Le Brésil est un pays important en sports mécaniques, mais pour autant, peu de pilotes issus de cette contrée ont foulé les circuits du mondial. En Formule 1, et plus généralement, en sport automobile, les Brésiliens sont monnaie courante ; d’Emerson Fittipaldi à Gabriel Bortoleto en passant par Ayrton Senna et Nelson Piquet, ils ont fait la légende de différentes disciplines. Ils sont moins nombreux en motos, et à vrai dire, un seul a réellement brillé jusqu’à maintenant : Alex Barros. Voici son histoire.
Quand il débarque en catégorie 80cc en 1986, Alex est une sorte d’OVNI, qui doit mentir sur son âge tant il est jeune. À seulement 15 ans, il a déjà franchi tous les paliers nationaux, désormais prêt à affronter le monde des grands. Ses débuts pour Rieju puis Autisa, deux marques aujourd’hui oubliées, sont pour le moins discrets.

Ici à Laguna Seca, en 2005, avec Pons Honda.
Ce n’est qu’en 1989 que Barros se fait un nom, engagé par Venemotos Yamaha (l’importateur Vénézuélien, partenaire de Johnny Cecotto à l’époque), en catégorie 250cc. À la suite d’une saison une nouvelle fois discrète pour ne pas dire ratée (18e au général, quatre apparitions dans le top 10), « Baixinho » choque la planète GP en passant immédiatement en 500cc.
Cagiva, en grande difficulté, ne trouve personne pour mettre au point la machine. Barros répond présent et devient ainsi, à 20 ans à peine, le plus jeune pilote à s’élancer en catégorie reine. Doué, il dépasse toutes les attentes et parvient à se hisser dans le top 5 à de nombreuses reprises, durant les trois années passées chez les rouges. En 1992, il profite des chutes et abandons pour monter sur le podium à Assen, un tour de force.
Le brésilien était loin d’être discret. Ainsi, il se fit engager par Suzuki pour la saison 1993, soit un top team jouant la gagne grâce au prodige Kevin Schwantz. L’opportunité est à double tranchant : grâce à cette montée en puissance, il remporte sa première course à l’occasion du Grand Prix de la FIM à Jarama, loin devant son coéquipier… champion du monde. La comparaison est douloureuse. Une fois de plus, Alex profita des chutes de Luca Cadalora et John Kocinski pour s’imposer, donnant raison aux détracteurs, moins bruyants qu’à l’époque des réseaux sociaux cependant.
À n’en pas douter, Alex est alors l’un des plus réguliers, très difficile à doubler, mais il lui manque ce petit plus pour faire la différence le dimanche après-midi. Les pole positions lui font défaut ; il n’en compte que quatre en carrière, soit plus de 15 années au plus haut niveau.
Le jeune prodige a-t-il raté le coche ? En 1995, il repasse chez Honda et change régulièrement d’équipe, se situant de plus en plus vers le milieu de grille. Jusqu’à arriver sous l’aile de Sito Pons. Les deux hommes nouent un lien fort dès le début, qui donne beaucoup de confiance à Alex, encore jeune. Ce goût d’inachevé disparaît peu à peu lors de la saison 2000, quand il engrange ses premières poles et deux nouvelles victoires. Alex termine quatrième du championnat, avec plus de panache qu’auparavant, et des performances hallucinantes.
La machine est lancée. Sur sa NSR500, il est un candidat régulier à la victoire, mais doit souvent céder sa place au nouveau shérif en ville, Valentino Rossi. L’année 2002 est sans doute sa meilleure. En début de saison, Pons est toujours équipé d’une machine deux-temps, mais Barros « fait du Barros », soit des apparitions régulières dans le top 5.

Toujours en 2005, cette fois derrière Nicky Hayden.
La RC211V, première MotoGP Honda, ne lui est délivrée qu’à Motegi, soit quatre courses avant la fin du championnat. C’est le déclic instantané. Barros inscrit quatre podiums, dont deux victoires, se présentant comme un candidat sérieux au titre 2003. Malheureusement, un passage anticipé chez Yamaha Tech3 et des blessures en début de saison éteignent le feu de paille. Il fallut attendre 2005 et un retour chez Pons pour observer Barros à son meilleur niveau. À 35 ans, il remporte le Grand Prix du Portugal, acclamé par la foule.
Non content de sa performance globale, Alex à des envies d’ailleurs. Il débourse près d’une centaine de milliers d’euros pour se financer une saison en Superbike, chez Klaffi Honda, sans grand succès malgré une victoire. Ainsi, il est un des rares à avoir triomphé dans les deux catégories. L’histoire aurait pu s’arrêter là. Mais Barros ne lâche pas comme ça. Une offre de Pramac D’Antin en MotoGP ne se refuse pas pour ce compétiteur hors pair. Sur une Ducati GP7, il donne bonne impression en jouant à égalité avec Loris Capirossi, officiel pour la firme italienne. Notre héros se permet même de monter sur la boîte en Italie devant Casey Stoner !
37 ans, c’est le bon âge pour la retraite. Barros laisse un héritage immense et de nombreux souvenirs. Encore aujourd’hui, il est fréquemment cité comme une référence par des pilotes MotoGP, à l’image de Pol Espargaró, qui lui voue un grand respect. Avant Rossi, il était le détenteur de la majorité des records de longévité, ne l’oublions pas. Merci pour tout M. Barros.
Quels souvenirs vous évoque ce pilote ? Dites-le-moi en commentaires !

Ici en 1992, aux côtés de John Kocinski et Alex Crivillé. Quelle longévité ! Photo : Box Repsol