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Bagnaia

Il y a moins de deux semaines, après Le Mans, nous nous interrogions sur les chances de titre de Pecco Bagnaia. Autant vous dire que cet article n’était pas des plus joyeux. Que dire après Silverstone ? Comme l’a dit un grand philosophe : « avant, c’était mort ; maintenant, c’est pire ».

 

Disaster class

 

Bagnaia est complètement passé au travers de son week-end, et je crois qu’aucune épreuve, en 2025, n’a autant mis en lumière les difficultés qu’il rencontre avec la Ducati Desmosedici GP25. Pourtant, tout partait assez bien en qualifications avec une première ligne, ce que n’a pas réussi à faire Marc Marquez. Pour la première fois cette saison, Bagnaia surclassait son coéquipier en Q2. C’était prometteur, disons, car on sait qu’il est l’un des meilleurs pour se projeter vers l’avant au départ. Face à Fabio Quartararo et Alex Marquez, il avait des chances de réaliser le holeshot, ou, a minima, d’être premier à la sortie de l’enchaînement Maggots-Becketts-Chapel.

 

Bagnaia

Comme Tardozzi, je persiste à dire que la présence de Marc Marquez ne change rien. On voit bien que quelque chose cloche avec la GP25. Photo : Michelin Motorsport

 

Mais en Sprint, rien ne se passa comme prévu. Encore une fois, comme c’est très souvent le cas cette année, Bagnaia galéra, se fit dépasser, se battit comme un diable pour la sixième place seulement. Honnêtement, j’en viens à penser que cette différence de niveau entre les Sprints et les Grands Prix est un peu surfaite, car, malheureusement, ses dimanches s’inspirent de plus en plus de ses samedis. Je ne crois pas qu’il s’agisse uniquement d’un problème de réservoir comme il l’avait laissé entendre, car à bien des égards, il était plus fort en Sprint à Silverstone que le lendemain.

Le dimanche, Bagnaia réalisa – d’après moi – sa pire prestation en Grands Prix depuis Motegi 2022. C’est cruel, parce que, pour une fois, tout semblait aller en son sens. Les deux frères Marquez étaient tombés, et lui avait beaucoup de vitesse aux côtés de Fabio Quartararo. Puis, le drapeau rouge, et un changement de pneu. Avec une gomme neuve, impossible pour lui de faire fonctionner la GP25. Je ne le reconnaissais pas. Il était comme tétanisé au guidon, et s’est même mangé un extérieur de grande classe signé Fabio Quartararo dans Farm. Je crois ne pas exagérer en affirmant qu’il freinait trois, quatre mètres plus tôt que tous les autres à l’abord de certains des virages les plus serrés.

 

 

Forcément, quand on est englué dans le peloton, on s’expose à des risques. Et Bagnaia s’est écrasé, depuis la 13e place (!), dans Luffield. De mémoire, je ne me souviens pas le voir aussi bas dans un classement à n’importe quel moment d’une course. Mais le problème, c’est que ce n’était pas un Grand Prix standard.

 

 

Bagnaia n’est plus Bagnaia

 

C’était le Grand Prix le plus important de sa carrière, en somme. Après Le Mans, je pensais que Silverstone allait revêtir d’une importance toute particulière, car c’était là qu’il devait absolument rebondir pour rester vivant dans la course au titre. Lui qui m’avait tant impressionné dos au mur, à Sepang en 2022, à Mandalika en 2023 ou sur la fin de la saison dernière ! Cette fois, il a fait tout le contraire, et je suis au regret de vous annoncer que j’ai perdu tout espoir de le revoir champion du monde en 2025.

Il compte 72 points de retard sur Marc Marquez, à l’heure où ces lignes sont écrites. En MotoGP, il est particulièrement rare de pouvoir rattraper autant de points, même avec les Sprints. D’accord, Bagnaia avait fait l’exploit d’en reprendre 92 à Fabio Quartararo en 2022, mais là, l’adversaire n’est pas le même. Pecco se bat contre un pilote qui n’était même pas heureux d’être troisième malgré une chute avant le drapeau rouge. Pire, Bagnaia ne peut pas atteindre Alex, et près de 50 points les séparent. Pour le moment, je ne vois aucun des deux frangins faiblir. Il faudrait donc que Bagnaia se transforme en machine à gagner pour marquer plus de points, en espérant des chutes – ou une blessure, mais je pense qu’il n’aimerait pas gagner de cette manière.

 

Il n’y est plus

 

Bagnaia

Il ne sait même plus quoi dire à la presse. Photo : Michelin Motorsport

 

Jusqu’à maintenant, je n’ai jamais pensé que Bagnaia n’avait pas de mental. C’est un argument souvent avancé par ses détracteurs depuis la fin de la saison 2021, mais ceux-ci ne devaient pas avoir le câble en 2022, 2023 et 2024. Cependant, et depuis très récemment, j’insiste, je crois que Bagnaia se laisse un peu avoir psychologiquement par une situation qui le dépasse. Son langage corporel est désastreux, il ne sourit plus beaucoup, et poste des messages de plus en plus cryptiques sur ses réseaux sociaux.

En plus, tout le monde s’acharne sur lui, des vidéos de Davide Tardozzi chérissant Marc Marquez plutôt que lui sont diffusées partout sur internet, et la chance n’est même pas de son côté. Jusqu’à présent, il maîtrisait plutôt bien le damage control, avec un début de saison qui était plus que respectable compte tenu du contexte. Mais depuis deux courses, c’est terrible, il n’y est plus.

Par le fait, pour remporter ce titre mondial, il devrait se réconcilier avec la GP25 sur le plan technique, ce qui est loin d’être gagné. Depuis le crucial test de Jerez, il n’a fait que régresser. En plus de ça, il devrait également repartir de zéro sur le plan mental, pour effacer de sa mémoire cette entame cauchemardesque et, surtout, ce Grand Prix de Grande-Bretagne. Et puis, comme ça ne suffisait pas, il devrait se mettre à battre régulièrement la meilleure version de Marc Marquez, et Alex dans la forme de sa vie. Je ne vois pas comment il peut améliorer l’un de ces trois paramètres sous peu, sans même parler des trois à la fois. C’est pour cette raison qu’à mon avis, c’est cuit.

Je suis curieux de savoir si vous partagez mon avis concernant Pecco Bagnaia. Dites-le-moi en commentaires !

Pour rappel, cet article ne reflète que la pensée de son auteur, et pas de l’entièreté de la rédaction.

 

Pecco a quand même de bonnes pistes qui arrivent, en particulier le Red Bull Ring, le Mugello et Assen. Photo : Michelin Motorsport

 

Photo de couverture : Michelin Motorsport

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