pub

Raul Fernandez

Il est l’heure de débriefer cette saison. Comme tous les hivers depuis deux ans, cette chronique analyse en détail la campagne de chaque pilote, du moins bien classé au champion du monde. Il s’agit là d’apporter un point de vue argumenté sur la performance de chacun de nos héros, afin d’en discuter tous ensemble. Vous êtes prêts pour ce nouveau volet, consacré à Raul Fernandez ? C’est parti !

L’épisode d’hier était consacré à Brad Binder ; retrouvez-le en cliquant ici.

 

La surprise

 

Je ne m’y attendais pas du tout. Cette année, Raul Fernandez a montré un niveau assez impressionnant, en témoigne une victoire dominante en Australie alors qu’il n’était encore jamais monté sur le podium en MotoGP. Je dois l’avouer, ce pilote m’a toujours laissé de marbre, et je n’avais pas été spécialement impressionné par sa fameuse saison 2021 en Moto2 – je trouvais que la presse lui prêtait des qualités qu’il n’avait pas.

 

Raul Fernandez

Raul Fernandez a fait preuve d’une grande résilience, il faut le reconnaître. Photo : Michelin Motorsport

 

Ses premières années en catégorie reine me donnèrent raison. Arrivé en 2022 chez KTM Tech3, il ne réussit pas à faire sa place, mais évita de se faire virer de la grille comme son coéquipier Remy Gardner. Il réussit à se dégoter un nouveau guidon, chez Aprilia RNF, en 2023, équipe devenue Aprilia Trackhouse en 2024. Alors, certes, il n’avait jamais vraiment connu la stabilité en MotoGP ; changer de team tous les ans est difficile, en plus d’être stressant, car on ne sait jamais de quoi l’avenir est fait. Mais, sur la piste, il ne s’est pas aidé, c’est le moins que l’on puisse dire. Raul Fernandez traversait les saisons comme un fantôme, sans jamais faire le moindre coup d’éclat, sans jamais révéler son génie au grand jour.

Puis vient cette saison 2025, où je l’attendais, personnellement, 16e du championnat. Son exercice se découpe en trois parties bien distinctes. Premièrement, le premier tiers, où, dans l’ombre du rookie Ai Ogura, très performant dès les premières manches, Raul Fernandez n’existait pas, comme en 2022, 2023, et 2024. Sur les cinq premiers week-ends, son meilleur résultat n’était qu’une 12e place, rendez-vous compte.

Puis, il y eut ce test, à Jerez. En quête de solutions et plus très loin du craquage mental, Raul Fernandez trouva une des clés au moment où il s’y attendait le moins. Commença la deuxième phase de sa campagne, celle où il apprit à être régulier. Depuis 2022, Fernandez peine à développer sa régularité, sans même parler de chutes. Mais, cette fois, ce déblocage de Jerez lui permit d’exploiter cette qualité insoupçonnée. Dès le Grand Prix de France, qui suivait l’Espagne, c’était beaucoup mieux. Puis, il s’améliora encore, sans jamais chuter, jusqu’à la Hongrie, où il était devenu un candidat régulier au top 5.

Un top 5, c’est un beau résultat, mais dans le MotoGP actuel, tous les pilotes et toutes les motos en sont capables. Cette saison, pas moins de 13 hommes sont montés sur la boîte le dimanche, c’est vous dire. Ainsi, pour prouver sa valeur au paddock MotoGP, il avait besoin d’encore plus de performance. Et c’est ce qui est arrivé sur la troisième phase, après les tests de Misano, notamment. Bizarrement, il souffrit après le GP de Hongrie, alors que l’Aprilia de Bezzecchi n’avait jamais été aussi forte. Mais cela ne dura que quelques manches. Dès le Japon, il était de retour dans le top 10. Lors du Grand Prix suivant, en Indonésie, enfin, il décrocha son premier top 3 en Sprint. Puis, de manière circonstancielle, il ne faut pas l’oublier, il remporta le Grand Prix d’Australie. Je ne vais pas m’attarder sur ce succès, pour deux raisons. Premièrement, comme j’ai tenté de l’illustrer dans ce papier, cette victoire n’est pas si significative pour la physionomie de son année. Elle l’est pour lui et sa légende, oui, mais ce beau résultat remis dans son contexte est davantage la concrétisation d’un très beau retour au vu de sa forme en début de saison qu’une victoire légendaire que l’on évoquera encore dans dix ans. Deuxièmement, j’y ai déjà dédié un article entier que vous pouvez retrouver en cliquant ici.

 

Un autre Raul Fernandez

 

Raul Fernandez

Fernandez a également trouvé quelque chose lors du test suivant, à Misano. Deux essais en 2025, deux réussites. Photo : Michelin Motorsport

 

Cette surprise de le voir jouer devant, qui n’en était finalement pas une quand on dézoome un peu, aurait pu le porter sur la fin de saison. Malheureusement, il ne put exploiter cette bonne dynamique qu’à Valence, avec un très beau week-end sur l’un de ses circuits préférés. En effet, il chuta en Malaisie, et se blessa au Portugal, manquant ainsi une occasion très importante de marquer de gros points sur un circuit que l’on sait favorable à la RS-GP.

J’ai vraiment l’impression qu’il a changé, qu’il est plus détendu. Sa rage, exprimée sur la plus haute marche du podium à Philip Island, révélait la passe difficile qu’il venait de traverser. Même si ce pilote ne me fait ni chaud ni froid (désolé, je ne contrôle pas), j’espère qu’il poursuivra sur cette voie jusqu’au sommet.

 

Conclusion

 

Dans une année davantage marquée par la progression et la régularité que par des coups d’éclat, Raul Fernandez a réussi à se repositionner sur l’échiquier. Désormais, on sait que c’est quelqu’un sur qui une bonne équipe satellite peut compter, ce qui n’était plus du tout garanti avant le début de saison. Voilà, selon moi, sa plus belle victoire, plus belle encore que ce triomphe en Australie. Finalement, il termine 10e du championnat, ce qui est assez bas compte tenu de son succès dominical, mais il faut considérer cette année comme une transition, car maintenant, il doit confirmer. Nous ne pourrons juger sa campagne 2025 qu’à la fin de la saison 2026, et enfin, on saura si oui ou non, Raul Fernandez peut réussir durablement au plus haut niveau.

Qu’avez-vous pensé de sa saison et de sa victoire ? Dites-le-moi en commentaires !

Pour rappel, cet article ne reflète que la pensée de son auteur, et pas de l’entièreté de la rédaction.

 

Il a plus que doublé son total de points de 2024. Photo : Michelin Motorsport

 

Photo de couverture : Michelin Motorsport

Tous les articles sur les Pilotes : Raúl Fernández

Tous les articles sur les Teams : Trackhouse Racing MotoGP