastianini, que j’évoquerai dans quelques lignes.
En termes de performance, Pedro Acosta est désormais le seul à faire des qualifications et des courses remarquables. Et de manière courante, qui plus est. En Indonésie, Acosta était cinquième sur la grille, les autres KTM, 15e et 17e ! C’est quand même fou, d’autant plus que son coéquipier Brad Binder faisait assurément partie des trois meilleurs pilotes du monde en 2023, il n’y a pas si longtemps. Pour moi, la contre-performance de Binder cette année illustre bien la capacité d’adaptation de Pedro Acosta, qui arrive à s’en sortir avec une machine a priori en-dessous de ses standards.
Acosta ne fait pas que des coups d’éclat, et c’est peut-être le plus fort. Il est désormais un candidat naturel au podium, d’ailleurs deuxième à Mandalika après une prestation exceptionnelle. Il a juste été monstrueux, notamment en défense. Quand l’on ajoute à cela une troisième place en Sprint au Japon, deux quatrièmes places en Catalogne, un autre podium en Hongrie, deux top 3 à Brno… ça rend son exercice honorable au vu de sa machine.
Changement de mentalité

Heureusement qu’il est là. Photo : KTM
Le plus impressionnant, dans son cas, reste assurément son évolution mentale. Pilote pressé, presque impatient en début de saison, Acosta s’est transformé en force tranquille, qui relativise à chaque sortie dans la presse. Il faut comprendre que, pour lui, pur produit KTM promis à un magnifique avenir, la situation financière de son employeur n’a pas dû être rassurante pour un sou. On sait que tous les départements de KTM ont été impactés, et, forcément, une telle ambiance n’aide pas les pilotes à se projeter, à pleinement dédier leur énergie à la performance et la performance uniquement. Les chamboulements sont d’ailleurs bien réels – et multiples – chez KTM cette année.
Après le départ de Fabiano Sterlacchini – L’ancien directeur technique aujourd’hui chez Aprilia –, KTM a également perdu le sorcier des moteurs autrichien Kurt Trieb, dans des conditions assez troubles, paraît-il. Puis, plus récemment, l’équipe Tech3 a été rachetée par un groupe d’investisseurs dont fait partie Günther Steiner, provenant de la Formule 1… mais ce n’est pas tout : Alberto Giribuola, le chef d’équipe d’Enea Bastianini, chez Tech3, a quitté son poste pour rejoindre Pramac-Yamaha. Cette séparation aussi douloureuse que soudaine pourrait parfaitement expliquer les problèmes récents de Bastianini. Là encore, c’était brutal : « Bestia » aurait carrément imposé un ultimatum à Giribuola, immédiatement refusé par celui-ci, laissant Poncharal et ses hommes sans solution.
Si je tiens à vous dresser ce tableau, c’est pour souligner l’instabilité dans laquelle se trouve KTM en ce moment. Et, forcément, il est plus difficile de se concentrer dans ces conditions, c’est évident. Pourtant, Pedro Acosta, toujours très impliqué auprès de l’usine, semble passer outre, ce qui démontre une force mentale retrouvée. Bravo à lui, et j’espère même qu’il décrochera une victoire avant la fin de saison car il le mérite amplement.
Que pensez-vous du contexte actuel chez KTM, et des performances de Pedro Acosta ? Dites-le-moi en commentaires !
Pour rappel, cet article ne reflète que la pensée de son auteur, et pas de l’entièreté de la rédaction.

L’année dernière, déjà, il était très puissant en Indonésie. Photo : Michelin Motorsport
Photo de couverture : Michelin Motorsport