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MotoGP F1

C’est le sujet du moment. Liberty Media, propriétaire du Formule One Group, est en passe d’acquérir Dorna Sports et les droits d’exploitation de notre sport. Problème ; je ne pense pas que la F1 soit compatible avec le MotoGP, et la vision du groupe américain, encore moins. Depuis hier, je prends position sur le sujet. Dans un premier volet, j’ai longuement détaillé ce qui pourrait advenir du MotoGP et les grandes conséquences que cela pourrait avoir sur notre passion. Sa lecture est vivement recommandée pour comprendre les tenants et aboutissants de ce papier, alors cliquez ici si vous ne l’avez pas vu.

Hier, j’ai étudié les deux principaux problèmes liées à la philosophie même de Liberty Media, à savoir, la multiplication excessive des contenus liés au MotoGP (Grands Prix, réseaux sociaux…), ainsi que l’américanisation qu’avait subi la F1, et donc, que pourrait à son tour endurer le championnat du monde moto. Ces deux thématiques incarnent les deux axes de changement qui ont transformé la Formule 1 de 2017 à nos jours. Mais ce n’est pas tout. Aujourd’hui, je vais aborder d’autres points, moins importants, certes, mais potentiellement tout aussi embarrassants.

 

Gardons nos circuits

 

Les enceintes des circuits sont les détentrices de l’âme des sports mécaniques. Le MotoGP ne fait pas exception à la règle. Assen, le Mugello, Le Mans, Misano… autant de joyaux qui nous offrent, année après année, un spectacle saisissant. Liberty Media, de concert avec la FIA, a largement étendu son éventail de circuits de Formule 1. Disons que ce n’est pas illogique. Désormais, le produit « F1 » est tellement important que tout le monde se l’arrache, et peu l’emportent. Grosso Modo, les pays du golfe et les États-Unis ; deux superpuissances au soft power démentiel capables d’imaginer des tracés aussi tape à l’œil qu’inintéressants ex nihilo.

 

 

Rien qu’en 2024, la F1 comptera cinq Grands Prix dans des pays du proche et du moyen-orient (Bahreïn, Arabie Saoudite, Azerbaïdjan – que j’inclus en raison de la proximité géographique et des moyens démesurés, dont l’origine est proche des pays cités précédemment, Qatar et Émirats Arabes Unis). Ajoutez à cela trois courses aux États-Unis (Miami, Las Vegas et Austin), et vous avez le cocktail parfait selon Liberty Media.

Non pas que ces pays ne méritent pas des courses, car ils sont tout à fait légitimes. Après tout, le Qatar est un rendez-vous incontournable en MotoGP. Mais force est de constater que les critères de création de circuit en F1 balayent totalement les 74 années d’existence du championnat. Jeddah, Yas Marini ou le Las Vegas Strip Circuit sont dénués d’âme. Mais ils existent. Pourquoi ? Car il faut qu’ils rendent bien à la télé, si possible de nuit, avec des lumières de partout. Afin qu’ils incarnent aussi la fête, comme s’il suffisait d’ajouter deux yachts et trois concerts pour invoquer l’esprit de Monaco.

 

MotoGP F1

75 ans pour arriver à un rachat de Liberty Media. Aïe. Photo : Michelin Motorsport

 

Liberty Media boude des monuments comme Hockenheim ou le Paul Ricard pour se rapprocher des villes, afin d’occuper l’espace qui intéresse les annonceurs. Dès 2026, un Grand Prix de F1 sera organisé au cœur de Madrid, ce qui conduira sans doute, à moyen terme, à la mort de Catalunya. Il est plus difficile de faire un circuit en ville pour des motos en raison des dégagements nécessaires, mais restons sur nos gardes. Retirer Valence, Silverstone ou d’autres mythes reviendrait à affaiblir le poids historique du Continental Circus.

 

Les homélies

 

Voici un autre sujet sensible, qui va de pair avec l’américanisation étudiée en première partie. Les grandes entreprises États-uniennes sont très sensibles aux causes récentes, et les défendent corps et âme. L’écologie, l’antiracisme, l’inclusion et la défense des causes LGBT sont autant de valeurs que véhiculent Liberty Media. Je n’y vois ici rien de mal, c’est même une bonne chose. Sauf que comme souvent, cela est présenté de manière « américaine », comprenez avec excès, sans cesse, et parfois de manière hypocrite.

