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Marquez

Hier, à Misano, Marc Marquez s’est imposé pour la 11e fois de la saison. On pourrait croire que c’était une victoire comme une autre, mais, en réalité, elle dépassait ses autres succès de par son importance symbolique. En effet, il est rare de le voir avec un état d’esprit aussi revanchard.

 

Marquez contre Misano

 

Si vous lisez cette chronique, je suppose que vous avez tous suivi l’intégralité du week-end. Cependant, je vais tout de même faire un petit récapitulatif. Après une Q2 assez timide de Marc Marquez, il s’élança quatrième lors du Sprint. Immédiatement, il réussit à se projeter vers l’avant, et menaça de dépasser Marco Bezzecchi pour le gain de la première position. Une fois que cela fut fait, Marquez chuta, seul en tête, laissant ainsi la victoire au « Bez », sur ses terres.

 

Marquez

Celle là, il peut en être fier. Photo : Michelin Motorsport

 

Dès que Marc toucha le sol, les sifflets se firent entendre. Pire, la réalisation internationale montra de jeunes gens lui faire des doigts d’honneur, une image qui a fait le tour du monde depuis. Ensuite, le lendemain, nous avions un scénario un peu similaire, sauf que cette fois, Marc Marquez n’est pas tombé. Il remporta ainsi le Grand Prix devant Bezzecchi, et ne manqua pas de charrier les spectateurs hostiles au moment de monter sur le podium.

 

Pourquoi c’est la honte

 

À Misano, j’ai découvert un autre Marc Marquez. Pour la première fois, il a embrassé l’animosité des spectateurs et a joué avec, ce qui montre que les sifflets ont pesé sur son moral. Depuis la brouille avec Valentino Rossi, le maître des lieux – qui date de 2015 ! –, Marquez avait toujours évité le conflit, en s’aplatissant, presque, devant « The Doctor » en conférence de presse alors qu’il n’y avait pas lieu d’être. Mais pas ce coup-là. De toute évidence, en conférence de presse dimanche soir, Marquez était clairement affecté. Il confiait que les bruits dans le paddock après sa chute n’étaient pas agréables à entendre, ce qui l’a carrément poussé à regarder ce qu’il se disait sur les réseaux sociaux, sans doute le pire endroit où aller pour un sportif professionnel.

 

 

Pour le coup, je trouve que sa célébration était parfaite et parfaitement appropriée. Elle avait deux significations : en premier lieu, tenir haut sa combinaison permettait de montrer au public présent qu’il roule pour Ducati, firme que les Italiens devraient supporter. Ensuite, elle faisait directement référence à la célébration réalisée par Lionel Messi lorsqu’il inscrivit un but à la dernière minute avec le FC Barcelone face à l’ennemi juré, le Real Madrid – au Santiago Barnabeu qui plus est, antre du Real. Un peu comme Marquez, Messi est un joueur discret, qui ne se fait jamais remarquer pour son arrogance. Mais cette fois, en tenant son maillot face aux merengues déchaînés, il avait su gagner leur respect avec classe.

Et c’est là une différence que je veux souligner. On a souvent tendance à dire que les comportements que l’on a vus ce week-end sont importés du football tant ils sont moches. Mais je vous l’assure : les supporters de certains des plus grands clubs du monde se comportent bien mieux avec les légendes que ces pseudo-fans. Cristiano Ronaldo n’avait-il pas été applaudi après sa bicyclette face à la Juventus en 2018 ? Ronaldinho n’avait-il pas reçu une standing ovation de la part des supporters du Real Madrid après sa prestation XXL lors d’un Clasico en 2005 ? Si ces « fans » sont issus du monde du football, alors, c’est de l’univers du supportérisme crasse que l’on retrouve si fréquemment en Italie comme en Espagne.

Oui, c’est la honte, comme le disait justement Louis Rossi. Je peux en parler, car je suis directement confronté à ce phénomène tous les soirs : le fanatisme ralentit notre discipline. J’ai l’impression que certains sont restés bloqués en 2015, ils ne grandissent pas, et je tiens à préciser qu’ils viennent des deux camps, et de tous pays. Cette minorité bruyante pollue, s’aveugle elle-même. Je sais parfaitement que les fanatiques de Marc Marquez – ils sont aussi nombreux que ceux de l’autre camp en 2025 – sont incapables d’apprécier les efforts d’un Luca Marini, par exemple, juste parce que celui-ci a un lien de parenté avec Rossi. Ils sont incapables de déceler le talent de Pecco Bagnaia ou de Marco Bezzecchi, car ceux-ci sont issus de l’académie créée par « The Doctor ».

 

Marquez

On en parle de ses deux départs ? Exceptionnels. Photo : Michelin Motorsport

 

De l’autre côté, les fans de Rossi n’arriveront jamais à reconnaître les efforts d’Alex Marquez, pourtant double champion du monde, simplement car il est le frère de Marc. Et ainsi de suite. Quand on confronte des personnes de ce genre et qu’on les met face à leur contradiction, leur deuxième réflexe – après l’insulte, qui est courante chez les fanatiques –, c’est de dire que l’autre camp a commencé, comme en primaire. Le MotoGP n’est pas un sport si populaire que la F1, mais, quand on voit la différence de public, je comprendrais tout à fait qu’un jeune n’ait pas envie de se mettre à suivre la discipline et à en parler sur les réseaux sociaux.

La logique est tellement erronée que la situation se retourne maintenant contre l’histoire. Exemple : on me dit souvent d’arrêter d’attiser la haine en évoquant 2015, un sujet auquel je n’ai jamais consacré d’article Parlons MotoGP mais qui revient souvent sur le tapis, en filigrane. Pourtant, j’ai beaucoup envie d’en parler, car ce Grand Prix de Malaisie est, pour moi, un souvenir impérissable, le paroxysme d’une rivalité entre deux géants. Mais attendez… dix ans plus tard, je ne pourrais pas faire une série d’articles impartiaux sur cet événement sous peine d’énerver des fanatiques ? Je vais me gêner ! Je vais carrément vous faire une rétrospective complète pour les dix ans de Sepang ; c’est à ceux qui n’ont toujours pas digéré de grandir, d’évoluer, d’analyser avec discernement et de se détacher de leurs idoles, ce qui ne devrait pas être difficile à faire passé 16 ans dans un monde normal. À en écouter certains, on devrait se taire, ranger Sepang 2015 dans un tiroir et ne plus jamais l’ouvrir, voire, ne jamais prononcer l’intitulé de ce GP comme Voldemort !

Je suis curieux de savoir ce que vous pensez de toutes ces questions. Dites-moi tout en commentaires !

 

On m’a déjà dit que j’étais pro-Rossi et pro-Marquez ! Il faut choisir ! Photo : Michelin Motorsport

 

Photo de couverture : Michelin Motorsport

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