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Marc Marquez chute

Pour la deuxième fois en trois Grands Prix, Marc Marquez est parti à la faute à Jerez ; une chute qui coûte assez cher sur le plan comptable, et qui, surtout, permet à la concurrence de croire que tout est encore possible. L’octuple champion du monde est le meilleur pilote actuellement, d’accord, mais il n’est pas parvenu à capitaliser sur cette période de domination. Et ça pourrait lui jouer des tours ultérieurement. Analyse.

 

Il n’est plus invincible

 

Après la chute d’Austin, je n’avais pas tiré la sonnette d’alarme. Après tout, Marc Marquez était tombé alors qu’il était largement en tête, même pas inquiété par ses rivaux. Cette fois, c’est totalement différent. D’abord, il n’a pas décroché la pole position, ce qui met fin à sa folle série entamée en Thaïlande. C’est un peu anecdotique, mais ça envoie tout de même le signal à Alex et à Pecco qu’effectivement, on peut venir à bout de Marc Marquez sur un tour.

 

Marc Marquez chute

C’est la première fois que Marc ne dominait pas. Et ça fait une grande différence, même si tout le monde savait qu’il ne pouvait pas les gagner toutes. Photo : Michelin Motorsport

 

Suite à une magistrale victoire en Sprint, sa roue avant s’est dérobée au tout début du Grand Prix, après avoir été dépassé par Pecco Bagnaia. Ce détail a son importance et nous en reparlerons. Vous avez tous vu la chute : elle aussi, si l’on se focalise dessus, ne reflète pas un problème profond entre Marc et sa moto. Sauf qu’elle est bien différente de la première.

Alex Marquez a enfin remporté un Grand Prix, et Pecco Bagnaia, troisième quelque peu résigné à l’arrivée, s’est quand même félicité d’avoir battu Marc Marquez en duel. Il n’y avait pas de débat. Lors de leur petite bataille, l’Italien était le meilleur. Plus agressif, plus juste, plus précis. Et cela montre à deux des trois meilleurs pilotes du monde que celui à qui on fait tant d’éloges n’est pas invincible. Je crois que cette erreur de Marc redonne beaucoup de confiance à ses deux principaux adversaires, et c’est pile ce qui pourrait lui causer du tort plus tard dans la saison.

 

Déjà vu

 

Claudio Domenicali, PDG de Ducati Corse, parlait d’excès de confiance. Je crois qu’une fois de plus, je rejoins son analyse et cela me fait penser à une saison passée, que personne n’a oublié : 2015. Cette année-là, Marc Marquez avait une mentalité jusqu’au-boutiste, du type « aujourd’hui, soit je gagne, soit je tombe ». Il est probable que les résultats engrangés jusqu’à maintenant aient perturbé son jugement, qu’il se soit vu trop beau, en quelque sorte. La piste punit toujours ce type de philosophie, qu’on s’appelle Rossi, Bagnaia ou Marquez. D’ailleurs, il en avait payé le prix fort en 2015, car il n’a quasiment jamais existé dans cette course au titre.

 

 

Le pire moment

 

Je crois qu’il n’y avait pas pire moment pour redonner de la confiance à Alex Marquez et Bagnaia. Dans cette sous-partie, je vais davantage me concentrer sur Pecco, car Alex reste un outsider – très fort, certes, mais satellite quand même. Si Marc avait gagné une nouvelle fois, il aurait eu la mainmise sur le Championnat du monde après cinq courses. Ainsi, il aurait pu pleinement prendre les commandes du développement de la Ducati Desmosedici. Même si les améliorations sont une histoire de compromis, historiquement, il y a souvent un pilote qui dicte la direction à suivre. Et celui-ci est en général le plus influent – la bise à Rossi –, ou le meilleur – comme Marquez chez Honda face à Pedrosa. Les tests de Jerez étaient cruciaux pour Pecco Bagnaia, qui progresse, certes, mais qui manque cruellement d’agressivité sur sa monture.

Après cette chute, les deux ne sont finalement pas si éloignés au classement général. A posteriori, le début de saison de Marc Marquez est impressionnant, oui, mais pas au point de totalement éclipser celui de Pecco Bagnaia. Ducati n’a donc pas intérêt à se focaliser totalement sur les dires de l’Espagnol, car Bagnaia a montré de très belles choses depuis le Grand Prix des États-Unis – j’en reparlerai dans quelques jours.

Si la Desmosedici évolue, ne serait-ce qu’un peu, dans le sens de Bagnaia, alors l’Italien serait en mesure de revenir dans les basques de Marc Marquez au classement. Et s’il est porté par une spirale positive, la physionomie de la saison pourrait complètement changer, car je peux vous assurer que le « Bagnaia 2023 » n’aurait pas passé toute la course derrière Fabio Quartararo.

 

Marc Marquez chute

Je tiens tout de même à souligner sa combativité qui lui permet d’arracher les points de la douzième place. Ça, c’est très fort. Photo : Michelin Motorsport

 

Des victoires à la pelle… mais pourquoi ?

 

Finalement, statistiquement parlant – et pas forcément au niveau de l’approche – Marquez amasse un peu des victoires dans le vide, comme Pecco Bagnaia en 2024. D’un côté, vous avez le meilleur, peut-être dans la forme de sa vie. Tout le monde ne cesse de l’acclamer. De l’autre, un Bagnaia que tous jugent en dessous, auteur, d’après ses propres dires, de quelques courses décevantes. Si je vous résume ça ainsi, vous penserez qu’un océan sépare les deux au classement, que c’en est terminé de Pecco après dix courses, un échantillon assez large pour se faire une idée. Et finalement, il n’y a « que » 19 points d’écart entre les deux, avantage Pecco sur le plan de la progression.

C’est une histoire de dynamique, un peu comme au football. Des fois, une équipe mène au score et domine fortement, mais n’arrive pas à marquer. Finalement, elle se prend un but au raccroc dans les prolongations, anéantissant ainsi tous les efforts précédents. Quand on domine, il faut écraser, tuer le match, et c’est justement ce que ne fait pas Marc Marquez.

 

Conclusion

 

À travers cet article, je ne veux pas vous faire croire que Marquez n’est déjà plus le meilleur pilote, car cette chute ne lui enlève pas des points de talent. Simplement, il permet à ses rivaux de croire, et quand on se frotte à un compétiteur de la trempe de Bagnaia, c’est un problème. Si ce dernier vient à remporter le championnat, je pense que l’on parlera de Jerez comme d’un tournant de la saison. Mais celle-ci est encore longue, et Marquez reste le favori, bien entendu. J’ai hâte de voir à quoi va ressembler la suite.

Partagez-vous mon analyse quant à cette chute de Marc Marquez ? Dites-le-moi en commentaires !

 

Sa vitesse après sa chute montre qu’il est le meilleur. Mais le but, c’est de gagner le titre, pas d’être le meilleur. Photo : Michelin Motorsport

 

Photo de couverture : Michelin Motorsport

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