Je ne rentrerai pas dans un débat politique parce que ce n’est pas le sujet, mais le MotoGP a toujours réussi, mieux je le trouve, à aider ces causes de manière discrète, sans empiéter sur le spectacle purement sportif. En F1, c’est mélangé, à tel point que je la trouve contradictoire. Il est tendancieux d’à la fois créer une campagne de publicité pour un bilan carbone nul d’ici six ans (ou projet « F1 Net Zero 2030 »), et en même temps, faire le trajet USA-Mexique-Brésil-USA en un mois.

Le MotoGP, comme la F1, pollue. Alors peut-être faudrait-il se concentrer sur la réduction des émissions sans donner l’impression de faire de la morale politicienne aux spectateurs, qui eux, veulent simplement se divertir. Malheureusement, ces procédés sont solidement ancrés dans tous les sports outre-Atlantique, alors qu’on y avait échappé jusqu’à maintenant en MotoGP.

 

Le nerf de la guerre

 

Je finirai par ce point. Finalement, il réunit tous les précédents. Pourquoi Liberty Media fait tout ça ? Pour faire grossir le Formula One Group, d’ailleurs coté en bourse, et ça marche. Depuis son rachat par la société américaine, la F1 a explosé. Voici d’ailleurs le seul avantage que je vois à une reprise du MotoGP. En est-ce vraiment un ?

C’est une idée à contre-courant que j’ai toujours défendu lors de débats face à de récents fans de F1. Pourquoi se vanter d’une plus grande popularité si c’est en échange d’un moins bon spectacle ? Liberty Media paye-t-il les impôts de certains ? Qu’est ce que je gagne, en tant que spectateur, à l’augmentation des recettes du Formula One Group ? Rien du tout.

Selon moi, Dorna Sports a trouvé le bon équilibre entre le spectacle et l’attractivité. J’aime le championnat comme il est de nos jours, et je ne cède pas au sempiternel « c’était mieux avant ». Alors, pourquoi vendre ? Pourquoi en vouloir toujours davantage, pourquoi ne jamais se contenter d’un résultat plus que satisfaisant ? Mon cœur de le passionné ne le comprend pas, mais c’est ainsi.

 

Pecco est le pilote le plus éloigné de la philosophie Liberty Media. Plus encore qu’un Kimi Räikkönnen, qui, en plus d’être discret, n’hésitait pas à pousser des coups de gueule. Photo : Michelin Motorsport

 

Conclusion

 

Il est temps de mettre fin à cette analyse longue de deux jours. Finalement, tout ne se résume qu’à une chose ; l’argent. Comme l’a très justement dit Max Verstappen, ce n’est pas dans les travées vides du circuit de Las Vegas que se trouve la passion. Difficile de trouver des points positifs à ce rachat quand l’on sait que Liberty Media tentera, sans doute, d’essorer le MotoGP jusqu’à la dernière goutte, nous le mettre en pleine face, non sans y ajouter ses idées progressistes de façade au lieu de se battre réellement pour la cause. Le seul avantage que j’y vois pèse malheureusement plus lourd que tous les inconvénients. Le MotoGP va s’exporer aux USA, peut-être dans les pays du golfe, et certains vont s’enrichir. Bagnaia et Binder, malgré eux, vont devenir des stars tendance. Mais qu’avons-nous à y gagner, nous ? Pas grand-chose, je le crains.

Croyez-moi sur parole ; si cela ne se passe pas comme je l’imagine, je serai le premier à avouer mon erreur. Mais au vu de l’évolution de la Formule 1, discipline que j’aimais tant et dont je respecte infiniment la riche histoire, j’ai peur que l’avenir me donne raison.

Qu’en pensez-vous ? Votre avis compte, plus que jamais. N’hésitez pas à m’en faire part en commentaires !

 

MotoGP F1

Spectacle ne rime pas nécessairement avec excès. Marquez est passionné, au point de quitter Honda Repsol pour Gresini Racing, juste pour gagner. Il est très spectaculaire, mais ne rentrerait absolument pas dans le moule Liberty Media. Photo : Michelin Motorsport

 

Photo de couverture : Michelin Motorsport. La présence de Marc Marquez n’est qu’un hasard. Juste, j’avais la même expression quand j’ai découvert la nouvelle concernant le rachat.

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