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MotoGP accident

Tout au long du week-end, la menace d’un accident a plané sur la grille MotoGP mais pourtant, peu l’ont évoqué. En effet, j’ai été particulièrement choqué des conditions climatiques dans lesquelles ont couru les pilotes ; beaucoup ont alerté sur ce phénomène, mais pourtant, aucune réaction de la part de DORNA. Je le maintiens : si rien ne change, nous nous dirigeons vers un drame, ni plus, ni moins. Dans cette longue analyse, tentons de répondre à l’un des plus grands défis proposés par le championnat MotoGP.

 

Le problème est plus grave qu’il n’y paraît

 

« J’ai failli mourir ». Tels étaient les mots d’Aleix Espargaró à l’arrivée du Grand Prix de Thaïlande, lorsqu’il évoquait les conditions climatiques extrêmes auxquelles il dut faire face ce dimanche. Nous parlons ici de températures supérieures à 30°C, et d’un taux d’humidité dans l’air de plus de 60 %. L’Espagnol n’était pas le seul à souligner ce phénomène. Son coéquipier Maverick Viñales a carrément été contraint à l’abandon tant il était épuisé, sur le point de perdre connaissance. Raúl Fernández, chez Aprilia RNF, dut ralentir car il n’arrivait plus à respirer.

 

MotoGP accident

Raúl Fernández avait des sueurs froides, des vraies. Photo : Michelin Motorsport

 

Heureusement, tout s’est bien passé. Il faut comprendre qu’à ce niveau là, il s’agit d’un réel problème, ce n’est pas une simple anecdote. La situation n’est pas normale. Et pourtant, à mon plus grand étonnement, personne n’en parle, ou presque. Le contraste avec la Formule 1 est assez marquant ; lors du Grand Prix du Qatar, la chaleur a étouffé les pilotes dans leurs baquets. Logan Sargeant, pilote Williams, comme « Top Gun », abandonna. Mais cette fois, ces conditions firent la une. Pourquoi cette différence ?

Parce que les pilotes motos sont plus habitués au danger que les animateurs de la Formule 1, c’est un fait. Sauf que dans ce cas présent, il faut tirer la sonnette d’alarme. Pour ces champions, le mental est plus fort que le physique. Leur volonté de gagner est supérieure à leur raison, et c’est pour cela qu’ils chutent. Fort heureusement, Maverick Viñales eut la présence d’esprit de se ranger avant que cela ne devienne trop grave, car pouvez-vous imaginer un instant qu’un pilote perde connaissance à 325 km/h, dans l’aspiration d’un autre, ou surtout, devant un concurrent, quand on sait que les percussions au sol sont la première cause de décès en sports motos ? C’est simplement trop dangereux, et il faut absolument mettre la lumière sur ce phénomène.

Le problème est extrêmement grave car les acteurs ne se réguleront pas eux-mêmes ; c’est à DORNA de faire quelque chose. En 2023, elle ne peut pas faire courir autant de risques à des hommes qui ne demandent qu’à se donner à fond. Il s’agit des meilleurs athlètes du monde, tous sont affûtés physiquement. On ne peut rien leur reprocher sur ce plan.

Le gros de la carrière de Maverick est derrière lui, et il n’était pas très bien classé quand il s’est retiré. Lui pouvait se permettre d’abandonner. Mais imaginez un rookie qui joue sa carrière sur un résultat. Imaginez, encore, un Jorge Martín en train de disputer le titre mondial contre Pecco Bagnaia. Eux ne peuvent pas se l’offrir.

 

 

Que peut-on faire pour éviter un accident grave en MotoGP ?

 

Alors, bien sûr, mon constat est assez facile à dresser. Pour comprendre comment on peut l’arrêter, il faut d’abord étudier la racine du problème. J’ai déterminé deux facteurs aggravants, car vous l’aurez compris, on ne peut pas choisir la météo. Le plus évident d’entre eux, selon moi, est le calendrier. Je ne critiquerai pas le choix de DORNA de se rendre dans des pays exotiques, car le futur est là-bas. Il serait absolument idiot de supprimer le Grand Prix d’Inde ou de Thaïlande pour ces raisons alors que pour la santé même de la discipline, le MotoGP doit s’y rendre.

De même, je suis pour l’expression de l’exploit, la singularité des événements. Si l’on déplace ces courses à d’autres moments de l’année, elles perdront toute leur saveur. Savoir batailler contre les éléments fait aussi partie de l’arsenal des champions du monde. Juste, pas au point de faire un malaise à fond de six. Cela permet à certains de s’illustrer par leur meilleure adaptation, exactement comme Marco Bezzecchi à Buddh. De plus, on pourrait se retrouver avec beaucoup de pluie et un potentiel risque d’annulation comme quand l’Indonésie était au début de la saison en 2022.

 

MotoGP accident

Marco Bezzecchi, malgré sa blessure, sait bien gérer son effort. Blessé en Thaïlande, il n’a pas été ridicule malgré les conditions. Photo : Michelin Motorsport

 

Toujours concernant le calendrier, il y a trop de courses, c’est une certitude. J’en ferai peut-être un article, mais un calendrier idéal, selon moi, contient entre 16 et 18 épreuves. Mais cela ne résout pas le problème ponctuel. Non, sur ce point, le seul facteur aggravant inhérent au planning concerne l’intensité de la tournée outre-mer, et la fatigue relative à celle-ci.

Pourquoi diable court-on l’Inde, l’Indonésie, le Japon, l’Australie et la Thaïlande en un mois alors que les distances séparant les circuits sont bien plus grandes qu’en Europe ? C’est à n’y rien comprendre ; on enchaîne les destinations les plus difficiles, alors qu’on a un mois de pause entre Le Mans et le Mugello. J’ai conscience que la logistique est un art que seules les plus grandes organisations maîtrisent. De fait, qui suis-je pour critiquer DORNA sur ce point ? Personne. Même s’il y a peut-être mieux à faire, notre championnat reste magnifique sur ce plan.

Demain, à 20 h 30, nous découvrirons l’autre facteur aggravant avant de conclure par une solution.

Que pensez-vous de ce problème ? Dites-le nous en commentaires !

 

Le Martinator n’a pas été gêné, contrairement au Grand Prix d’Inde. Photo : Michelin Motorsport

 

Photo de couverture : Michelin Motorsport

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