Dans quelques années, quand on repensera à la saison 2025, on se dira que le Grand Prix des Pays-Bas est celui qui a scellé le sort de cette saison. À partir de là, il est difficile d’imaginer ce Marc Marquez perdre le Championnat du monde à la loyale. Retour sur l’un de ses meilleurs week-ends en carrière.
La meilleure version de Marc Marquez
Débutons directement avec sa manière d’aborder le Grand Prix. Le vendredi, il a subi deux énormes chutes, sur un circuit connu pour envoyer facilement à l’hôpital. Il fut chanceux, en un sens, de s’en sortir indemne, mais j’ai réellement l’impression que ces deux erreurs lui ont beaucoup servi. En qualifications, alors qu’il lui restait un tour à disputer, il a préféré ralentir, affirmant qu’il ne pouvait pas se permettre de prendre autant de risques. C’est, je crois, la première fois que je l’entends aussi explicitement dire qu’il ne s’est pas donné à fond dans le but de se préserver.

Au nombre de victoires, Rossi est dans le viseur. Photo : Michelin Motorsport
Cela rejoint ce que je dis depuis la fin 2022 : c’est quand il adopte cette mentalité qu’il est le plus fort, car Marquez est tellement au-dessus du lot qu’il n’a pas besoin de prendre ces risques inutiles. On m’était tombé dessus à l’époque, mais ses deux départs montrent clairement sa supériorité, et donc, par extension, le fait qu’il n’a pas besoin de forcer son talent à tout bout de champ.
Grâce à cette approche ô combien intelligente, il put assez tranquillement remporter le Sprint puis le Grand Prix, sans « être le plus rapide », comme il le disait. Sa maturité l’honore, et le rend beaucoup plus fort que lorsqu’il veut la victoire à tout prix. Symboliquement, il égale les 68 victoires de Giacomo Agostini en catégorie reine le jour de sa victoire la moins « Marc Marquez » dans l’esprit, mais aussi, la plus efficace.
La passe de deux
Avant le Mugello, j’avais dit que si Pecco Bagnaia avait une chance de se relancer dans la course au titre, c’était dans les prochaines semaines. Au programme, coup sur coup, étaient disputés les Grands Prix d’Italie, où Marc Marquez est habituellement en dessous, et des Pays-Bas. Sur ces deux tracés, Bagnaia demeurait invaincu depuis 2022, et ne s’était imposé qu’au moyen de victoires dominantes. Ainsi, j’imaginais qu’il voulait absolument réussir à enfin battre Marquez sur les deux circuits pour relancer une dynamique positive, qui pouvait le porter jusqu’à des sommets insoupçonnés – on sait combien il est bon dos au mur lorsqu’il a une moto qui lui va.
Sur ces deux joyaux favorables à Pecco, Marc Marquez l’a éteint. Il a parfaitement négocié le back-to-back avec quatre victoires en autant de course, et sans jamais avoir été menacé par l’Italien. Je ne vois plus qu’une claire opportunité pour Pecco : l’Autriche, où Marquez ne s’est encore jamais imposé. Mais d’ici là, j’ai bien peur que la saison soit plus que pliée, si ce n’est pas déjà le cas.
Three consecutive wins for the first time since 2019 🔥🔥🔥 @marcmarquez93#DutchGP 🇳🇱 pic.twitter.com/Q7tiuQoxFE
— MotoGP™🏁 (@MotoGP) June 29, 2025
Une avance confortable
Alex Marquez a lourdement chuté à Assen et s’est cassé l’index. À l’heure où j’écris ces lignes, il est déjà opéré et tout s’est bien passé, heureusement. Même si je doutais grandement des chances d’Alex avant Assen, je crois que cet abandon scelle définitivement le sort de cette saison. Premièrement, aucun pilote ne peut rivaliser avec Marc Marquez sur la piste. Ça complique les choses. Deuxièmement, Alex, qui incarnait, toutes les six pleines lunes, sa seule compétition, est désormais blessé et pourrait être contraint de ralentir durant sa période de convalescence. Troisièmement, l’écart est porté à 68 points, ce qui est juste énorme ; 126 sur Pecco, le « tarif Dovizioso ».

Marc a un rencart avec la légende, et il est déjà au stade des câlins. Photo : Michelin Motorsport
Marc bénéficie donc de plus d’un week-end et demi d’avance sur son plus proche poursuivant au général. S’il garde la mentalité qui lui a permis de triompher à Assen, c’est terminé, personne n’ira le chercher. Je ne vois plus aucune autre issue, et je ne le vois pas se blesser. Certes, ça peut arriver plus vite qu’on ne le croit, mais, depuis le début de saison, je ne cesse de répéter que l’histoire a déjà choisi son vainqueur. C’est comme si tout cela était écrit à l’avance, on l’imagine champion. Les dieux du MotoGP l’ont décidé ainsi, c’est trop beau pour que ça n’arrive pas.
C’est un cercle vertueux : plus son matelas de points d’avance va s’épaissir, plus il va être en confiance, moins il prendra de risques et mieux il va rouler, car je vous l’assure : ce Marc Marquez prudent est cinq fois plus fort que celui de 2019.
Je suis curieux de connaître les enseignements que vous tirez de son Grand Prix des Pays-Bas. Dites-le-moi en commentaires !
Pour rappel, cet article ne reflète que la pensée de son auteur, et pas de l’entièreté de la rédaction.

Personne ne peut plus l’arrêter. Photo : Michelin Motorsport
Photo de couverture : Michelin Motorsport