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Fermin Aldeguer élu

Johann Zarco a remporté le Grand Prix de France MotoGP, et également, la nouvelle récompense du moment : le trophée de pilote du jour. Ce titre, instauré lors du GP d’Espagne, s’inspire directement de ce qui se fait en Formule 1 depuis plusieurs années maintenant. Les fans peuvent féliciter la performance dominicale la plus remarquable, et même si je ne remets pas en question la pertinence du choix de Zarco, je pense que Fermin Aldeguer aurait pu être élu.

 

Génial

 

Franchement, Fermin m’impressionne de plus en plus. On pourrait croire que ces conditions climatiques favorisent l’expérience, et c’est sans doute vrai, en un sens. Mais lui, malgré son jeune âge et ses cinq courses dans les pattes, s’est débrouillé comme un chef. Tout cela avait débuté bien avant dimanche. Tout d’abord, il s’est qualifié quatrième, un excellent résultat. La vitesse sur un tour est un facteur bien trop sous-coté. Ceux qui s’imposent régulièrement sont forcément bons en qualifications et cela se vérifie dans l’histoire. Il a de bons rythmes, ça, on le sait, mais sans appétence pour l’exercice du tour lancé, cette qualité est souvent réduite à néant.

 

Fermin Aldeguer élu

Je ne sais pas pourquoi, mais j’aime bien ce pilote. Je trouve admirable ce qu’il fait à son âge, et surtout, avec une carrière aussi atypique. Photo : Michelin Motorsport

 

Lors du Sprint, il s’est affranchi de Fabio Quartararo pour le gain de la troisième place, avec un dépassement assez appuyé au Musée, sans doute de trop d’ailleurs. Il est encore quelque peu maladroit en bagarre, mais qui peut lui jeter la pierre ? Ce seul résultat aurait suffi à faire de son Grand Prix de France une manche réussie, mais ça ne s’arrête pas là. Le dimanche, il m’a vraiment scotché.

La cacophonie au départ est tout ce qu’un rookie déteste. En plus des nouvelles règles à apprendre, il devait à la fois rester concentré, s’adapter rapidement aux gommes slicks puis pluie, et disputer sa course en essayant de faire le meilleur résultat possible. Si je ne dis pas de bêtises, les pilotes n’ont eu qu’une seule séance humide jusqu’à maintenant : la FP1 à Austin. Passer de ça à une course flag-to-flag-to-flag au Mans est une tout autre affaire. Et pourtant, il a livré sa plus belle prestation jusqu’alors.

Pour ses choix, il a révélé sa technique à la fois candide et intelligente. Puisqu’il n’a pas l’expérience, il a décidé de suivre les autres, tout simplement. Cela nécessite tout de même de mettre son égo de côté, car un jeune de vingt printemps à qui tout réussit en MotoGP pourrait très bien se dire que sa chance est là, qu’il est légitime pour tenter. Mais ça aurait été une erreur. Il a préféré apprendre en direct.

Pendant la course, j’ai vu un Aldeguer monstrueux. Il a vite compris que l’un des principaux enjeux était de rester sur ses roues. Il s’est ensuite accommodé à ces conditions sans jamais s’énerver, même après une petite sortie de piste au Garage Vert. J’avais l’impression de voir évoluer un pilote très appliqué, et rapide, qui plus est.

 

 

Dans les derniers tours, il s’est même offert Pedro Acosta pour finir troisième ; d’ailleurs, il fut l’auteur de quelques dépassements bien sentis que n’auraient pas osés d’autres pilotes plus âgés. Quand on mélange la fougue de la jeunesse avec l’humilité de l’élève, ça donne Fermin Aldeguer.

 

Des points à travailler, mais le plus important est là

 

Monter sur son premier podium après six courses est un accomplissement fou. Justement, comment imaginer la suite pour Aldeguer ? Personnellement, je crois qu’il peut aller très loin, car son éthique de travail, aiguisée dans l’équipe pour laquelle il roule, peut vraiment faire des miracles. Il a l’une des meilleures motos de tous les temps, oui, mais n’est pas ridicule aux côtés de Bagnaia et des frères Marquez.

Il a bien plus de qualités que de défauts, c’est évident. Sa force, d’après moi, c’est sa vitesse naturelle. On dit souvent qu’il est plus facile de freiner un pilote rapide que de rendre un pilote régulier plus véloce. Ainsi, je ne m’inquiète pas trop concernant son niveau d’engagement, qu’Alex Marquez jugeait presque trop élevé après le GP du Qatar – il affirmait qu’il abordait chaque tour de course comme un tour qualif’ –. Ça lui a joué des tours aux États-Unis, mais aussi à Jerez.

 

Fermin Aldeguer élu

J’aime aussi son comportement dans le parc fermé. Très discret, très humble dans son langage corporel. Photo : Michelin Motorsport

 

Son plus gros problème, d’après moi, réside plutôt dans ses dépassements. Je n’ai jamais caché mon désamour pour les pilotes dépourvus de tact au moment de doubler, comme Brad Binder et Alex Marquez. Fermin Aldeguer peine à s’imposer proprement sur la piste, et cela fait déjà deux fois que son vis-à-vis est contraint de relever franchement la moto au point de corde pour éviter l’accident. J’ai confiance en lui, mais j’espère simplement qu’il ne sera pas victime de cette mode du blockpass, et qu’il se laissera tenter, au fil de son apprentissage, par l’art du dépassement que maîtrisent presque parfaitement Fabio Quartararo, Pecco Bagnaia, Fabio Di Giannantonio et Jorge Martin, les quatre meilleurs dans ce domaine d’après moi.

Attention également au fameux creux de mi-saison qui touche les rookies. Jorge Lorenzo l’expliquait parfaitement : à son arrivée en MotoGP, tout lui réussissait, il avait l’impression que c’était simple. Puis, les chutes sont arrivées, et les difficultés avec. C’est étrange, mais récurrent – c’était également le cas avec Pedro Acosta en 2024. En général, les très bons reviennent plus forts par la suite, mais attention à ne pas se laisser emporter par une dynamique négative au cours de cette période cruciale.

Qu’est-ce que vous pensez de Fermin Aldeguer depuis son arrivée en MotoGP ? Dites-le-moi en commentaires !

Pour rappel, cet article ne reflète que la pensée de son auteur, et pas de l’entièreté de la rédaction.

 

Il faut reconnaître qu’il est dans de très bonnes conditions pour apprendre. Photo : Michelin Motorsport14

 

Photo de couverture : Michelin Motorsport

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