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Pecco Bagnaia

Toujours pareil. Au Mugello, Pecco Bagnaia n’a pas pu rivaliser avec les frères Marquez, le samedi comme le dimanche. À bien des égards, cette défaite était pire que les autres au vu du contexte. L’Italien, qui ne peut plus réellement viser le titre, est à un tournant de sa carrière. Voici pourquoi.

 

Décevant

 

Vous le savez si vous suivez cette chronique : j’admire beaucoup Pecco Bagnaia. Je trouve qu’il fut un champion valeureux en 2022 et 2023, et qu’il méritait le titre 2024. Cependant, je dois reconnaître que je suis déçu par son début de saison. Alors, oui, j’ai déjà beaucoup écrit là-dessus, et j’entends ceux qui le défendent, car des arguments existent. Mais plus les semaines passent, plus ceux-ci sont maigrissent. Exemple : « Il ne se fait pas à la Ducati Desmosedici GP25 ». C’est factuellement vrai, car indépendamment des résultats de Marc Marquez, il est beaucoup moins fort que les autres années.

 

Pecco Bagnaia

Lui qui était si beau à voir rouler sur les montagnes toscanes… Photo : Michelin Motorsport

 

Mais attendez. L’adaptation n’est-elle pas la marque des très grands pilotes ? Marc Marquez n’a-t-il pas la même moto ? Et quid de Fabio Di Giannantonio, plus performant le dimanche au Mugello sur un circuit où Bagnaia était invaincu depuis 2022 ? Il a des problèmes qui n’ont rien à voir avec les frères Marquez, mais c’est à lui de les résoudre, de s’adapter, de passer outre. C’est ce qui différencie les champions des légendes, voilà tout. Au bout d’un moment, comment ne pas être déçu d’un week-end comme celui qu’il vient de proposer au vu de la différence de vitesse avec ses concurrents ? N’a-t-on pas le droit de reprocher à un triple champion du monde d’être totalement méconnaissable ?

En cela, il me fait un peu penser à Jorge Lorenzo, qui avait de terribles périodes d’absence. La seule différence, c’est que ces trous d’air sont arrivés assez tard dans sa carrière (2014 fut sa première saison décevante), et qu’il s’est toujours relevé aux côtés d’un Valentino Rossi qui prenait beaucoup de place dans le box Yamaha. Là, Pecco est juste battu, sans aucun motif d’espoir. On disait de Lorenzo qu’il ne performait que lorsque toutes les conditions étaient réunies ; je ne crois pas qu’en 18 courses disputées en 2025, Sprints compris, Bagnaia n’ait pas eu une seule occasion de briller.

 

 

Pecco Bagnaia est battu

 

J’adore analyser le langage corporel des pilotes, et ce que j’ai vu au Mugello m’a alerté. Pour rappel, suite à sa chute en Allemagne lors de la saison 2022, il avait poussé une gueulante dans le box, lui permettant de sonner la charge et d’entamer la plus belle remontée de l’histoire du sport motocycliste. Là, il n’est même plus énervé : il est juste battu, comme en témoignait son douloureux haussement d’épaules à l’arrivée du GP. Je vous invite également à revoir la tête de Dall’Igna lorsque Di Giannantonio est passé, ainsi que les faces décomposées de sa sœur Carola et de sa femme Domizia dans les derniers instants.

C’est comme s’il s’était déjà résigné, qu’il sait qu’il ne trouvera aucune solution. Selon moi, ses tentatives répétées en début de course étaient insignifiantes, et n’impressionnaient pas du tout Marc Marquez. Il savait que ça n’allait pas le faire et a tout tenté pour jouer au mieux la carte de la surprise, et cela se traduisait par de l’attaque à outrance. Mais quelques tours plus tard, sa réalité l’a rattrapé.

 

Assen ou rien ?

 

Imaginer Bagnaia vainqueur au Mugello était loin d’être irréaliste, car c’est à la fois l’un de ses trois meilleurs circuits, et à la fois le pire de Marc Marquez historiquement. En fin de semaine, nous courrons à Assen, une piste où Pecco est tout aussi fort mais où Marquez se défend beaucoup mieux en temps normal.

 

Pecco Bagnaia

Oui, il y a cette victoire à Austin mais celle-ci est éminemment circonstancielle. Et Bagnaia le sait. Photo : Michelin Motorsport

 

Même si je ne crois plus du tout en ses chances de titre, je pense qu’il doit absolument s’imposer dans la cathédrale pour son bien. S’il laisse passer cette chance pour d’enfin battre Marc Marquez sur la piste – ce qui n’est encore jamais arrivé en 16 épreuves, c’est dingue –, alors il entamera le doublé Sachsenring-Brno au plus mal. Et là, Marquez ne fera aucun cadeau. Si la saison finit ainsi, son héritage sera forcément entaché car je suis désolé de le dire : son exercice 2025 n’est pas au niveau de son talent, pas au niveau de ce qu’il a déjà montré par le passé. Continuons dans la science-fiction quelques instants : si cette année se termine comme je le prédis, il devra entamer la saison 2026 dans cette terrible dynamique, toujours avec Marc Marquez en coéquipier champion. Ce dernier aura, peut-être, totalement acquis à le management Ducati sa cause et donc la légitimité nécessaire pour imposer la direction à suivre sur le plan technique, ce qui sera d’autant plus dur pour Bagnaia.

Tout cela n’est que supposition, bien sûr, mais c’est un scénario malheureusement assez probable au vu de la dynamique actuelle. Je dois vous avouer que je suis assez pessimiste à son sujet, car Di Giannantonio semble avoir trouvé un réglage qui lui convient et a le talent pour devenir très dangereux lui aussi. Attention à ne pas se laisser cueillir, car il lui deviendrait carrément difficile de justifier sa place d’officiel Ducati. On sait combien le MotoGP va vite, et pas que sur la piste.

Je suis curieux de savoir ce que vous pensez de Pecco Bagnaia et de son début de saison. Dites-le-moi en commentaires !

 

Après Jerez, j’écrivais un article concernant son bilan statistique, car celui-ci n’est pas si mauvais du tout. Mais pour gagner, il faut autre chose. Photo : Michelin Motorsport

 

Photo de couverture : Michelin Motorsport

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