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Italiens

C’est un fait ; nos cousins italiens sont nos rivaux, et il fait toujours bon les titiller, amicalement bien sûr. Alors, certes, nous comptons quelques victoires dans la botte, notamment celle de Fabio Quartararo en 2021 dans la plus prestigieuse des catégories. Mais hormis cet exploit, les résultats sont maigres en comparaison des autres localités visitées par le Championnat du monde. Sauf pour une année. Rétrospective.

Six. C’est le nombre total de victoires françaises au GP d’Italie depuis 1949, soit moins que la Rhodésie, ou pire pour nous gaulois, la Suisse. À vrai dire, difficile d’y trouver une explication, si ce n’est pour l’abondance de pilotes italiens y ayant participé. Longtemps, l’Italie a dominé les Grands Prix et il est normal d’en retrouver vainqueurs chez eux.

Au moins, nous pouvons les citer pour leur rendre hommage sans que cela ne traîne en longueur. Avant « El Diablo » en 2021, catégorie MotoGP, nous avions entendu la Marseillaise pour Johann Zarco en 2016, année de son deuxième sacre en Moto2, puis il faut remonter à 1993 et Jean-Philippe Ruggia en 250cc. Avant cela, Dominique Sarron avait fait briller le drapeau tricolore dans la même catégorie en 1988.

 

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Ça commence à dater. Photo : Michelin Motorsport

 

Mais en 1981, nous avons bien cru à l’exploit. Les Français étaient plus nombreux qu’aujourd’hui, et nous en comptions de très bons éléments dans toutes les catégories, excepté en 50cc et en 500cc. Le Continental Circus revenait à Monza pour la première fois depuis le drame de 1973, qui coûta la vie à Jarno Saarinen et Renzo Pasolini.

Le Grand Prix d’Italie est lancé. En qualifications, aucun tricolore en pole ; mais nous aimons surprendre. Bon, en 50cc, aucun Français ne pouvait réellement rivaliser avec la légende Ricardo Tormo, bientôt champion du monde. Cependant, c’est dommage qu’Yves Dupont ait été contraint à l’abandon car il était sur le podium une course plus tard, en Espagne.

En 125cc, ce n’est pas la même limonade, mais pourtant, rien ne laissait entrevoir l’exploit. Nous disposions de Guy Bertin, rapide sur Sanvenero, mais qui n’avait pas franchi la ligne lors des trois premières courses. Constat quasi identique pour Jacques Bolle, pilote Motobécane, dont la saison était empreinte d’une irrégularité certaine.

Pourtant, les deux se transcendent. Le dimanche, Ángel Nieto ne peut rien faire face à la puissance hexagonale. Guy Bertin colle 26 secondes à la Minarelli de Loris Reggiani, et Jacques Bolle finit 3e devant le grand Nieto ! Quelle démonstration de nos troupes. C’est simple : il s’agit de la première victoire française en Italie.

Autant, on ne l’attendait pas en 125cc, mais l’on sait que la victoire en 250cc comme en 350cc est à portée. La raison est simple. Nous n’avons nul autre que Jean-François Baldé sur Kawasaki, l’une de nos meilleures chances. Alors que tous les regards sont braqués sur lui, il contre-performe… mais heureusement, un immense Éric Saul prend la relève !

 

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Éric Saul est un pilote plutôt méconnu de la plus jeune génération, et c’est bien dommage.

 

Sur Chevallier/Yamaha (châssis français qui plus est), il s’impose au nez et à la barbe de Maurizio Massiamiani, soit la deuxième victoire d’un bleu devant un Italien en Italie ! Patrick Fernandez, sur Bimota-Yamaha, est 5e, suivi par Baldé, puis Thierry Espié. Plus loin, Christian Estrosi et Jean-Louis Guignabodet, soit six Français dans le top 10 !

Tous espèrent que Jean-François Baldé se ressaisisse en 350cc. Il sort de deux abandons consécutifs et déjà, le titre mondial paraît loin face aux légendes que sont Jon Ekerold et Anton Mang. Une fois de plus, il ne franchit pas la ligne d’arrivée. Patrick Fernandez est tout de même 4e, juste devant Éric Saul qui, décidément, avait mangé du lion. Michel Rougerie clôt le top 10.

Ne nous voilons pas la face ; le podium en 500cc relevait de l’utopie. Face aux « King » Kenny Roberts, Marco Lucchinelli et autres Graeme Crosby, difficile d’exister. Marc Fontan s’élance 5e, mais, malheureusement, il est aussi contraint à l’abandon. L’honneur est « sauvé » par Christian Sarron, 10e, mais la victoire de Roberts signifie aussi qu’aucun Italien n’a été célébré lors de cette journée. Croyez-le ou non, ça n’est pas arrivé si souvent. C’était le cas en 2025, d’accord, avec une magnifique triplette espagnole Quiles/Gonzalez/Marquez, ainsi qu’en 2018, où Jorge Martin, Miguel Oliveira et Jorge Lorenzo s’étaient imposés. On se raccroche à ce qu’on peut après tout.

Aviez-vous connaissance de cette journée historique pour le sport français ? Dites-le-moi en commentaires ! 

 

Marc Fontan a représenté la France dans les catégories les plus prestigieuses au début des années 1980.

 

Photo de couverture : Sunday Ride Classic