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Fabio Quartararo podium

Cinq cents jours plus tard, Fabio Quartararo est de nouveau sur le podium ! Le Français nous a sorti un week-end monstrueux, et je suis assez fier de vous dire que j’avais prédit son retour aux affaires pour le Grand Prix d’Espagne dans la preview parue jeudi dernier. Ainsi, il est difficile de parler de surprise, car tout portait à croire qu’il allait y arriver. Que retenir de sa prestation ?

 

Sur un tour, peu font mieux

Selon moi, le meilleur moment de son GP n’était pas la deuxième place acquise le dimanche, mais bien sa pole position, la première depuis 2022. Je ne minimise pas l’importance de son podium, mais ce tour était simplement fou. D’une propreté magistrale, Fabio Quartararo a raflé la mise face à deux des meilleurs pilotes de l’histoire en qualifications, à savoir, Pecco Bagnaia et Marc Marquez. Il ne faut pas oublier que Fabio est dans cette discussion : j’ai toujours pensé que c’était sa meilleure arme, et c’est là qu’il m’a le plus régalé depuis son arrivée en MotoGP début 2019. Pas en course, pas en Sprint, mais en Q2, quand le seul objectif des douze héros en piste est de faire le meilleur temps. Il s’agissait de sa 17e pole en MotoGP ; seulement 15 pilotes comptent plus de réalisations que lui depuis 1949, alors que cela fait bien deux ans que son matériel ne lui permet pas de se battre devant le samedi. C’est très fort.

 

Fabio Quartararo podium

« El Diablo » reste très réaliste quant aux problèmes de la YZR-M1. Photo : Michelin Motorsport

 

De plus, c’est la première qui échappe à Ducati depuis le Grand Prix du Japon l’année dernière, où Pedro Acosta s’est élancé depuis la première place. Seulement huit pole positions ont échappé à la firme de Borgo Panigale depuis début 2023, c’est extrêmement peu.

 

Une erreur légitime

 

Quelques minutes après le début du Sprint, Quartararo a chuté, au moment où il s’est fait dépasser par Marc Marquez. Il confia, plus tard, qu’il soutenait un rythme de qualifications, et je ne crois pas qu’on puisse retenir cette erreur contre lui. Si « El Diablo » ne pousse pas quand il a l’opportunité de retrouver la victoire, alors, quand le fera-t-il ? À en croire certains, il aurait dû assurer les points ! Évidemment, un compétiteur de sa trempe n’allait pas adopter une approche conservatrice dans ce contexte, et heureusement d’ailleurs. Son premier tour était très bon et j’ai adoré sa réponse à Marc Marquez dans les premiers virages. Du grand art.

 

Une course tranquille… ou presque

 

Puis, vint le Grand Prix, plus tranquille, même si Pecco Bagnaia demeurait une menace constante. Il ne pouvait pas se permettre de relâcher son effort, mais, en même temps, je n’ai pas retrouvé ce Pecco si incisif que j’aime tant. À trois tours de la fin, il s’est rapproché à trois dixièmes, mais a immédiatement reculé, sans doute résigné. Quartararo a fini à sa place, où son rythme l’a emmené. À vrai dire, il ne pouvait rien faire contre Alex Marquez – surtout après ce dépassement musclé dans le virage n°1 –, donc cette deuxième place est tout à fait méritée.

 

 

Je tiens encore à le féliciter, car, comme l’a dit Bagnaia, battu par son ancien rival, Quartararo n’a pas une moto à la hauteur de la Ducati.

 

Pourquoi ce n’était pas une surprise

 

Outre les arguments contextuels précédemment détaillés dans un autre article, il ne faut pas oublier que les constructeurs japonais ne courent pas avec les mêmes règles que les autres. C’était le propos du PDG de Ducati Corse Claudio Domenicali, certes, mais cela n’en fait pas un mensonge pour autant. Yamaha et Honda peuvent encore faire courir des pilotes de développement, mais aussi, travailler activement sur le moteur, ce que n’ont plus le droit de faire les Européens. C’est là une différence fondamentale dans l’approche et c’est pourquoi j’appelle tout le monde à ne pas se réjouir trop vite. Cette « remise en jeu » des Nippons est, d’après moi, quelque peu artificielle. Je pense qu’il faudra attendre 2027 pour savoir si, oui ou non, les Japonais sont encore dans le coup.

 

Fabio Quartararo podium

Il est le seul à s’illustrer. Jack Miller n’est déjà plus aussi incisif que sur les premières courses. Photo : Michelin Motorsport

 

Mais d’un autre côté, je suis d’accord avec Marc Marquez : le retour de ces marques au premier plan est une bonne chose pour le championnat. J’aimerais juste que les lecteurs éclairés prennent conscience de cette différence majeure qui régit la hiérarchie.

 

Qu’imaginer pour la suite ?

 

Joan Mir, samedi soir, affirmait que Quartararo avait ses circuits, et qu’il pouvait encore avoir du mal ailleurs. Je partage ce point de vue, et même si j’ai pronostiqué un excellent week-end de Quartararo, je ne me risquerais pas à réitérer pour toutes les autres manches. Jerez est peut-être sa meilleure piste en MotoGP, là où il a triomphé par deux fois – et ça aurait dû faire trois en 2021. L’année passée, il avait terminé troisième du Sprint avant de recevoir une pénalité pour pressions non conformes. Cela n’avait pas empêché Yamaha de faire une saison somme toute décevante.

Je ne désire pas spécialement endosser le rôle du rabat-joie de service, mais je crois qu’il est encore trop tôt pour parler de progrès confirmés. De plus, seul Quartararo surnage, et il ne faut pas oublier que le début de saison de Yamaha, avant Jerez, était statistiquement le pire de son histoire en MotoGP. Si la dynamique se poursuit ainsi pendant quelques mois, alors, je serai le premier à l’évoquer, mais attendons un peu avant de s’enflammer.

Qu’avez-vous pensé de Fabio Quartararo ce week-end ? Dites-le-nous en commentaires !

 

Ça fait plaisir ! Photo : Michelin Motorsport

 

Photo de couverture : Michelin Motorsport

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