Il est l’heure de débriefer cette saison. Comme tous les hivers depuis deux ans, cette chronique analyse en détail la campagne de chaque pilote, du moins bien classé au champion du monde. Il s’agit là d’apporter un point de vue argumenté sur la performance de chacun de nos héros, afin d’en discuter tous ensemble. Vous êtes prêts pour ce nouveau volet, consacré à Joan Mir ? C’est parti !
L’épisode d’hier était consacré à Ai Ogura ; retrouvez-le en cliquant ici.
Joan Mir risque tout
Cette année, Joan Mir a été l’auteur d’une campagne historique, mais pas pour les bonnes raisons. L’officiel Honda, champion du monde MotoGP 2020, a terminé troisième des pilotes de la firme à l’aile dorée, et a réalisé, selon moi, une saison très décevante, presque gâchée. Certes, je l’avais imaginé encore plus loin au général (21e), mais je n’avais pas anticipé le retour de Honda aux avant-postes, qui a largement porté Mir sur le dernier tiers du championnat.

Mir a quand même retrouvé le moral, il apparaissait plus frais qu’en 2024. Photo : HRC
Commençons par les points positifs. Effectivement, il avait parfois de la vitesse. Depuis le Grand Prix d’Autriche, l’équipe d’usine a trouvé une solution – dont n’a pas bénéficié, initialement, Johann Zarco –, et tout allait beaucoup mieux. Cela lui permit d’enregistrer quelques beaux résultats, et notamment deux podiums, au Japon et en Malaisie. À Motegi, il était même assez compétitif tout le week-end durant, en témoigne sa quatrième place en Sprint.
Ces deux résultats sont vraiment tout ce qu’on peut retenir de sa saison conclue à la 15e place du classement général. En effet, pour le reste, il a encore enregistré le plus grand nombre d’abandons en 2025, avec pas moins de 13 le dimanche. Cela signifie qu’il n’a même pas terminé la moitié des Grands Prix, c’est une statistique absolument incroyable. Certes, il s’est parfois fait percuter, mais, globalement, il était seul responsable de la grande majorité de ses chutes.
Je ne comprends pas comment il est possible de le défendre. Effectivement, il est monté deux fois sur le podium, mais n’est-ce pas normal, compte tenu de son matériel, pour un double champion du monde en carrière ? Je n’arrive pas à voir ce qu’il y a d’exceptionnel là-dedans. Joan Mir prend énormément de risques tout au long de la saison, gâche d’énormes occasions tous les quinze jours, et a réussi trois fois, en comptant le Sprint au Japon, à capitaliser sur sa vitesse.
Luca Marini est un bien meilleur pilote
Depuis deux ans maintenant, je maintiens que Luca Marini est un meilleur pilote que Joan Mir. Si c’était un sujet de débat houleux auparavant, désormais, j’espère que c’est intégré par tout le monde. Non ? Eh bien, j’ai des chiffres pour appuyer ma théorie. D’abord, au classement général, il n’y a pas photo. Ce n’est même pas serré. Luca Marini a battu son coéquipier de 46 points, alors qu’il a manqué trois courses contre zéro.
Beaucoup pensent que Mir tombe parce qu’il est significativement plus rapide, qu’il tente davantage, qu’il essaye de faire de gros résultats. C’est totalement faux. Ce mythe doit cesser, car ça fait trop longtemps que c’est une excuse. Si l’on compare les résultats des deux pilotes sur chaque Grand Prix, Joan Mir n’a battu Luca Marini qu’à cinq reprises, contre quatorze dans le sens inverse. En Sprint, Marini mène 10 à 7. Vous pensez peut-être qu’en qualifications, il y a eu un large avantage Mir, en raison de cette fameuse vitesse ? Mir le devance oui, mais dix à neuf seulement, c’est très serré. Si l’on compare les abandons, Mir est logiquement devant, et cette fois, largement : 19 à 3 en comptant les Sprints ! Plus généralement, on a pu voir, à de nombreuses reprises, Marini figurer devant Mir (et Zarco!) lors des courses, bien avant que l’Espagnol ne tombe. C’est une victoire totale de Marini.

Quand on compare la progression de Marini et de Mir à motos égales… il n’y a pas photo. Photo : HRC
Cela fait maintenant plusieurs années que je n’arrive plus à trouver d’arguments pour défendre Mir. Il compte deux podiums dans une ère où tous les pilotes peuvent le jouer (13 sont montés sur la boîte cette année), mais ça n’est plus un facteur déterminant. Ça ne suffit pas à rattraper une saison aussi pauvre.
Conclusion
Revenons au titre de cet article. Oui, je pense que Joan Mir joue avec le feu et se trompe, sur deux plans. Premièrement, je pense que sa philosophie de la course n’est pas adaptée au MotoGP moderne et ne séduirait pas beaucoup d’équipes sur la grille. Il ne se rend pas service en tombant aussi souvent. Deuxièmement, sur le plan physique. Après autant de chutes, c’est un miracle qu’il s’en sorte indemne, dans une époque où les machines sont si dangereuses qu’un seul accrochage avec un autre pilote peut vous envoyer à l’hosto six mois.
Malheureusement, comme c’était le cas pour Marc Marquez, la dure loi du sport ne fait pas de cadeaux avec ceux qui poussent fréquemment au-delà de leurs capacités ou de celles de leur monture. J’espère sincèrement qu’il changera d’approche en 2026 et redeviendra ce monstre de régularité qu’il était en 2021 – sa meilleure saison –, en grande partie pour sa bonne intégrité physique.
Je suis curieux de savoir ce que vous avez pensé de la saison de Joan Mir. Dites-le-moi en commentaires !
Pour rappel, cet article ne reflète que la pensée de son auteur, et pas de l’entièreté de la rédaction.

Il a du potentiel oui… et encore, il est champion du monde de MotoGP ! Photo : HRC
Photo de couverture : HRC




























