Aujourd’hui, je voulais revenir sur le retour de Jorge Martin en MotoGP, plusieurs mois après sa dernière apparition au Qatar. Franchement, il s’est bien débrouillé sur la piste, aucun doute là-dessus, mais ce qui l’attend ne sera pas de tout repos.
En jambes
Le « Martinator », armé de son n°1, faisait son grand retour à la compétition. Avant de passer au sujet un peu moins agréable, penchons-nous d’abord sur ce qu’a dit la piste. Honnêtement, j’ai été agréablement surpris de sa forme. Cinquième de la Practice, il s’est directement qualifié pour la Q2, à moins de deux dixièmes de son coéquipier Marco Bezzecchi, qui, lui, commence à parfaitement dompter l’Aprilia RS-GP. En Q2, c’était plus difficile, avec une 12e place un peu étonnante, mais il ne faut pas oublier la dynamique de cette séance où bon nombre de tours ont été annulés.

Jorge a retrouvé le sourire, ça fait plaisir. Photo : Michelin Motorsport
Il a terminé le Sprint à la 11e place, ce qui n’est pas particulièrement impressionnant, mais tout de même très solide après une telle période de convalescence. Et, finalement, le dimanche, il a fini septième, achèvement d’une montée en puissance au fil du week-end. Certes, quelques chutes ont été remarquées devant lui et il était largué par les six meilleurs pilotes. Mais quand même, il fallait aller au bout intelligemment et il l’a fait. On peut le féliciter, car sur une piste très technique, qui, de surcroît, avait beaucoup de grip – ce qui fatigue davantage –, il a fait le job.
Qu’attendre de Jorge Martin sur cette fin de saison MotoGP ?
C’est toujours difficile quand un pilote revient un peu au milieu de nulle part dans une saison. Jorge devrait disputer la deuxième moitié de l’année, et je pense qu’il doit rester extrêmement vigilant, tout en essayant de progresser. Personne ne l’a encore dit, mais je crois que c’est un challenge tout aussi grand que celui qu’il a affronté durant sa période de convalescence. Pourquoi ? Laissez-moi vous l’expliquer.
Premièrement, Martin ne joue rien, et mentalement, c’est difficile. Il ne faut pas oublier qu’il est le champion du monde MotoGP 2024. Ainsi, on imagine que se battre pour des top 10 ne l’intéresse guère, ne le motive pas. Il devra pourtant s’y faire, car il y a des chances pour que le podium soit plus ou moins inatteignable jusqu’au bout. Quand on regarde la hiérarchie, il y a Marc Marquez, loin devant les autres, mais aussi Pecco Bagnaia, capable de se réveiller, un solide Alex Marquez lorsqu’il ne commet pas d’erreurs, mais aussi Marco Bezzecchi et Fabio Quartararo. Le « Martinator » pourrait aussi adopter une attitude plus incisive ; après tout, il ne peut prétendre à rien au classement général. Mais cela serait une grosse erreur.

On reparlera sans doute de « l’affaire Martin » dans les semaines à venir. Photo : Michelin Motorsport
C’est mon deuxième point. Je pense que son corps l’interdit de se dire : « rien à perdre ». Mine de rien, ces blessures accumulées depuis les tests hivernaux n’étaient pas les premières qu’il a connues en carrière ; rappelez-vous de cette boîte lors de son année rookie, en 2021. Il faut que l’Espagnol fasse très attention à ne pas aggraver son cas. À Brno, il était quand même plus en forme qu’au Qatar, d’accord, mais je crois tout de même qu’il ne devrait pas s’enflammer. Il ne faut pas oublier que c’est un pilote, qui, même en forme, tombe beaucoup, attaque, toujours sur l’offensive. Avec une moto relativement nouvelle pour lui, il ne ferait qu’augmenter son risque de chute, et, par le fait, son risque de retourner à l’hôpital.
Troisièmement, comme si cela ne suffisait pas, je crois qu’il devra en plus de ça composer avec une moto qui correspond davantage à Marco Bezzecchi désormais. C’était l’une des problématiques de sa blessure originelle : l’Italien, qui a montré qu’il était très sérieux, a gagné la légitimité d’orienter le développement de la RS-GP. Martin, dans sa situation, ne doit pas tomber dans le piège de la compétition interne, en voulant tout donner sur une moto qu’il connaît mal, jusqu’à la chute.
C’est triste à dire et ça sera sans doute très difficile mentalement, mais, dans son cas précis, la meilleure approche est d’attendre que la tempête passe, et de se contenter des places qui viendront. Je ne sais pas si une victoire spontanée vaut le risque de se blesser à nouveau. Je préférerais le voir à 100 % au départ de la saison 2026, prêt, pourquoi pas, à jouer le titre.
Conclusion
Pour un champion de la trempe de Jorge Martin, ça doit être très difficile de voir Marco Bezzecchi se rapprocher inlassablement du top 3 du classement général sans être en mesure de rivaliser. Pour son bien, je crois qu’il devrait laisser son esprit compétitif au vestiaire, et ne pas adopter la même approche que lorsqu’il jouait le championnat en 2024. Il risquerait, en attaquant à outrance sur une moto qu’il ne maîtrise pas totalement, de se blesser, et peut-être plus gravement encore que les deux premières fois. Ce n’est ici qu’une supposition, mais je n’aimerais simplement pas qu’il prenne le risque de sacrifier 2026 – et une partie de sa longue carrière, qui sait – pour une simple victoire d’étape en 2025.
Qu’en pensez-vous ? Dites-le-nous en commentaires !
Pour rappel, cet article ne reflète que la pensée de son auteur, et pas de l’entièreté de la rédaction.

Ça peut aller très vite. Photo : Michelin Motorsport
Photo de couverture : Michelin Motorsport