Nous sommes désormais à la moitié de la saison 2025, et Pecco Bagnaia ne s’est toujours pas franchement amélioré. On sent, déjà, que le train est passé. En plus de ça, comme si ça ne suffisait pas, les problèmes liés à la stratégie et la malchance se manifestent. Mais pourquoi cet exercice pourrait-il bien lui coûter cher ? Analyse.
Un champion peu aimé
Il faut reconnaître que ce pilote n’a jamais fait déplacer les foules. Pecco Bagnaia est apprécié, certes, mais pas adulé, et ce, pour plusieurs raisons : j’ai d’ailleurs réalisé un article à ce sujet il y a un moment de ça. Malgré un titre de champion en Moto2 et deux exceptionnelles couronnes décrochées en MotoGP, les gens n’accrochent pas. Beaucoup de fans lui reprochent d’être trop lisse, trop peu expressif, mais j’avoue ne jamais avoir compris cette critique, car, sur la piste, c’est un attaquant, un vrai. Ou plutôt, c’était.

Pas beaucoup de sourires cette année. Photo : Michelin Motorsport
Il compte plusieurs victoires mémorables à son palmarès, comme ce triomphe en Indonésie en 2023, Sepang 2022, Valence 2023 et bien d’autres encore. Le problème, c’est que la domination Ducati joue contre lui. C’est un concept assez compliqué, alors je vais tenter de l’expliquer en transposant en football américain. C’est l’été, après tout, alors prenons le temps pour les notions.
Dans ce sport, le poste le plus important est celui de Quarterback. C’est celui qui distribue les ballons, qui dicte les plans. Dans cette discipline très mathématique et méthodique, certains quarterbacks prennent beaucoup de libertés, et brillent parce qu’ils réalisent des exploits individuels, même s’ils sont mal entourés. De l’autre côté, il y a les fameux « system QBs », des quarterbacks qui ne font que correspondre au système, qui sont là uniquement pour appliquer les indications du coach. Pas de folie, juste des passes d’école à d’excellents joueurs. C’est un terme péjoratif, dans le langage courant, qui désigne les joueurs portés par un très bon collectif. Avec cette qualification intervient rapidement la notion d’interchangeabilité, de discrétion, de manque d’aura. Tout ce qui est reproché à l’Italien.
Voici comment se cristallise la critique autour de Pecco Bagnaia. Selon beaucoup, c’est un « system rider », qui gagne parce qu’il est dans une très bonne équipe au bon moment. Je ne suis pas totalement d’accord avec cette affirmation, car je maintiens qu’il est capable de véritables prouesses au guidon, il l’a déjà fait. Pour moi, Andrea Dovizioso correspondait davantage à la précédente définition, et la différence entre les deux n’est pas difficile à voir – et s’en ressent dans le palmarès.
Close to reclaiming a podium place but still looking for answers 😔 @PeccoBagnaia #CzechGP 🇨🇿 pic.twitter.com/rSXLj9Txcz
— MotoGP™🏁 (@MotoGP) July 20, 2025
Le problème de Bagnaia, c’est que tout le monde attendait de voir le moment où le système n’allait plus être en sa faveur. Il a toujours été la claire option n°1 dans l’équipe de Borgo Panigale, et ceci depuis son arrivée chez les rouges en 2021. Depuis, il a fait mieux que d’autres pilotes Ducati, d’accord, mais pas des pointures unanimement reconnues. Et en 2025, Marc Marquez est arrivé à ses côtés, soit son premier vrai challenge en MotoGP depuis qu’il a acquis le statut de champion. Le résultat parle de lui-même ; c’est pourquoi cette saison est extrêmement décevante.
Marquez n’y change rien
Si vous suivez cette chronique depuis un petit moment, vous savez que j’ai beaucoup défendu Pecco Bagnaia. Personnellement, il m’a fait rêver à de maintes reprises en 2022 et 2023. Mais voyez-vous, oui, je suis également déçu cette saison. Pas nécessairement de l’écart de niveau avec Marc Marquez – que je n’imaginais pas non plus si important –, mais plutôt, de l’attitude de Bagnaia face à cette situation. Cela peut paraître étonnant, car il n’abandonne jamais, et ne cesse de dire qu’il se battra jusqu’au bout. D’accord, mais ce n’est pas ça qui me gêne.

Un monde d’écart. Photo : Michelin Motorsport
C’est plutôt le manque de flair. Bagnaia n’a vraiment plus rien à perdre cette année, tant il est loin aux points (168 unités de retard à l’heure où ces lignes sont écrites), et pourtant, je ne le vois rien tenter. Ce n’est pas qu’une question de feeling : il ne ressemble pas à un champion du monde MotoGP sur sa Ducati. En interview, il ne fait que regretter la précédente GP24, ce qui est assez problématique pour un pilote de son niveau : les meilleurs savent relever des challenges techniques dans leurs carrières, c’est aussi la marque des très grands.
Pour moi, Marc Marquez n’y change rien, ou presque. Son influence dans la descente aux enfers de Pecco me paraît assez limitée. Le combat concerne plus la Desmosedici GP25, qu’il n’arrive pas à maîtriser. On ne pourra pas me faire croire qu’Alex Marquez s’est transformé en un meilleur pilote que Bagnaia en une trêve hivernale, et, depuis quelques courses, je ne vois pas le rapport entre les victoires de Marquez et les septièmes places de Bagnaia.
Conclusion
Je pense que cette saison 2025 fera beaucoup de mal à l’héritage de Pecco Bagnaia. Certes, il n’abandonne pas, mais ne tente pas non plus des folies pour compenser son manque de performance. De l’extérieur, on dirait qu’il attend que la tempête passe à coup de quatrièmes places. Il traverse l’année et les courses, sans sursaut d’orgueil. Et ça me fait mal de le dire, mais cela ne fait qu’accentuer sa réputation de pilote porté par son équipe.
Que pensez-vous de l’image de Bagnaia ? Qu’en attendez-vous ? Dites-le-nous en commentaires !
Pour rappel, cet article ne reflète que la pensée de son auteur, et pas de l’entièreté de la rédaction.

La différence de la gestion du problème de pression lors du Sprint entre Marquez et Bagnaia était… révélatrice. Photo : Michelin Motorsport
Photo de couverture : Michelin Motorsport