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Australie

C’est une nouvelle qui fait l’effet d’un coup de tonnerre chez les fans de MotoGP : Phillip Island entre dans la dernière année de son contrat, sans la moindre garantie d’avenir. Le mythique circuit australien n’est assuré d’accueillir qu’une seule course supplémentaire, en 2026. Après cela, tout reste à écrire — ou à effacer.

Face à cette incertitude, l’inquiétude est déjà bien réelle en Australie. Une pétition a été lancée par les autorités locales pour tenter de sauver le Grand Prix, symbole sportif mais aussi moteur économique majeur pour la région de Bass Coast. Selon des études récentes citées par le conseil du comté, l’événement génère près de 50 millions d’euros de retombées directes, un chiffre difficilement remplaçable pour l’économie locale.

Phillip Island n’est pas un circuit comme les autres. Pour beaucoup de pilotes et de supporters, c’est l’un des tracés les plus spectaculaires du calendrier, un ruban d’asphalte exposé aux vents, rapide, fluide, brut. Un circuit qui sent le MotoGP à l’ancienne.

Mais ce caractère unique est aussi devenu son talon d’Achille. Ces dernières saisons ont mis en lumière des problèmes récurrents : conditions météorologiques extrêmes et imprévisibles, dégradation excessive des pneus, interventions inhabituelles…

En 2023, la situation avait atteint un point critique, obligeant les organisateurs à déplacer la course principale au samedi et à annuler la course sprint, un scénario impensable sur d’autres circuits du championnat. À cela s’ajoutent des contraintes logistiques singulières, comme la faune locale perturbant régulièrement les séances d’essais.

Dans un MotoGP de plus en plus normé, sécurisé et calibré pour la diffusion mondiale, Phillip Island apparaît désormais comme un joyau difficile à maîtriser.

C’est dans ce contexte qu’une rumeur prend de l’ampleur dans le paddock : le MotoGP envisagerait de quitter Phillip Island pour s’installer à Melbourne, sur le circuit semi-urbain d’Albert Park, déjà utilisé par la Formule 1.

Aldeguer Australie Motogp 2025

La question de Phillip Island dépasse largement l’Australie. Elle touche à l’identité même du MotoGP

L’idée n’est pas anodine. Albert Park offre une infrastructure moderne, une localisation urbaine attractive et une exposition médiatique considérable. Le tracé, bien que semi-urbain, dispose de zones de dégagement relativement larges, même si certains secteurs nécessiteraient des adaptations pour répondre aux exigences spécifiques du MotoGP.

Cette hypothèse s’inscrit parfaitement dans la vision récemment assumée par Carmelo Ezpeleta, PDG de Dorna, qui a exprimé sa volonté d’emmener le MotoGP vers des circuits urbains ou semi-urbains ayant déjà accueilli la Formule 1. Une stratégie claire : moderniser l’image du championnat, le rapprocher des grandes métropoles et séduire un nouveau public.

Les premiers indices concrets de cette orientation pourraient d’ailleurs apparaître très prochainement, notamment lors des annonces attendues à Kuala Lumpur.

Et nous voilà face à cet éternel combat de la tradition contre la modernité. Le dilemme est cruel. D’un côté, Phillip Island, circuit iconique, chargé d’histoire, aimé pour son imprévisibilité et son authenticité.

De l’autre, Albert Park, symbole d’un MotoGP plus urbain, plus lisse, plus compatible avec les exigences commerciales modernes.

La question dépasse largement l’Australie. Elle touche à l’identité même du MotoGP : faut-il préserver coûte que coûte ses circuits légendaires, quitte à composer avec leurs contraintes, ou accepter qu’un championnat mondial évolue au rythme des impératifs économiques et médiatiques ?

Pour l’instant, une seule certitude : Phillip Island est en sursis. Si aucune solution n’est trouvée, le circuit pourrait disparaître du calendrier à partir de la saison 2027. Une perte immense pour les puristes, mais peut-être un sacrifice jugé nécessaire par les décideurs.

Le MotoGP devra bientôt trancher. Et ce choix dira beaucoup de ce qu’il veut être demain : un sport ancré dans son héritage… ou résolument tourné vers un avenir plus urbain, plus rentable, plus Liberty Media, et peut-être un peu moins sauvage.

MotoGP d'Australie 2025