Tout le monde connaît Giacomo Agostini, légende des sports mécaniques, quinze fois champion du monde des Grands Prix. Beaucoup l’associent, à raison d’ailleurs, à MV Agusta, célèbre firme italienne qui a tout raflé sur son passage pendant de nombreuses années. À la base de cette véritable dynastie, un homme, un Anglais, du nom de Cecil Sandford. Voici son histoire.
Né dans l’ouest de l’Angleterre en 1928, Cecil se prend de passion pour le sport motocycliste avant la Seconde Guerre mondiale, mais d’abord, passe par le grass-track et autres épreuves du genre. Son talent est rapidement décelé au plus haut niveau. En 1950, soit un an après les débuts du mondial que nous connaissons aujourd’hui, il est engagé par la firme britannique AJS. Aux côtés de l’inaugural champion 500cc Leslie Graham, il peine à performer d’entrée en catégorie 350cc malgré un beau résultat sur le Grand Prix d’Uslter.
En 1951, le passage chez Velocette, un autre constructeur anglais, change la donne. Il est enrôlé sur deux programmes, en 250cc ainsi qu’en 350cc. Il se révèle lors des manches suisses et belges, et ne tarde pas à s’affirmer comme l’un des principaux outsiders de ces deux classes, dans des courses comptant pour le championnat, ou non.

Photo : MotoGP
Alors qu’il se montrait à l’aise sur des machines de cylindrée conséquente, il décide de rejoindre MV Agusta pour l’année 1952, en 125cc uniquement. Un choix surprenant, mais aussi motivé par le départ de Leslie Graham chez les Italiens. Et là, sur ce petit quatre-temps si légendaire, c’est la révélation. Victoire au Tourist Trophy, à Assen, et en Ulster ; il domine allègrement la féroce compétition, notamment composée d’un certain Carlo Ubbiali sur FB-Mondial. Il s’agissait des premiers succès pour MV, et, finalement, du premier titre mondial de l’histoire de la firme. Cecil Sandford avait non seulement battu de grands rivaux, mais également, ses coéquipiers dont faisaient partie les pointures Bill Lomas et Guido Sala.
Notre héros remet le couvert en 1953, mais termine cette fois vice-champion du monde. Pas derrière son nouveau collègue Carlo Ubbiali, mais Werner Haas, sur NSU. Cecil Sandford est un peu en retrait sur la saison 1954. Il est fatigué de la préférence de MV Agusta pour son coéquipier Carlo Ubbiali, et décide de mettre les bouts. Désormais, il court en tant que privé sur des Moto Guzzi, bien aidé par son compatriote Fergus Anderson qui lui dégote un engagement « quasi-officiel ». Pas de victoire en 250cc, et pas plus en 350cc, mais toujours un très beau niveau affiché par l’Anglais.
Puis, c’est l’errance. Avec des Mondial en 125cc, sa catégorie de prédilection, et sur une DKW d’usine en 250cc, il prend part à la saison 1956 sans grand succès. Son talent parle pour lui ; Cecil est toujours l’un des meilleurs pilotes du monde, mais le matériel lui manque pour pleinement s’exprimer. Ses bons résultats sur Mondial en 125cc lui permettent, à la fin de la saison, de signer un contrat de trois ans avec les Italiens. À seulement 28 ans, il est encore dans la force de l’âge, avec la volonté de prendre une revanche sur son destin.
Il n’y a plus d’équipe britannique officielle ; les Italiens règnent en maître. Mais cela ne doit pas faire oublier la présence de l’épouvantail MV Agusta dans les quatre catégories les plus prestigieuses. Et surtout, de Carlo Ubbiali. Assigné aux programmes 125cc et 250cc pour MV, il enchaînait les succès comme des perles depuis le départ de Sandford. À l’entame de la saison 1957, il était déjà quadruple champion du monde, avec 10 victoires en 11 apparitions sur la campagne 1956. Un monstre.
L’exercice commence timidement pour Cecil, qui se fait battre à plate couture en 250cc par Ubbiali, son ancien coéquipier. Mais au Tourist Trophy, les FB-Mondial sont au-dessus des MV Agusta ; Tarquinio Provini prend la victoire en 125cc, et Cecil Sandford en quart de litre. Y aurait-il une chance ?
À vrai dire, et malheureusement pour le spectacle, cette saison prend un triste tournant à Assen, au chœur de la cathédrale. Lors des essais, Ubbiali serre. Il chute, et demeure grièvement brûlé ; sa saison est terminée. Pour MV Agusta, John Hartle ne peut contenir à lui seul l’avalanche FB-Mondial. Provini est sacré champion 125cc 1957 au Grand Prix d’Ulster, peu avant Cecil Sandford en 250cc. Il l’a fait ; battre Carlo Ubbiali avec Mondial, exactement ce que n’avait pas réussi à faire ce dernier en 1952. Les rôles s’inversent, et l’histoire finit bien.

Déjà, car Ubbiali ne tarde pas à remonter sur ses motos. Il s’en alla remporter cinq autres titres mondiaux – et porter le total à neuf, avant de nous quitter à 90 ans il y a trois ans de cela. Pour Sandford, c’est différent. Lui a été piégé par le retrait de FB-Mondial à la fin de la saison 1957, comme beaucoup d’autres pilotes. Ne désirant plus continuer en tant que privé, il décida de prendre sa retraite.
Avant son décès le 28 novembre 2023, il était le plus vieux vainqueur encore en vie, et s’était même déplacé à l’occasion du Grand Prix de Grande-Bretagne 2019 pour commémorer le premier titre mondial de MV Agusta !
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